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2 mars 2020

LE DANGER D’UN CHRISTIANISME SANS CHRIST

Mis à jour : 16 mars 2020

Mt 12. 39-45 :

38 Alors quelques-uns des scribes et des pharisiens prirent la parole, et dirent : Maître, nous voudrions te voir faire un miracle.

39 Il leur répondit : Une génération méchante et adultère demande un miracle ; il ne lui sera donné d’autre miracle que celui du prophète Jonas.

40 Car, de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d’un grand poisson, de même le Fils de l’homme sera trois jours et trois nuits dans le sein de la terre.

41 Les hommes de Ninive se lèveront, au jour du jugement, avec cette génération et la condamneront, parce qu’ils se repentirent à la prédication de Jonas ; et voici, il y a ici plus que Jonas.

42 La reine du Midi se lèvera, au jour du jugement, avec cette génération et la condamnera, parce qu’elle vint des extrémités de la terre pour entendre la sagesse de Salomon, et voici, il y a ici plus que Salomon.

43 Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point.

44 Alors il dit : Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti ; et, quand il arrive, il la trouve vide, balayée et ornée.

45 Il s’en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui ; ils entrent dans la maison, s’y établissent, et la dernière condition de cet homme est pire que la première. Il en sera de même pour cette génération méchante.

Pour commencer, nous allons porter notre attention sur la fin du passage que nous venons de lire, principalement les versets 43 à 45. Si nous voulons comprendre ce que Jésus veut nous enseigner ici, nous devons déterminer deux choses :

1. A qui Jésus s’adresse-t-il exactement ?

2. Pourquoi leur parle-t-il ainsi ?

Tout d’abord, qui sont les interlocuteurs du Seigneur et que représentent-ils pour nous ?

Le verset 29 précise leur identité : les scribes et les pharisiens. Pour faire simple, ces individus étaient ce qu’il y avait de plus religieux, de plus pieux et de plus moralistes dans la nation d’Israël à l’époque.

C’étaient des hommes qui croyaient profondément en Dieu, qui étudiaient les Ecritures, qui étaient fidèles dans leurs devoirs religieux : ils allaient au Temple et à la synagogue régulièrement. Ils s’appliquaient à obéir sérieusement aux diverses lois du judaïsme et savaient se discipliner pour mener une vie de piété.

C’était des gens qui n’hésitaient pas à se réformer lorsque leurs actions ne correspondaient pas à l’exigence de leur religion, et qui faisaient tout pour maintenir un haut niveau de moralité et de fidélité à la Parole de Dieu ainsi qu’à leur à leur tradition.

Ils correspondent aux différents groupes de pression qui existent aujourd’hui un peu partout sur terre et qui veulent réformer la société en revenant à des valeurs qui sont censés faire de notre monde un monde meilleure.

Ils militent par exemple contre le mariage homosexuel, l’avortement et la corruption politique. Ils prônent également le retour à l’éthique et aux valeurs chrétiennes. Leur objectif et de transformer positivement les nations, afin d’offrir un monde plus droit, où nos enfants et nous même pourraient vivre en sécurité.

Cette vision influence également de nombreux croyants qui font des efforts sur le plan personnel, afin de témoigner de la vérité de l’évangile par une réforme de leur vie et une application stricte de la morale chrétienne dans leur quotidien.

Nous pourrions penser qu’une telle attitude susciterait l’admiration du Seigneur, mais à notre grande surprise, cela peut provoquer son mécontentement. En effet, il va qualifier ces croyants religieux, sérieux dans leur foi, pieux, engagés et attachés à la morale, de « génération méchante » (v.45), voir même de « génération méchante et adultère » (v.39).

De même que les scribes et les pharisiens étaient des hommes déterminés à se sanctifier, en suivant un code moral et religieux ; de la même façon, il y a aujourd’hui de nombreux croyants qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour obéir à la morale chrétienne, en se préservant des souillures du monde, afin d’obtenir la faveur de Dieu.

Est-ce mal de se préserver des souillures du monde ? Bien sûr que non ! Le problème n’est pas de le faire, mais COMMENT on le fait… Comme les pharisiens d’autrefois, beaucoup de chrétiens cherchent à obtenir une pureté morale et spirituelle en s’imposant des règles de discipline bien précises. Mais ce n’est pas ainsi que notre vie peut être purifiée et glorifier Dieu…Cela nous amène à notre seconde question.

Pourquoi leur parle-t-il de la sorte et qu’est-ce que cela signifie pour nous aujourd’hui ?

Pour montrer son désaccord sur leur façon de vivre leur piété et de vouloir réformer la société par l’obéissance religieuse, Jésus va faire une chose étrange : il met en avant un démon...

