Nous avons commencé à parler des ingrédients que nous retrouvons lors de la naissance d’une église – ou comme nous l’avons précisé : lors de la VRAIE naissance d’une VRAIE église. Le principe que je développe dans cet enseignement est simple : il n’y a pas de véritable église s’il n’y a pas de véritable naissance (spirituelle).
Souvenons-nous que l’église est un organisme vivant et non une organisation statique. Bien sûr, une église a besoin d’être organisée dans son fonctionnement, mais cette organisation ne peut pas et ne doit pas remplacer la vie divine qui l’anime, et ceci, grâce à la présence active du Christ au milieu d’elle.
Les cinq ingrédients propres à la naissance de l’église sont :
1) La direction du Saint-Esprit.
2) L’obéissance d’hommes consacrés.
3) La fidélité au message approprié.
4) La grâce souveraine de Dieu.
5) L’engagement des membres.
Nous avons déjà parlé de la direction du Saint-Esprit lorsque nous avons étudié les v. 6 -7 d’Actes 16.
Nous avons vu que lorsque satan veut empêcher un chrétien de faire quelque chose, il utilise la force et l’intimidation. C’est-à-dire qu’il suscite des événements violents et contraires pour dresser des obstacles à l’accomplissement de la volonté de Dieu.
Par contre, quand c’est le Saint-Esprit qui empêche, il n’y a pas de violence ou d’usage de la force, mais plutôt un acte de prévention, une façon de dire à l’avance que le but fixé n’est pas le bon. Il faut également savoir que, même si le Saint-Esprit ne fait pas usage de la force pour nous empêcher de faire quelque chose, il permet cependant que des difficultés apparaissent sur notre route. Cela a pour résultat de ralentir ou d’arrêter nos projets.
Il peut également permettre des souffrances pendant un certain laps de temps afin d’accomplir une œuvre plus grande. Joseph est un très bon exemple de ce principe : il a passé 13 ans de sa vie en tant qu’esclave et prisonnier, avant de devenir l’homme le plus puissant d’Egypte, juste après Pharaon (Cf. Ps 116.16-24).
Dirigeons maintenant notre attention sur le second ingrédient, qui est la conséquence directe de premier, et lisons Ac 16.8-12 :
8 Ils franchirent alors la Mysie, et descendirent à Troas.
9 Pendant la nuit, Paul eut une vision : un Macédonien lui apparut, et lui fit cette prière : Passe en Macédoine, secours-nous !
10 Après cette vision de Paul, nous cherchâmes aussitôt à nous rendre en Macédoine, concluant que le Seigneur nous appelait à y annoncer la bonne nouvelle.
11 Etant partis de Troas, nous fîmes voile directement vers la Samothrace, et le lendemain nous débarquâmes à Néapolis.
12 De là nous allâmes à Philippes, qui est la première ville d’un district de Macédoine, et une colonie. Nous passâmes quelques jours dans cette ville.
L’énoncé du second ingrédient donne un aperçu complet de la condition à remplir pour qu’une église naisse de façon authentique :
Tout d’abord, il est question d’identité : ce sont des hommes, c’est-à-dire des personnes humaines. C’est un mystère que Dieu consent à utiliser des êtres aussi imparfaits que les hommes pour accomplir son plan. Il aurait pu faire appel aux anges, mais il a décidé que ce seront des hommes qui le serviront auprès d’autres hommes, même si les anges peuvent aussi intervenir parfois.
Ensuite, il est question de nature : ces hommes sont consacrés, c’est-à-dire qu’ils sont engagés dans un service auprès de Dieu. Ce sont des personnes mises à part pour aller là où Dieu veut qu’ils aillent, et faire ce qu’il demande.
Et enfin, il est question d’acte : ces hommes consacrés doivent obéir, c’est-à-dire se mettre à l’action. Ils ne se contentent pas d’avoir de grandes idées, mais ils agissent pour faire ce qui est demandé par Dieu. Aux yeux du Seigneur, ce sont les actes qui importent, et non seulement les intentions...
Examinons le comportement de Paul et de ses compagnons.
