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L’HISTOIRE SE REPÊTE

S’il vous plait, lisez tout d’abord Es 6.9-13...C’est fait ? Alors nous pouvons continuer. Dans les 8 premiers versets de ce chapitre, nous avions relevé les 4C qui caractérisent un face à face avec Dieu (voir l’article) : la crise, la confrontation, la conviction et la consécration. Dans les 5 derniers versets, nous découvrons la mission que Dieu a confié à Esaïe en réponse à sa consécration, lorsqu’il a dit « Me voici Seigneur, envoie-moi » (v.8). Esaïe sera choqué de découvrir la sévérité du message dont il va être le porteur. Ce choc est provoqué par la nature et l’étendue de la mission. Examinons-les ensemble.


9 Il dit alors : Va, et dis à ce peuple : Vous entendrez, et vous ne comprendrez point ; Vous verrez, et vous ne saisirez point.

10 Rends insensible le cœur de ce peuple, Endurcis ses oreilles, et bouche-lui les yeux, Pour qu’il ne voie point de ses yeux, n’entende point de ses oreilles, Ne comprenne point de son cœur, Ne se convertisse point et ne soit point guéri.


Peut-être Esaïe s’attendait-il à ce que Dieu lui demande de décrire ce qu’il a vu et entendu lors de son extraordinaire face à face avec Dieu, comment il a vu la gloire divine et les Séraphins. Cependant, le contenu du message est tout autre. Pour résumer ces deux versets : Dieu décrète un endurcissement spirituel de tout le peuple, ce qui aura pour conséquence un exil national qui dura 70 ans (Cf. Jé 29.10). Cet endurcissement est décrit en des termes extrêmement sévères :

  • Vous entendrez, et vous ne comprendrez point

  • Vous verrez, et vous ne saisirez point

  • Rends insensible le cœur de ce peuple

  • Endurcis ses oreilles

  • Bouche-lui les yeux

  • Pour qu’il ne voie point de ses yeux

  • N’entende point de ses oreilles

  • Ne comprenne point de son cœur

  • Ne se convertisse point

  • Ne soit point guéri


Dieu décrète une incapacité de voir, d’entendre et de comprendre son appel au salut. Et le plus terrible, c’est que c’est Esaïe qui doit le faire (v.10). Esaïe doit provoquer cet endurcissement, non pas en retenant ou en cachant la vérité, mais en la proclamant. En substance, Dieu dit à son prophète :

« Parce que le peuple refuse de m’écouter quand je l’appelle clairement à revenir à moi dans la repentance, je te charge de continuer à proclamer cet appel à la repentance ; seulement, à partir de maintenant, le peuple ne comprendra plus ce que tu dis, et il s’endurcira de plus en plus, car je l’ai rejeté. Ton message de salut appellera sur eux le jugement, en raison de leur endurcissement ».


Esaïe doit prononcer l’endurcissement spirituel d’individus que Dieu ne cesse pas d’appeler au salut ! C’est un paradoxe insupportable pour le prophète, mais il n’est pas au bout de ses surprises, car après avoir découvert la nature de sa mission, il va apprendre :


2) L’ÉTENDUE DE LA MISSION

11 Je dis : Jusqu’à quand, Seigneur ? Et il répondit : Jusqu’à ce que les villes soient dévastées Et privées d’habitants ; Jusqu’à ce qu’il n’y ait personne dans les maisons, Et que le pays soit ravagé par la solitude ;

13 (a) Et s’il y reste encore un dixième des habitants, Ils seront à leur tour anéantis...


Non seulement son message de salut provoquerait le jugement du royaume de Juda, mais le peuple auquel il allait s’adresser, demeurerait totalement insensible à sa prédication. Dieu fait comprendre à Esaïe que la désobéissance du peuple allait se poursuivre, raison pour laquelle il décrète un endurcissement spirituel et judiciaire d’ampleur nationale, qui résultera dans l’application du jugement divin : l’exil !


