La psychologie affirme que nous devons apprendre à nous pardonner nous-même si nous voulons dépasser notre colère et ouvrir la voie à la guérison intérieure. C’est aussi une notion qui a fait son entrée dans la sphère chrétienne où les croyants sont encouragés à se pardonner eux-mêmes afin d’accéder à un épanouissement spirituel plus profond. Se pardonner soi-même est d’ailleurs devenue une pratique courante dans certains milieux évangéliques, car elle est considérée comme juste, nécessaire et biblique. L’idée est la suivante : lorsque je sais que j’ai fauté, je dois confesser mon péché à Dieu et recevoir son pardon, puis il me faut me pardonner moi-même. La question est : Est-ce vraiment biblique de se pardonner soi-même ?
La Bible et le pardon de soi-même
Pour répondre à cette question, il est important de rappeler que les chrétiens confessent que l’Écriture est suffisante pour la doctrine et la pratique, c’est-à-dire que la Bible contient tout ce qui est nécessaire pour que je sache qui est Dieu, ce qu’il attend de moi et comment vivre conformément à sa volonté. Vous pouvez lire à ce sujet 2 Ti 3.16-17 et 2 P 1.3. Or, la Bible ne parle jamais de se pardonner soi-même : elle nous dit de pardonner aux autres, à ceux qui nous ont offensé, mais elle ne dit jamais que nous devions nous pardonner nous-même. Se pardonner soi-même s’inspire de la culture dominée par la psychologie, et non de la Parole de Dieu. Puisque l’Écriture ne dit rien au sujet de se pardonner soi-même, lorsque nous le faisons, nous désobéissons à l’ordre de « ne pas aller au-delà de ce qui est écrit » selon 1 Co 4.6.
Peut-être aurez-vous envie de répondre : « Oui, mais si cela peut aider émotionnellement quelqu’un à se pardonner soi-même, quel mal il y a-t-il de le faire ? ». En fait, le danger est subtil, mais étonnamment réel. Pour le comprendre, considérons les faits suivants. La Bible dit dans le Ps 51.19 (Sg 21) : Les sacrifices agréables à Dieu, c'est un esprit brisé. O Dieu, tu ne dédaignes pas un cœur brisé et humilié. De quel esprit brisé la psalmiste parle-t-il ? Eh bien il parle du cœur brisé qui prend conscience qu’il a péché, et qui recherche humblement le pardon de Dieu. A une telle démarche, 1 Jn 1.9 répond : Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. Et comment Dieu opère-t-il cette purification ? Le v.7 déclare : Le sang de Jésus son Fils nous purifie de tout péché.
Le danger spirituel de se pardonner soi-même
L'Écriture souligne la suffisance du pardon de Dieu par la rédemption de Jésus-Christ, et m'appelle à me reposer sur elle seule et nulle part ailleurs. Mon péché et ma culpabilité doivent être déposés uniquement au pied de la Croix. Si j’entreprends de me pardonner moi-même, je démontre que le pardon de Dieu en Christ ne suffit pas pour que je sois en paix avec lui. Je témoigne également que l’aspersion du sang de Jésus n’est pas assez puissante pour purifier mon cœur d’une mauvaise conscience comme le déclare Hé 10.22. Se pardonner soi-même c’est confesser que lorsque Dieu a déversée sa colère sur Jésus, il n’a pas été satisfait par l’œuvre expiatoire de son Fils.
« Se pardonner soi-même » est fondamentalement un argument selon lequel la souffrance et la mort de Jésus ne sont pas suffisants pour amener mon cœur à un état de paix. Jésus a dit dans Jn 19.30 : Tout est accompli, mais s’il m’est nécessaire de me pardonner moi-même pour être en paix, cela signifie que je dois compléter l’œuvre de la croix en y ajoutant mon travail personnel. C’est précisément là que se produit le basculement silencieux d’une bonne intention à une véritable hérésie. « Me pardonner moi-même », c’est remplacer la norme de Dieu par ma propre règle, c’est ajouter mon jugement et mon évaluation de l’œuvre du Christ à ce qu’affirment les Saintes Écritures, c’est échanger la miséricorde et l’approbation du Père contre ce que je considère être le meilleur pour moi.