8 Ils franchirent alors la Mysie, et descendirent à Troas.
Nous nous souvenons que dans les v.6-7, le Saint-Esprit les a empêchés d’aller prêcher en Asie mineure (Turquie) et en Bithynie. En quelque sorte, ils ne pouvaient aller ni à droite ni à gauche. Il ne leur restait que deux possibilités : rebrousser chemin et retourner d’où ils étaient venus (= à l’église d’Antioche), ou alors avancer et continuer tout droit.
Sachant que Dieu ne les a pas envoyés pour qu’ils reculent, mais pour qu’ils aillent de l’avant, ils ont choisi d’aller tout droit en direction de Troas qui était une ville portuaire. Notons les deux verbes utilisés : franchirent et descendirent. Ce qui indique que le voyage n’était pas si facile que cela. Il y avait de la distance à franchir, ce qui a du demandé plusieurs jours, d’autant plus qu’ils voyageaient à pieds.
S’il est précisé qu’ils descendirent, c’est parce que la Mysie était composée d’une région montagneuse très boisée, ce qui a peut-être occasionné des niveaux de températures différentes. Ce dont nous sommes sûrs, c’est qu’ils devaient se déplacer. De ce seul verset, nous apprenons deux principes qui régissent la découverte de la volonté de Dieu :
1) Nous devons continuer d’avancer, en acceptant que Dieu ferme des portes, jusqu’à ce que nous atteignions celle qu’il ouvre.
2) Nous devons maintenir une obéissance active, car la passivité nous prive de la connaissance de la volonté de Dieu.
Et parce Paul et ses compagnons ont avancé par obéissance, sans se décourager devant les empêchements du Saint-Esprit, le Seigneur leur a clairement indiqué où ils devaient se rendre.
9 Pendant la nuit, Paul eut une vision : un Macédonien lui apparut, et lui fit cette prière : Passe en Macédoine, secours-nous !
C’est à Troas que Paul reçut la vision qui détermina leur destination. Or, Troas représente l’aboutissement de l’obéissance que Dieu attendait d’eux à ce niveau de leur progression. Il aurait pu leur donner la vision depuis la Mysie, mais il ne l’a pas fait.
Il a attendu qu’ils soient à Troas. Nous aussi, nous avons des « Troas » qui nous attendent dans notre marche avec Dieu, c’est-à-dire des décisions, des attitudes ou des actions que nous devons adopter pour que le Seigneur puisse nous conduire plus loin.
Pourquoi le Saint-Esprit a-t-il voulu que Paul aille jusqu’à Troas ? Il y a au moins deux raisons :
Tout d’abord, parce que c’était la porte d’entrée en Europe, ce qui signifie que pour la première fois, l’évangile allait pénétrer sur le continent européen.
Ensuite, parce que c’est à Troas que Luc rejoint l’équipe apostolique de Paul, car à partir du v.10, le texte passe à la 1ère personne du pluriel (= nous), ce qui indique que l’auteur du livre (= Luc) devient un témoin direct de ce qui s’y passe.
Le mode de communication choisie par Dieu pour révéler sa volonté à Paul fut « une vision ». Le message fut suffisamment clair pour que l’équipe apostolique prenne une décision : un Macédonien lui apparut, et lui fit cette prière : Passe en Macédoine, secours-nous !
Comment a-t-il su que c’était un Macédonien ? Probablement au type de vêtements, à l’accent et d’autres caractéristiques propres à un habitant de cette région dont Paul était au courant.
Il n’y avait aucun symbole ou type à interpréter. La demande formulée était précise : Paul recevait un appel au secours de la Macédoine. Le secours dont il était porteur était bien sûr de nature spirituelle, car il s’agissait d’y prêcher l’évangile.
10 Après cette vision de Paul, nous cherchâmes aussitôt à nous rendre en Macédoine, concluant que le Seigneur nous appelait à y annoncer la bonne nouvelle.
Deux remarques importantes doivent être faites sur ce verset :
1. Il ne faut pas conclure en lisant ce texte que Dieu veut donner des visions à tout le monde, tout le temps. Non ! Il y a à ce sujet un véritable abus. Trop de gens prétendent aujourd’hui avoir eu une vision.
