L’EXIGENCE DE LA MATURITÉ
- LibrAccess Academy

- 10 oct.
- 7 min de lecture
Le Syndrome de Peter Pan dans l’Eglise

En 1911 a paru un roman qui a eu un grand succès, et qui a été adapté plusieurs fois à la télévision et au cinéma : Peter Pan. La toute première phrase du roman est : « Tous les enfants grandissent, à l'exception d'un seul », ce qui explique le thème principal de l'ouvrage qui parle d'un enfant coincé dans l'immaturité et le monde fantastique d'un pays imaginaire.
En 1983, un psychologue a repris cette idée et a publié un livre intitulé « Le Syndrome de Peter Pan : Ces hommes qui refusent de grandir ». Le sujet de son étude ce sont les adultes qui, même parvenus à l'âge mûr, demeurent incapables d'affronter leurs responsabilités chrétiennes.
Nous allons nous pencher sur un problème similaire, mais qui concerne une large partie de l'Église : l'immaturité spirituelle dans la vie du chrétien. C'est ce que nous pourrions appeler le syndrome de Peter Pan dans l'Église.
Cela concerne les croyants dont le développement spirituel s'est arrêté, des chrétiens qui, au lieu de s'épanouir et de devenir des disciples matures de Jésus-Christ, s'installent dans une nonchalance et une insensibilité qui mènent au déclin spirituel et moral. C'est de cela dont parle He 5.11-6.3 :
11 Nous avons beaucoup à dire là-dessus, et des choses difficiles à expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre. 12 Vous, en effet, qui depuis longtemps devriez être des maîtres, vous avez encore besoin qu'on vous enseigne les premiers rudiments des oracles de Dieu, vous en êtes venus à avoir besoin de lait et non d'une nourriture solide. 13 Or, quiconque en est au lait n'a pas l'expérience de la parole de justice ; car il est un enfant. 14 Mais la nourriture solide est pour les hommes faits, pour ceux dont le jugement est exercé par l'usage à discerner ce qui est bien et ce qui est mal. 1 C'est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait, sans poser de nouveau le fondement du renoncement aux œuvres mortes, 2 de la foi en Dieu, de la doctrine des baptêmes, de l'imposition des mains, de la résurrection des morts, et du jugement éternel. 3 C'est ce que nous ferons, si Dieu le permet.
Des avertissements à prendre au sérieux
Tout d'abord, nous devons savoir que la lettre aux Hébreux est non seulement un livre d'enseignements et d'exhortations, mais aussi un livre d'avertissements. Pour être plus précis, l'épître contient cinq avertissements que nous trouvons dans les passages suivants : 2.1-4 ; 3.7-4.13 ; 5.11-6.12 ; 10.19-39 ; 12.14-29. Notre texte se trouve dans la section du troisième avertissement. Notons que les trois premiers avertissements commencent par l'expression « C'est pourquoi ».
Premier avertissement
He 2.1 : C'est pourquoi nous devons d'autant plus nous attacher aux choses que nous avons entendues, de peur que nous ne soyons emportés loin d'elles.
Ce premier avertissement nous met au défi d'écouter l'Évangile et de nous y attacher de peur de passer à côté du salut de notre âme.
Deuxième avertissement
He 3.7-8 : C'est pourquoi, selon ce que dit le Saint Esprit : Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs, comme lors de la révolte, Le jour de la tentation dans le désert.
Ce deuxième avertissement nous avertit de ne pas endurcir nos cœurs, afin de ne pas nous révolter contre la vérité de Dieu.
Troisième avertissement
He 6.1 : C'est pourquoi, laissant les éléments de la parole de Christ, tendons à ce qui est parfait.
Ce troisième avertissement est un appel à ne pas stagner, mais à grandir dans la foi en visant la maturité spirituelle chrétienne et morale.
Or, si nous regardons attentivement le troisième avertissement qui va du chapitre 5.11 jusqu'au chapitre 6.12, l'auteur de la lettre expose trois choses :
Le problème
La cause du problème
La solution au problème
C'est ce que nous allons examiner.
Le problème : la paresse et l'immaturité spirituelles