Relisons les versets 43 à 45 :

43 Lorsque l’esprit impur est sorti d’un homme, il va par des lieux arides, cherchant du repos, et il n’en trouve point.

44 Alors il dit : Je retournerai dans ma maison d’où je suis sorti ; et, quand il arrive, il la trouve vide, balayée et ornée.

45 Il s’en va, et il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui ; ils entrent dans la maison, s’y établissent, et la dernière condition de cet homme est pire que la première. Il en sera de même pour cette génération méchante.

Qu’est-ce que Jésus veut nous dire ici ?

Tout simplement que lorsqu’une personne s’impose une discipline et une moralité nouvelle, en souhaitant mettre un terme à des comportements néfastes, le démon qui était l’instigateur de ces comportements quitte cette personne.

Nous connaissons certaines personnes – ou peut-être, cela a été notre cas – qui ont abandonné une mauvaise habitude ou une addiction qui les retenaient en esclavage depuis longtemps : l’alcool, le tabagisme, le jeu, la pornographie, etc.

Suite à une prise de conscience ou à un événement particulier, ils ont réussi par un acte de leur volonté et par la persévérance, à se libérer de certains comportements impurs et nocifs. Que s’est-il passé exactement ?

Trois choses doivent être prises en compte :

1) Toute addiction est le résultat d’une oppression de la part d’une entité démoniaque qui a pour mission de détruire la vie humaine. 1 Jn 5.19 dit que : « Le monde entier est sous la puissance du malin ». Cela signifie que l’humanité entière est la cible de satan qui a envoyé ses armées d’esprits impurs pour la corrompre et l’empêcher de vivre une vie pure.

2) Cette oppression démoniaque se situe à un niveau où notre volonté entre en jeu et peut faire la différence selon Gn 4.7 où Dieu dit à Caïn : « Certainement, si tu agis bien, tu relèveras ton visage, et si tu agis mal, le péché se couche à la porte, et ses désirs se portent vers toi : mais toi, domine sur lui ». Ce n’est pas toujours le cas, mais il est parfois possible d’utiliser la force de notre volonté pour résister à l’assaut d’un esprit impur, selon la force que possède ce dernier, ce qui nous conduit à notre 3ème point :

3) Notre capacité à vaincre un esprit impur est en rapport avec la capacité de celui-ci à nous imposer son impureté. N’oublions pas que le monde spirituel est peuplé d’entité ayant des niveaux de puissance différents : certains sont plus faibles ou plus forts que la volonté humaine. C’est pourquoi, quelques fois, nous réussissons à vaincre certaines addictions par notre seule volonté, car le démon qui veut nous l’imposer est assez faible pour être résisté et vaincu, ce qui expliquerait son départ.

C’est exactement ce qui se passe pour le démon que Jésus met en scène ici : il sort de sa victime parce qu’il lui manque de la puissance en face de la volonté humaine de surmonter ses faiblesses. Mais lorsqu’il décide de revenir à l’attaque, il utilise une autre stratégie au v. 45 : il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui.

Donc, nous avons ici l’image d’un individu, croyant ou pas, qui, par suite d’autodiscipline, de piété et de moralité, a réussi à se libérer de l’oppression d’un esprit impur et à surmonter certaines addictions ou comportements non chrétiens.

Ce n’est pas rare, cela arrive plus souvent que l’on croit. Cela se voit autant chez les non chrétiens que chez les chrétiens. Il s’agit de la victoire de la moralité sur l’immoralité, de la pureté sur l’impureté.

Cependant, soyons très attentifs à ce que Jésus dit dans ces 3 versets.

  • Au verset 43, il nous apprend que lorsqu’un démon sort d’un individu, il cherche du repos dans les lieux arides. Quelle que soit la nature de ces lieux arides (les déserts terrestres ou le monde spirituel démoniaque), le démon veut trouver du repos, c’est-à-dire « faire une pause dans sa recherche effrénée pour satisfaire ses convoitises », mais il n’en trouve point. Il faut absolument qu’il assouvisse ses désirs impurs.

  • Au verset 44, Jésus nous dit que le démon, ayant le besoin avide de satisfaire ses convoitises par l’intermédiaire d’un corps, décide de revenir chez celui duquel il était sorti précédemment. Il appelle cet individu sa maison, c’est-à-dire le lieu où il peut habiter.

  • Toujours au verset 44, Jésus déclare que lorsque le démon revient vers son ancienne victime, à sa grande satisfaction, il trouve sa maison « vide, balayée et ornée ».

  • Et enfin, au verset 45, le démon décide de revenir s’y installer, mais par sécurité, il prend avec lui sept autres esprits plus méchants que lui, afin de ne pas être de nouveau chassé.

Quelle leçon devons-nous retenir ?

Le point de Jésus est très simple : une réforme morale (balayée) et une discipline pieuse (ornée) ne suffisent pas, car elles peuvent constituer un terrain favorable (vide) et permettre aux démons de revenir avec plus de force qu’auparavant. Le résultat est que la nouvelle condition du croyant réformée et disciplinée sera pire que son ancienne condition, lorsqu’il était esclave de son addiction.