Si nous lisons les Actes des Apôtres, qui racontent les 30 premières années de l’histoire de l’église, nous remarquerons qu’il y a de la sobriété dans tout ce qui est rapporté. Les visions, par exemple, sont relativement rares : seuls les apôtres Pierre et Jean, ainsi que le centurion Corneille et Ananias, celui qui a baptisé Paul, ont eu des visions.
Les Actes des Apôtres font références à 6 reprises des visions que Paul a eu. En plus de celle qui est rapportée dans notre texte, il y a : 9.3-6 ; 18.9-10 ; 22.17-18 ; 23.11 et 27.23-24. Chaque fois, c’est parce que l’apôtre faisait face à un besoin urgent. Jamais une vision ne lui fut donnée pour satisfaire une soif d’expérience ou pour qu’il s’en vante, comme c’est souvent le cas aujourd’hui...
De plus, chacune de ses visions étaient extérieures à Paul, c’est-à-dire qu’elles ne se passaient pas intérieurement, dans son imagination, mais elles étaient surnaturelles et venaient toujours de l’extérieur de son esprit.
Est-ce que Dieu peut accorder des visions aujourd’hui ? Bien sûr, mais ce sera exceptionnel, tout comme au temps de la Bible. Et en plus, ceux qui les reçoivent réellement, doivent faire preuve de la même modestie et sobriété que Paul, qui ne s’en vantait pas (Cf. 2 Co 12.1-6).
Ne croyons pas naïvement tous ceux qui sont trop rapides à parler de leurs soi-disant visions. Restons « sobres » et enracinés dans les écritures, car la Bible est notre seule protection contre les abus et les contrefaçons spirituelles.
Nous ne devons pas chercher à avoir des visions et cela ne devrait pas être un sujet de prière et de jeune, car en les recherchant, nous nous ouvrons aux contrefaçons sataniques qui aiment manipuler l’homme par de fausses visions.
Nulle part dans le Nouveau Testament, les chrétiens sont exhortés à chercher à avoir des visions et des révélations. C’est le Saint-Esprit qui les donne souverainement, mais qui prend les précautions nécessaires pour que notre ego ne s’enfle pas...
2. Lorsque Dieu nous révèle sa volonté de manière peu conventionnelle, comme c’est le cas ici : à travers une vision, il est sage de réfléchir, d’analyser et éventuellement d’en parler avec d’autres croyants mûrs spirituellement, afin d’être certains que nous l’interprétons correctement.
C’est ce que Paul et ses compagnons ont fait : après la vision, ils l’’ont analysée avec attention, concluant que le Seigneur nous appelait à y annoncer la bonne nouvelle. Le verbe grec traduit ici par « concluant » (Sumbibazo) signifie « comparer, joindre ensemble et renforcer la cohésion ».
Cela implique que l’empêchement d’aller en Asie (v.6), la porte qui se ferme pour la Bithynie (v.7) et la vision du Macédonien (v.9), toutes ces choses, comparées et mises ensemble ne menait qu’à une seule conclusion cohérente : ils devaient annoncer la bonne nouvelle en Macédoine.
C’est une mesure de sécurité d’arriver à une conclusion claire et logique lorsque nous pensons avoir reçu une direction de Dieu, afin de ne pas prendre nos désirs personnels pour la volonté de Dieu. Et une fois que la conclusion était jugée cohérente, l’équipe apostolique se mit immédiatement en mouvement : nous cherchâmes aussitôt à nous rendre en Macédoine.
La leçon ici est simple : quand la volonté de Dieu est clairement connue, il ne reste qu’une seule chose à faire : passer à l’action. Et c’est ce qu’ils ont fait :
11 Etant partis de Troas, nous fîmes voile directement vers la Samothrace, et le lendemain nous débarquâmes à Néapolis.
J’attire votre attention sur la notion de « mouvement ». Quand Dieu veut donner naissance à une église, ou à une œuvre en rapport avec la proclamation de l’évangile, il demande de notre part une obéissance active. La consécration de Paul et de ses compagnons les a mis en mouvement. Si nous ne sommes pas en mouvement, notre obéissance n’existe pas, nous n’avons qu’une intention. N’oublions pas que « le chemin vers l’enfer est pavé de bonnes intentions » !