Comprenant la sévérité du décret de Dieu, le prophète veut savoir le temps que cela durera, espérant peut-être que ce ne sera pas trop long. Et la réponse de Dieu est le second choc auquel il doit faire face : jusqu’à la destruction totale de pays. Relevons, encore une fois, la sévérité des termes employés :

  • Que les villes soient dévastées

  • Privées d’habitants

  • Qu’il n’y ait personne dans les maisons

  • Que le pays soit ravagé par la solitude

  • Que l’Eternel ait éloigné les hommes

  • Que le pays devienne un immense désert

  • Un dixième des habitants, Ils seront à leur tour anéantis

Esaïe a dû être abasourdi par le décret de Dieu, qui allait s’accomplir avec une absolue certitude. Il est dévasté par la sévérité du jugement divin. Il sait que rien n’arrêtera l’accomplissement du jugement, et c’est ce qui arriva : l’histoire le confirme. Toutefois, Dieu ne manque pas de révéler à son prophète que malgré la sévérité et l’étendue de son jugement, il gardera une descendance au peuple de Juda :

13 (b) ...Mais, comme le térébinthe et le chêne Conservent leur tronc quand ils sont abattus, Une sainte postérité renaîtra de ce peuple.


Dieu annonce qu’il donnera naissance à un nouveau peuple qui lui appartiendra et qui subsistera. Il agira souverainement pour sauver une faible partie d’un peuple qui sera presqu’entièrement détruit. Voilà l’histoire du temps d’Esaïe, et nous allons découvrir que cette histoire s’est répétée du temps de Jésus, et qu’elle se répète encore à notre époque.


Il faut noter que le décret d’endurcissement d’Esaïe 6.9-10 est cité, soit partiellement, soit entièrement, au moins à six reprises dans le Nouveau Testament. Regardons trois d’entre elles, en nous arrêtant sur la troisième :

Mt 13.10-15 :

10 Les disciples s’approchèrent, et lui dirent : Pourquoi leur parles-tu en paraboles ?

11 Jésus leur répondit : Parce qu’il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, et que cela ne leur a pas été donné.

12 Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l’abondance, mais à celui qui n’a pas on ôtera même ce qu’il a.

13 C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent.

14 Et pour eux s’accomplit cette prophétie d’Esaïe : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.

15 Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, Qu’ils ne comprennent de leur cœur, Qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.


Ac 28-24-28 :

24 Les uns furent persuadés par ce qu’il disait, et les autres ne crurent point.

25 Comme ils se retiraient en désaccord, Paul n’ajouta que ces mots : C’est avec raison que le Saint-Esprit, parlant à vos pères par le prophète Esaïe,

26 a dit : Va vers ce peuple, et dis : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point.

27 Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu’ils ne voient de leurs yeux, qu’ils n’entendent de leurs oreilles, Qu’ils ne comprennent de leur cœur, Qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.

28 Sachez donc que ce salut de Dieu a été envoyé aux païens, et qu’ils l’écouteront.


Dans le premier texte, Jésus justifie l’utilisation des paraboles dans son enseignement par le décret divin d’endurcissement spirituel et judiciaire d’Israël. Dans le second texte, Paul se sert de la prophétie d’Esaïe pour justifier l’orientation de son ministère vers les païens, tandis que les juifs refusent majoritairement l’Evangile. Mais le texte le plus préoccupant, et qui concerne notre époque d’une façon particulière, c’est celui que nous trouvons dans Jn 12.35-43, Il y aurait tant de choses à dire sur ce passage, mais nous nous limiterons à relever les deux principales vérités :


1) L’ULTIME APPEL DE JESUS A CROIRE EN LUI

35 Jésus leur dit : La lumière est encore pour un peu de temps au milieu de vous. Marchez, pendant que vous avez la lumière, afin que les ténèbres ne vous surprennent point : celui qui marche dans les ténèbres ne sait où il va.