En me pardonnant moi-même, j’effectue une substitution qui rend la croix vaine en m’appuyant sur ce qui me semble bon (Cf. 1 Co 1.17 et Jg 21.25). Cela rend mon péché si grand que Jésus ne peut pas le purifier, mais que d’une manière ou d’une autre, je peux m’en occuper moi-même. Ma foi n’est alors plus en Christ, mais en moi-même. Je deviens plus puissant que le Fils de Dieu, car je peux faire ce qu’il ne semble pas avoir été capable de faire : me pardonner ! Car il est évident que si je dois me pardonner moi-même, cela indique que Christ n’a pas pu le faire par sa mort et sa résurrection. Au fond, « se pardonner soi-même » équivaut à « se sauver soi-même ». Voyez-vous comment une bonne intention peut nous faire basculer dans une véritable hérésie ?
La véritable approche biblique du pardon
Mais alors, que faire si je me sens tiraillé par la culpabilité et la colère devant le constat de mes péchés ? Si nous demandons à Dieu de nous pardonner, il est capital de croire que Jésus a déjà entièrement payé le prix pour le pardon et la purification de nos péchés. Restons fermement établis sur 1 Jn 1.9 qui affirme que : Si nous confessons nos péchés, il est fidèle et juste pour nous les pardonner, et pour nous purifier de toute iniquité. N’oublions pas que Dieu est fidèle et juste. Il est fidèle signifie qu’il est loyal et digne de confiance, qu’il accomplit toujours ce qu’il promet. Il est juste signifie qu’il agit toujours de façon légale sans se laisser influencer par des humeurs. S’il a puni Jésus pour nos péchés, il ne va plus nous punir pour les même péchés.
Nous pouvons renoncer à tout sentiment de culpabilité en acceptant que nous sommes pardonnés en Christ, ou nous pouvons croire les mensonges du diable qui nous dit que nous sommes toujours coupables. La Bible dit que quand Dieu nous pardonne, il ne se souvient plus de nos péchés (Cf. Jé 31.34). Cela ne veut pas dire que Dieu oublie nos péchés par perte de mémoire, mais qu'il choisit de tourner la page. Il décide de ne plus nous tenir pour coupables. Quand les péchés du passé nous reviennent à l'esprit, nous pouvons choisir de nous morfondre à leur sujet, avec toute la culpabilité et la colère que cela engendre, mais nous pouvons aussi laisser notre esprit être rempli de reconnaissance envers Dieu en confessant avec le psalmiste : Le pardon se trouve auprès de toi (Ps 130.4).
Vaincre la culpabilité et la colère par la foi en Christ
La prochaine fois que les péchés de votre passé vous reviennent à l'esprit, proclamez ce que dit le Ps 103. 10-12 : Il ne nous traite pas selon nos péchés, Il ne nous punit pas selon nos iniquités. Mais autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, Autant sa bonté est grande pour ceux qui le craignent ; Autant l'orient est éloigné de l'occident, Autant il éloigne de nous nos transgressions. Cette promesse s’est accomplie grâce à l’œuvre rédemptrice de Jésus. Ne laissons donc plus la place au doute, à la culpabilité et à la colère, mais apprenons à rassurer nos cœurs devant lui (Cf. 1 Jn 3.19). lorsque notre conscience nous condamne, ne laissons pas les pensées et les émotions négatives nous écraser, mais souvenons-nous que « Si quelqu'un a péché, nous avons un avocat auprès du Père, Jésus Christ le juste. Il est lui-même une victime expiatoire pour nos péchés » (Cf. 1 Jn 2.1-2).
Confessons comme David dans le Ps 131.2 : J'ai l'âme calme et tranquille, parce que Jésus a obtenu le plein pardon de Dieu pour nous. Affirmons avec Es 53.5 : Mais il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités ; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui. Avec l’aide du Saint-Esprit, apprenons à regarder uniquement à Jésus-Christ frappé pour nos péchés, afin que nous recevions la paix. En Jésus, nous sommes parfaitement pardonnés, nous n’avons nul besoin de nous pardonner nous-mêmes. Que le Seigneur vous remplisse de sa paix !
A bientôt…
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