Les destinataires de la lettre font face à un sérieux problème : l'arrêt du développement spirituel dans leur vie spirituelle. Cela ressort clairement des expressions et des illustrations que l'auteur utilise dans les v.12-14, tels que : rudiments, lait, enfant et nourriture solide spirituelle.
C'est à cause de cet arrêt que le passage commence ainsi au v.11 : Nous avons beaucoup à dire là-dessus, et des choses difficiles à expliquer, parce que vous êtes devenus lents à comprendre. L'expression « là-dessus » se rapporte aux quatre premiers chapitres où il était question de la supériorité de Jésus sur les anges, sur Moïse, sur Aaron, et de son sacerdoce de sacrificateur qui est selon l'ordre de Melchisédek (5.6).
Quel croyant de nos jours sait ce qu'est l'ordre de Melchisédek ? La plupart des pasteurs et des prédicateurs l'ignorent également. Pourquoi ? À cause de l'immaturité spirituelle qui règne dans les églises contemporaines. C'est pourquoi l'auteur de l'épître interrompt son enseignement sur Melchisédek, qui a commencé au début du chapitre cinq, pour le reprendre à la fin du chapitre six. L'auteur aurait voulu leur communiquer des vérités plus profondes sur le sacerdoce exceptionnel de Christ selon l'ordre de Melchisédek, mais ceux à qui il écrit sont trop immatures spirituellement pour être capables de les comprendre.
Il ouvre donc une parenthèse dans He 5.11 à 6.12 pour donner son troisième avertissement à ceux qui prétendent être chrétiens, mais qui n'expérimentent aucune croissance spirituelle, ce qui ne correspond absolument pas à la volonté de Dieu qui nous commande de grandir spirituellement. Voici, en effet, ce que dit la Bible : Col 1.9-10 : 9 C'est pour cela que nous aussi, depuis le jour où nous en avons été informés, nous ne cessons de prier Dieu pour vous, et de demander que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, 10 pour marcher d'une manière digne du Seigneur et lui être entièrement agréables, portant des fruits en toutes sortes de bonnes œuvres et croissant par la connaissance de Dieu.
Les trois facteurs de progression

Paul parle ici des trois facteurs de progression dans la vie de la foi :
La prière car il dit « nous ne cessons de prier Dieu »
La connaissance de la volonté de Dieu car il ajoute « que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté »
Le comportement qui plaît au Seigneur car il déclare « lui être entièrement agréables »
Les résultats de ces trois facteurs sont :
Les bonnes œuvres (pour les autres ou ce qui est à l'extérieur de soi)
La croissance par la connaissance de Dieu (pour soi-même ou ce qui est à l'intérieur de soi)
L'apôtre Pierre écrit dans sa première lettre au chapitre 2.2 : Désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut. Ce verset est très important mais quasiment mis de côté dans la prise en charge ou l'accompagnement des nouveaux convertis dans les communautés chrétiennes. Ici Pierre parle des enfants nouveau-nés. Il utilise deux mots grecs qui peuvent se traduire ainsi : « des nourrissons qui viennent tout juste de naître ». Il parle donc des premiers instants d'un individu qui vient d'être régénéré spirituellement par une conversion authentique à Jésus. Ce sont les balbutiements du tout jeune converti.
Se nourrir de la logique de Dieu

Que doit-on leur enseigner à ces nouveaux convertis ? Pierre dit : Désirez…le lait spirituel et pur. Tout d'abord on leur donne du lait, comme c'est le cas pour tout bébé dans le domaine physique. Pierre parle bien sûr de « lait spirituel », ce qui fait référence à la parole de Dieu.
Cependant, le mot grec traduit par « spirituel » n'est pas celui que l'on rencontre habituellement dans le Nouveau Testament, à savoir : Pneumatikos (Pneuma = esprit). Ici, il s'agit du mot « Logikos » que l'on retrouve dans Ro 12.1 lorsque Paul dit : Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable (= Logikos). Logikos a donné en français « logique », et désigne dans le grec de l'époque du Nouveau Testament : « ce qui est divinement raisonnable, c'est-à-dire ce qui est logique pour Dieu ».
En d'autres mots, le croyant doit se nourrir dès le début de sa vie chrétienne des vérités divinement raisonnables de la Parole, et apprendre très vite et très tôt à assujettir sa logique naturelle à la logique de Dieu qui va à contre-courant de la culture ambiante. C'est pourquoi Paul dit dans Ro 12.2 : Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence.
De l'intérieur vers l'extérieur
Selon Pierre et Paul, le jeune chrétien doit, aussitôt après sa conversion, apprendre à ne pas se conformer au monde, c'est-à-dire à ne pas prendre le monde pour modèle, mais à être transformé (ce qui signifie littéralement : changer de forme) grâce au renouvellement (au changement complet) de son intelligence.
Un mot qui désigne dans la langue grecque la pensée, la perception et la compréhension. En d'autres mots : le jeune converti doit chercher le changement intérieur qui produira inévitablement le changement extérieur. Cela ne peut se faire que lorsque notre logique personnelle est confrontée à la logique de Dieu contenue dans sa Parole, et se soumet à elle. Les jeunes convertis apprennent-ils cela dans leur église ? Sont-ils orientés vers la Parole ou formatés simplement pour servir leur église ?
Notons également que le nouveau converti doit se nourrir d'un lait pur. Le mot grec pour « pur » signifie « exempt de fraude, sans ruse et non falsifié ». Qu'est-ce qui peut falsifier ou déguiser la Parole de Dieu ? Ce sont les traditions religieuses propres à une église ou à une dénomination particulière. C'est-à-dire que la Bible n'est pas enseignée telle qu'elle est écrite, mais en fonction de l'interprétation que lui donne le milieu chrétien dans lequel on se trouve.
Lire la Bible avec des lunettes Catholiques ou Pentecôtistes dénature son sens originel pour qu'il s'accorde avec les croyances distinctives de ces deux confessions.

Que le Seigneur vous bénisse !
À bientôt…





Commentaires