36 Pendant que vous avez la lumière, croyez en la lumière, afin que vous soyez des enfants de lumière. Jésus dit ces choses, puis il s’en alla, et se cacha loin d’eux.


Au v.35, Jésus annonce sa mort prochaine qui mettra fin à la lumière spirituelle qu’il est venu amener au peuple d’Israël. Il appelle les juifs à profiter de cette lumière pendant le temps qu’il lui reste à vivre au milieu d’eux. Il prévient que bientôt, les ténèbres spirituelles domineront Israël, et que c’est maintenant qu’il faut répondre à son appel.


Au v.36, il les appelle à laisser sa lumière les transformer en enfants de lumière, c’est-à-dire qu’ils doivent se convertir et recevoir son salut. Jésus insiste pour qu’ils sachent qu’il sera bientôt trop tard, car il y a une limite à l’offre de salut de Dieu. Cela est confirmé par les textes suivants :

2 Co 6.2 :Car il dit : Au temps favorable je t’ai exaucé, Au jour du salut je t’ai secouru. Voici maintenant le temps favorable, voici maintenant le jour du salut.

Hé 4.1 : Craignons donc, tandis que la promesse d’entrer dans son repos subsiste encore, qu’aucun de vous ne paraisse être venu trop tard.

Hé 4.7 : Dieu fixe de nouveau un jour - aujourd’hui - en disant dans David si longtemps après, comme il est dit plus haut : Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, N’endurcissez pas vos cœurs.


Il y a un « aujourd’hui » de Dieu : c’est généralement « le jour du salut ». Dieu sauve « aujourd’hui ». Dans la bouche de Dieu, « demain » est habituellement un jour de jugement, c’est pourquoi Jésus parle de : « l’herbe qui est aujourd’hui dans les champs et qui Demain sera jeté au four » (Lu 12.28). « Demain » est aussi synonyme de « trop tard ».


La fin du v.36 est dramatique : Jésus dit ces choses, puis il s’en alla, et se cacha loin d’eux. Cela démontre que c’était réellement son dernier appel au salut pour Israël. Juste après ces paroles, il était déjà trop tard pour les juifs. Jésus ne fait que mettre en actions la mise en garde qu’il vient de faire, et qu’il avait annoncé à une autre occasion dans Jn 8.21 : Jésus leur dit encore : Je m’en vais, et vous me chercherez, et vous mourrez dans votre péché ; vous ne pouvez venir où je vais.


Tout comme le soleil disparaît à l‘horizon lorsqu’il se couche en fin de journée, et nous prive de sa lumière, de même, Jésus, « le soleil de la justice » (Cf. Mal 4.2), prive définitivement de sa lumière ceux qui n’ont pas su en profiter... Tout comme il était trop tard à l’époque d’Esaïe et que le jugement était devenu inévitable, il était de même trop tard, juste après l’ultime appel du Christ aux juifs de son temps. Les juifs n’ont plus eu aucune occasion de reconnaître leur Messie.


2) L’INCREDULITE ET LE COMPROMIS

38 afin que s’accomplît la parole qu’Esaïe, le prophète, a prononcée : Seigneur, Qui a cru à notre prédication ? Et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ?

39 Aussi ne pouvaient-ils croire, parce qu’Esaïe a dit encore :

41 Esaïe dit ces choses, lorsqu’il vit sa gloire, et qu’il parla de lui.


Ce texte explique pourquoi Jésus « s’en alla, et se cacha loin d’eux », laissant la nation entière subir le jugement de Dieu, qui atteignit son paroxysme lorsque les armées romaines ont détruit Jérusalem et son Temple, et que les juifs ont été dispersés hors d’Israël pendant 20 siècles. La raison tient en deux mots : incrédulité et compromis !


a) L’incrédulité est clairement signalée dans le v.37 : Malgré tant de miracles qu’il avait faits en leur présence, ils ne croyaient pas en lui. Or, cette incrédulité avait été prophétisée par Esaïe. Le texte cite Es 53.1 au v.38 : afin que s’accomplît la parole qu’Esaïe, le prophète, a prononcée : Seigneur, Qui a cru à notre prédication ? Et à qui le bras du Seigneur a-t-il été révélé ? Il cite Es 6.10 au v.40 : Il a aveuglé leurs yeux ; et il a endurci leur cœur, De peur qu’ils ne voient des yeux, Qu’ils ne comprennent du cœur, Qu’ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.


