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DEMAIN : LA FIN DE NOTRE CIVILISATION – 1ère Partie

On entend régulièrement parler de la fin du monde dans les milieux chrétiens, comme dans d’autres religions d’ailleurs. C’est un thème qui intrigue, inquiète ou passionne...

Mais pour la plupart des gens, cela reste quelque chose d’assez flou, voire d’hypothétique, assez lointain, et de toute façon très éloigné de leurs préoccupations quotidiennes. Les études sociologiques montrent que ceux pour qui aborder cette question est anxiogène, réagissent massivement par le déni : soit les événements se produiront dans un futur qui ne les concerne pas, soit le génie humain aura trouvé d’ici là des solutions technologiques (géo-ingénierie, déménagement sur une autre planète, etc.).

Pour ceux qui veulent voir la réalité en face, prévoir l'avenir pour mieux s’y préparer peut se faire de 2 manières, la première qui relèverait de la “divination”, et la seconde d’une démarche prospective qui consiste à élaborer des scénarios possibles ou probables fondée sur l'analyse des données disponibles écologiques, économiques, sociales et technologiques du passé et du présent.

C’est cette seconde option que nous avons choisie pour parler de la fin de notre monde -celui que nous connaissons et dans lequel nous sommes assez confortablement installés- et dire qu’elle est pour demain.

Pour illustrer notre propos, prenons l’exemple d’une famille qui nous servira de fil rouge tout au long de cet exposé, qui dispose de 100.000 euros d’économies sur son compte en banque et dont le revenu familial est de 2000 euros par mois.

Si cette famille vient à dépenser ses 2000 euros mensuels entre le 1er et le 15 du mois (nourriture, logement, voiture, impôts, loisirs…), elle va inévitablement puiser dans ses économies.

En faisant un petit calcul rapide, on s’aperçoit qu’au bout d’un peu plus de 4 ans seulement, en ne changeant pas de style de vie entre le 15 et la fin du mois, cette famille aura vidé toutes ses économies et ne pourra plus faire face à ses dépenses vitales.

Je vous laisse imaginer la suite…

Pour notre terre, c’est la même chose. Nous vivons -bientôt 8 milliards d’êtres humains- à la surface d’une planète “finie”, un ensemble clos où rien ne vient de l’extérieur (le cosmos) et d’où rien ne sort (à part quelques sondes et satellites) !

Les économies, ce sont les ressources disponibles renouvelables (eau, terres arables, forêts, poissons, etc.) et non renouvelables (pétrole, gaz, charbon, minerais, sable, métaux rares, etc.).

Ce qui est qualifié de “renouvelable” ne reste renouvelable que tant que l’humanité respecte les seuils de renouvellement de ces ressources, c’est-à-dire tant que leur exploitation ne devient pas une surexploitation qui érode leur capacité à se renouveler.

Les dépenses correspondent à “l’empreinte écologique”, c'est-à-dire la totalité de ce que les humains utilisent sur la Terre pour déboiser, cultiver, construire, pêcher, extraire des matières premières et brûler des énergies fossiles.

Les revenus mensuels correspondent à la “biocapacité”, qui représente la surface de la planète nécessaire pour faire face aux besoins, exigences et pressions humaines sur l’ensemble des écosystèmes.

Au 1er août 2018, l'humanité a effectivement dépensé l'ensemble des ressources que la Terre peut régénérer en une année, soit pour l’année 2018 (sans tenir compte du cumul des années précédentes). C'est le “Jour du Dépassement”.

Depuis les années 1970, la date du Jour du Dépassement se dégrade. En 1998, elle avait lieu le 30 septembre. En 2018, elle arrive 2 mois plus tôt : le 1er août.

En 7 mois, nous avons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres et récolté plus que ce que la nature peut nous fournir en une année, et nous avons émis plus de carbone -et autres polluants- que ce que les océans et les forêts sont en mesure d’absorber.

Autrement dit, pour les cinq mois de l'année qui restent, l'humanité va surexploiter les ressources disponibles à la surface de sa planète.

Cette surexploitation des ressources naturelles est une des causes de la fin programmée de notre monde (I) dont le processus passe par un dérèglement environnemental et un désordre des circuits financiers (II).

Des scientifiques ont souligné que la planète a quitté l’ère géologique de l’Holocène pour entrer dans l’Anthropocène, nouvelle ère où le principal facteur impactant l’évolution planétaire est l’action transformatrice de l’homme.