Si nous nous contentons de nous réformer, de nous discipliner, de nous imposer des règles de piété en accord avec la Bible, nous sommes en danger ! Ce qu’il nous faut, c’est de REMPLIR LE VIDE, et ce vide ne peut être rempli que par la présence vivante de Jésus.

Les problèmes d’addiction et de comportements nocifs dans la vie de nombreux chrétiens, sont dus à un vide spirituel. Bien sûr, ils pratiquent leur christianisme en essayant de plaire au Seigneur par l’obéissance aux commandements de Dieu, mais cela ne suffit pas. Il leur manque l’essentiel : être remplis de la présence de Jésus !

Tout en étant fidèles à la doctrine chrétienne, nous pouvons être coupables d’un christianisme sans Christ. Nous prions, nous louons, nous chantons, nous témoignons de l’évangile, nous exerçons un ministère, nous venons à l’église, nous nous gardons des souillures du monde, etc. mais nous ne développons pas une communion intérieure, intime et profonde avec Jésus.

Il n’a pas accès à notre cœur. Il ne peut pas briser nos résistances internes et inconscientes, il ne peut pas nous montrer noter véritable état et il lui est très difficile de nous amener à changer de manière d’être et de façon de réagir, parce qu’il n’est pas le maître absolu dans notre âme.

Nous lisons la Bible, mais nous ne permettons pas à la Bible de lire dans notre vie et de nous amener à nous soumettre à un programme de formatage spirituel, relationnel, familial et social. Nous continuons, années après années, à nous comporter avec les mêmes vieux schémas destructeurs.

Quand les choses ne changent pas autour de nous, dans notre vie, cela signifie que c’est nous, à l’intérieur, qui devons changer ! Et cela n’est possible que si nous laissons Jésus faire. C’est ce l’apôtre Paul a découvert dans Ro 7.21-25 :

21 Je trouve donc en moi cette loi : quand je veux faire le bien, le mal est attaché à moi.

22 Car je prends plaisir à la loi de Dieu, selon l’homme intérieur ;

23 mais je vois dans mes membres une autre loi, qui lutte contre la loi de mon entendement, et qui me rend captif de la loi du péché, qui est dans mes membres.

24 Misérable que je suis ! Qui me délivrera du corps de cette mort ? …

25 Grâces soient rendues à Dieu par Jésus-Christ notre Seigneur ! …

Sans entrer dans une explication détaillée de ce texte, nous noterons que Paul parle ici de son état en tant que chrétien, et non avant sa conversion. La preuve, c’est qu’il parle au présent !

Il connaissait les mêmes combats que tous les chrétiens dans leur lutte contre le péché et les addictions. Il déclare vouloir bien agir, mais il est conscient qu’il n’en est pas capable par lui-même. Il se demande comment remporter la victoire et finit par comprendre que ce ne sera que « par Jésus-Christ », c’est-à-dire dans une union pratique et réelle avec lui.

Ramenons Jésus à la place qui lui revient dans notre vie : c’est-à-dire ne pas seulement croire en lui, mais vivre dans la communion vivante avec sa personne.

C’est pourquoi, lorsqu’au verset 38, les scribes et les pharisiens demandent à Jésus un miracle, il leur répond qu’ils n’auront pas d’autre miracle que celui du prophète Jonas.

Il se sert de Jonas comme un type de ce qu’il fera pour sauver l’humanité : mourir à la croix et passer trois jours dans le séjour des morts, puis ressusciter pour que l’évangile de la réconciliation avec Dieu soit prêché.

Il prend l’exemple des Ninivites auxquels Jonas a proclamé le pardon de Dieu, et qui se sont repentis, puis celui de la reine du Midi qui ayant entendu parler de la sagesse du roi Salomon, est venu le rencontrer en personne, pour informer les moralistes, les hommes pieux et religieux qui étaient devant lui, qu’ils n’échapperont pas au jugement, parce qu’ils ont en face d’eux plus que Jona et Salomon.

Et pourquoi seront-ils jugés ? Parce qu’ils se contentent de moralité, de piété et de pratique religieuse pour réformer leur vie, mais qu’ils la laissent vide de sa présence et qu’ils permettent aux démons de revenir s’installer en eux.

Ces scribes et ces pharisiens sont l’image des chrétiens sans Christ, sans sa présence active et vivante, se contentant d’une adhésion morale. Réfléchissons-y…

Que notre prière soit : « Jésus, je veux te connaître. Jésus, je veux vivre de ta présence. Jésus, viens remplir ma vie, car toi seul peut la transformer. Aucun programme, aucune discipline, aucun homme, aucune église ne peut changer ma vie, c’est seulement par la plénitude de ta présence que cela arrivera. »

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