Souvenons-nous que l’obstination à refuser de croire, conduit à un jugement qui se manifeste par une « incapacité » définitive à croire. Nous avons, encore une fois, la confirmation que l’histoire se répète : devant le refus de croire, Dieu a endurci le cœur des juifs vis-à-vis de Jésus. Le v.41 précise qu’Esaïe, lors de son face à face avec Dieu, a vu le Christ pré-incarné dans sa gloire céleste : Esaïe dit ces choses, lorsqu’il vit sa gloire, et qu’il parla de lui.


b) Le compromis est signalé dans le v.42 : Cependant, même parmi les chefs, plusieurs crurent en lui ; mais, à cause des pharisiens, ils n’en faisaient pas l’aveu, dans la crainte d’être exclus de la synagogue. Le compromis ici consiste à croire, mais à refuser d’agir selon ce que l’on prétend croire, par crainte des résultats indésirables : être exclus de la synagogue. Or, ce compromis, ou cette crainte, est motivé par une raison plus honteuse encore au v.43 : Car ils aimèrent la gloire des hommes plus que la gloire de Dieu.


L’attachement aux privilèges religieux et sociaux, était plus fort que la foi. Les CHEFS dont il est question au v.42, faisaient passer leur statut de VIP dans la synagogue avant la foi qui était née dans leur cœur. La gloire des hommes, c’est-à-dire « les honneurs humains et religieux », avaient plus d’importance pour eux que « la gloire de Dieu ». Ainsi, en raison de cette incrédulité et de ce compromis, le jugement est tombé : Jésus « s’en alla, et se cacha loin d’eux » (v.36). L’histoire se répète de nos jours :


D’un côté, il y a ceux qui s’endurcissent et refusent l’Evangile, quoi que l’on puisse dire. Cette obstination à l’incrédulité, produit davantage d’incrédulité. D’un autre côté, il y a ceux qui compromettent le peu de foi qu’ils ont, en acceptant ce qui n’est pas conforme à l’évangile, parce qu’ils préfèrent la gloire des hommes à la gloire de Dieu. Ces deux attitudes conduisent au même résultat : le jugement irrévocable de Dieu selon 2 Th 2.9-12 :

9 L’apparition de cet impie se fera, par la puissance de Satan, avec toutes sortes de miracles, de signes et de prodiges mensongers,

10 et avec toutes les séductions de l’iniquité pour ceux qui périssent parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés.

11 Aussi Dieu leur envoie une puissance d’égarement, pour qu’ils croient au mensonge,

12 afin que tous ceux qui n’ont pas cru à la vérité, mais qui ont pris plaisir à l’injustice, soient condamnés.


Nous vivons exactement dans cette période d’incrédulité et de compromis. Mais Dieu a un peuple, et il le préservera, comme il l’a dit au prophète dans Es 6.13 (b) : Mais, comme le térébinthe et le chêne Conservent leur tronc quand ils sont abattus, Une sainte postérité renaîtra de ce peuple. La vraie Eglise de Christ n’est connue que de Dieu seul, et elle se caractérise par une vie pure et consacrée selon 2 Ti 2.19 : Néanmoins, le solide fondement de Dieu reste debout, avec ces paroles qui lui servent de sceau : Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent ; et : Quiconque prononce le nom du Seigneur, qu’il s’éloigne de l’iniquité.

Oui, l’histoire se répète, car il n’y a rien de nouveau sous le soleil !


A bientôt...




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