A partir de 1972, des chercheurs du MIT, sollicités par le Club de Rome (Europe) ont anticipé et averti d’un Effondrement systémique de notre civilisation, si rien ne changeait (III).

Et rien n’a changé, la fuite en avant du consumérisme s’est poursuivie, de sorte que nous devons aujourd’hui nous préparer à vivre notre quotidien autrement (IV).

Nous vous encourageons à lire le Rapport MEADOWS publié en 1974 et actualisé 30 ans après : “Les limites à la croissance dans un monde fini”, un document analytique dont la pertinence est reconnue plus de 40 ans après sa 1ère édition.


I – LES CAUSES DE L’EFFONDREMENT

La principale cause de l’effondrement de notre monde (notre civilisation consumériste telle qu’on la connaît aujourd’hui), c’est notre empreinte écologique, autrement dit notre mode de vie qui a inévitablement un impact destructeur sur notre terre.

L’empreinte écologique de l’homme est plus importante dans les pays riches que dans les pays pauvres. Si tout le monde vivait comme les Américains, il faudrait 5 ou 6 planètes comme la nôtre pour répondre aux besoins de l’activité humaine pour une année.

Faisons aussi un retour dans le passé pour mieux comprendre comment l’activité humaine dégrade irrémédiablement notre monde.

De sociétés locales à dominante agricole et artisanale jusqu’au XIXème siècle, on est passé à un monde industriel et commercial globalisé.

Avec la grande révolution industrielle qui a eu lieu au cours du XIXème siècle grâce à l’invention du moteur à combustion, la maîtrise de l’électricité, puis le développement des technologies tout au long du XXème siècle, l’énergie fournie par le travail humain et animal a été remplacée par l’énergie autrement plus abondante fournie par le travail des machines.

Des machines qui fonctionnent en utilisant des ressources naturelles non renouvelables comme le charbon, le pétrole, le gaz et toutes sortes de métaux.

Là, il faut nous arrêter un moment pour comprendre à quel point la situation est devenue critique :

- Il a fallu 19 siècles (1900 ans) pour que l’homme passe d’un mode de vie sans machine avec une infime consommation d’énergies fossiles à une société industrielle et commerciale qui dépend actuellement à 80-85% de ces énergies.

- Il a fallu 80 ans pour que l’on passe d’une terre en autosuffisance écologique à une terre dont les ressources commencent à s’épuiser. Passé 1970, nous consommons plus que ce que les terres, les eaux douces et les mers produisent, et rejetons plus que ce que les écosystèmes peuvent assimiler comme déchets.

- En l’espace de 50 ans, l’empreinte écologique de l’homme a connu une croissance exponentielle (par opposition à linéaire et constante). Et la date du Jour du Dépassement ne cesse de se dégrader.

Plusieurs facteurs aggravent ce processus :

- Notre mode de civilisation est basé sur la croissance, sur tous les plans : plus d’argent, plus de biens matériels, plus de confort de vie, plus de loisirs, plus de santé, toujours plus partout. Et plus d’habitants.

- Ce qui est valable à l’échelle de chacun de nous pris individuellement l’est aussi à l’échelle d’une entreprise, d’un pays, d’une nation, du monde tout entier.

- Les pays riches veulent vivre encore plus dans l’abondance, les pays pauvres veulent vivre comme les pays riches et aspirent à un mode de vie “occidental”.

Partout, on confond la croissance (augmentation quantitativiste dont le critère est le PIB -produit intérieur brut- national) avec le développement (amélioration qualitative des conditions de vie par l’éducation, la paix, etc.)

Aujourd’hui, la croissance économique rapide de ce qu’on appelle les pays émergents qui sont également de grands pays en nombre d’habitants et superficie comme le Brésil, la Russie, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, contribue largement à l’épuisement des ressources de notre planète et à la dégradation des écosystèmes dont notre survie à tous dépend ultimement.

Par ailleurs, et même si ce sujet reste généralement tabou, le monde -notamment les pays émergents et l’Afrique- connaît une croissance démographique là aussi exponentielle.

Entre 1950 et 2016, la planète a gagné 5 milliards d’habitants. Entre 2020 et 2050, il faudra compter au moins 2 milliards d’habitants supplémentaires sur la Terre, avec la probabilité que beaucoup de ces personnes naissent dans des régions sous tension économique, politique et/ou écologique, et aspirent à migrer.