Notons les deux verbes « étant partis » et « débarquâmes », ce qui indique un point de départ et un point d’arrivée. C’est toujours comme cela dans l’obéissance : nous partons d’un point pour aller vers un autre point. Et comment savons-nous que nous avons pleinement obéi ? Lorsque nous avons atteint notre objectif. Beaucoup de chrétiens font du « sur place » et ne se mettent jamais en mouvement pour Christ. Ils fonctionnent avec des intentions, mais n’y ajoutent pas de l’action.
Notons également le mot « directement ». Ils n’ont pas pris des détours, mais ils sont allés directement là où Dieu les voulait : sur le continent européen. Celui qui veut obéir à Dieu, ne tergiverse pas. Jésus a dit :
Lc 9.62 : Quiconque met la main à la charrue, et regarde en arrière, n’est pas propre au royaume de Dieu.
Ici, Jésus se sert d’un dicton populaire qui signifie que l’on doit se consacrer entièrement à sa tâche, tout comme celui qui veut labourer un terrain, ne peut creuser un sillon droit s’il se met à regarder en arrière.
12 De là nous allâmes à Philippes, qui est la première ville d’un district de Macédoine, et une colonie. Nous passâmes quelques jours dans cette ville.
Nous remarquons que cette consécration et cette obéissance de Paul et de ses compagnons, ne les ont pas déviés de leur destination : la Macédoine. Alors qu’ils étaient arrivés sur le continent européen, ils ne sont pas restés à Néapolis, car notre verset dit De là nous allâmes à Philippes. Et pourquoi ont-ils tenu à aller jusqu’à Philippes ?
Parce ce que c’était la première Ville de la Macédoine, ce qui n’était pas le cas de Néapolis. Or, ils devaient porter secours à la Macédoine, donc c’est là où ils devaient se rendre.
Et là encore nous voyons la concentration et les efforts que nécessitent l’obéissance. En effet, Philippes était éloignée de Néapolis de 16km, et une chaîne de collines séparaient les deux villes, avec un col de 487m. Le voyage n’a pas dû être facile, mais c’étaient des serviteurs obéissants.
Et lorsqu’ils y sont arrivés, le texte dit « Nous passâmes quelques jours dans cette ville ». Cela signifie qu’ils cherchaient une occasion de pouvoir partager l’évangile avec ceux que le Seigneur placerait sur leur route.
Ce second ingrédient est également capital pour la naissance d’une église, car nous y apprenons que le Seigneur sait exactement où celle-ci doit être implantée. Rien n’est laissé au hasard chez Dieu lorsqu’il s’agit de fonder une église.
Apparemment, Paul n’avait pas prévu d’aller en Europe, mais c’était le plan de Dieu. Et si le Saint-Esprit a pu se servir de Paul pour fonder la première église dans cette partie du monde, c’est parce qu’il pouvait compter sur l’obéissance d’hommes consacrés.
Des hommes qui savaient renoncer à leur propre plan, continuer d’obéir, même lorsqu’ils ne voyaient rien, et passer à l’action dès que Dieu leur montrait quoi faire. Le même apôtre Paul nous met en garde contre le manque d’obéissance lorsque nous savons quoi faire :
Ga 5.7 : Vous couriez bien : qui vous a arrêtés, pour vous empêcher d’obéir à la vérité ?
Commencer, c’est une chose, mais aller au bout de la volonté de Dieu, c’est une autre chose. Combien d’églises sont peut-être nées par une direction du Saint-Esprit, mais se sont arrêtées à la naissance, parce qu’il leur a manqué l’obéissance d’hommes consacrés ?
Ce que nous pouvons déjà dire, c’est que ces deux premiers ingrédients placent la base d’un partenariat solide entre le Saint-Esprit et de simples hommes : l’un dirige, les autres obéissent. Mais pour que l’église de Philippes naisse, trois autres ingrédients vont faire leur apparition. C’est ce que nous verrons dans le prochain article.
A Bientôt...
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