Pour revenir à notre petite famille, que pourrait-elle faire si elle voulait continuer à vivre en dépensant le double de ce qu’elle gagne par mois ?

La solution la plus logique n’est-elle pas de contracter un prêt de 100.000 euros ? Histoire de se constituer un nouveau matelas et tenir 4 années de plus à ce rythme.

Il en est de même à toutes les autres échelles de notre société : pour continuer à vivre en ayant toujours plus et soutenir la croissance économique, les particuliers, les entreprises et les Etats sont obligés eux aussi de contracter des prêts et de vivre à crédit.

C’est là que l’on entre dans le monde obscur de la finance, de la dette et des bulles spéculatives qui finissent par exploser un jour, entraînant sur leur passage la faillite des familles, des entreprises, des banques... et des Etats.

Avec le début de la mondialisation et le développement des échanges commerciaux internationaux, les personnes, les entreprises et les gouvernements ont eu besoin de liquidités, pour investir, pour acheter, pour innover, pour payer les salaires, d’où le recours à l’emprunt bancaire.

Pour faire court, et pour revenir à notre famille, tant qu’elle a la capacité de rembourser son prêt, tout va bien, mais qu’arrive-t-il si ce n’est plus le cas ? Ce qui est sûr, c’est qu’elle ne pourra pas à nouveau solliciter un prêt, car aucune banque ne le lui accordera.

Pour la banque qui lui a prêté cet argent, ce sera une perte et un trou dans sa comptabilité. C’est ce qui s’est passé en 2008 aux Etats-Unis, où les banques ont prêté massivement à des foyers américains modestes pour qu’ils deviennent propriétaires de leur maison.

L’encours de ces prêts immobiliers est passé de 200 milliards de dollars en 2002 à 1400 milliards de dollars en 2007, créant ce qu’on appelle une bulle spéculative.

Ces banques, pour financer elles-mêmes ces emprunts, ont créés des actions (= des titres, d’où le terme technique de “titrisation”) qu’elles ont revendu à des fonds d’investissement en les faisant passer pour des investissements sûrs, car il y avait de toute façon une hypothèque sur le bien immobilier en cas de défaillance de l’emprunteur… Sauf qu’il n’y a plus eu personne pour acheter ces biens après la crise.

S’il y a eu cette crise immobilière, c’est parce que ces prêts étaient fixés avec un taux d’intérêt variable en fonction du taux directeur de la banque centrale américaine. Lorsqu’il y a eu une augmentation de ce taux et donc du montant mensuel à rembourser, ces ménages américains n’ont plus été en mesure de rembourser leur dette.

C’est la fameuse crise dite des subprimes (prêts toxiques). Lorsque cette bulle a explosé, ce sont toutes les grandes banques mondiales qui ont été impactées, notamment Lehman Brothers qui a fait faillite en septembre 2008.

Pour éviter la faillite en cascade du système financier, la solution a consisté pour les Etats du monde entier, par le biais de leurs banques centrales, à racheter les créances douteuses des grandes banques privées et les renflouer avec des liquidités, beaucoup de liquidités...

C’est ainsi que des milliers de milliards de dollars ont été injectés dans le monde financier.

Cet argent, les Etats le trouvent grâce à leurs contribuables, en faisant eux-mêmes des prêts (Bons du Trésor, obligations d’Etat) créant au passage une lourde dette publique, et également en faisant tourner la planche à billets (Quantitavising)

10 ans après, la création de liquidités s’est malheureusement faite au profit de la spéculation qui dépasse tout entendement : le seul total des dollars qui circulent dans le monde dépasse les 600 000 milliards, alors que le total des échanges commerciaux est évalué à… 5 600 milliards, soit 100 fois plus que les vrais besoins.

Ces centaines de milliers de milliards de dollars sont placées aujourd’hui dans des bulles spéculatives qui risquent d’exploser à tout moment.

En conclusion, comment notre monde va-t-il pouvoir réagir à l’aggravation de cette surexploitation des ressources de notre terre et de la pollution qui s’ensuit, conjugué à la forte probabilité d’une nouvelle explosion d’une bulle spéculative ?


A Bientôt...


Eric Han Kwan

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