En ce jour de Pentecôte, je vous propose de réfléchir sur le baptême dans le Saint-Esprit. Le Nouveau Testament parle beaucoup de cette vérité, mais elle a suscité de nombreuses controverses, surtout depuis l'émergence des mouvements Pentecôtistes et Charismatiques du 20ème siècle. On se dispute sur les termes à utiliser : faut-il parler de baptême « dans le Saint-Esprit », « par le Saint-Esprit » ou « du Saint-Esprit » ? À mon avis, ces débats n'ont pas vraiment d'importance. Souvent, les controverses historiques se concentrent sur des termes qui peuvent créer des divisions inutiles.
La première mention du baptême dans le Saint-Esprit dans le Nouveau Testament se trouve chez Jean-Baptiste, qui différenciait son baptême d'eau du baptême de Jésus par l'Esprit (Cf. Mt 3.11 ; Mc 1.8 ; Lu 3.16). Jean-Baptiste a dit : Celui qui m'a envoyé baptiser d'eau, celui-là m'a dit : Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et s'arrêter, c'est celui qui baptise du Saint Esprit (Jn 1.33). Même si l'Évangile de Jean parle beaucoup du Saint-Esprit, c'est la seule référence explicite au baptême de l'Esprit dans ce livre. La référence suivante au baptême dans le Saint-Esprit se trouve chez Luc, qui rapporte les paroles de Jésus juste avant son ascension au ciel dans Ac 1.5 : Jean a baptisé d'eau, mais vous, dans peu de jours, vous serez baptisés du Saint Esprit.
Quand Jésus a demandé à Jean de le baptiser, celui-ci a d'abord essayé de le dissuader, puis a finalement accepté (Cf. Mt 3.14-15). Ensuite, dans Matthieu 3.16, il est écrit : Dès que Jésus eut été baptisé, il sortit de l'eau. Et voici, les cieux s'ouvrirent, et il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir sur lui. C'est à ce moment-là que Jésus lui-même a reçu le Saint-Esprit sans mesure (Cf. Jn 3.34), et le Père a rendu un témoignage extraordinaire en disant : Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection (v.17).
Dans les Actes des Apôtres, nous trouvons plusieurs passages qui montrent que le baptême dans l'Esprit est l'œuvre de Jésus depuis le ciel, où il est assis à la droite de Dieu. L'expérience du baptême dans le Saint-Esprit est clairement décrite dans au moins cinq endroits du livre des Actes (Cf. 2.4 ; 8.1 ; 9.17-18 ; 10.44 ; 11.16 et 19.6). Si ces références indiquent le baptême dans l'Esprit initial, on peut également soutenir que le même phénomène peut se reproduire plusieurs fois pour les mêmes personnes.
En effet, dans Ac 4.8, nous lisons : Alors Pierre, rempli du Saint Esprit, leur dit : Chefs du peuple, et anciens d'Israël. Nous savons que Pierre a été baptisé dans l'Esprit le jour de la Pentecôte, car il faisait partie des cent vingt présents dans la chambre haute. Cependant, Pierre a été rempli à nouveau à ce moment-là, lorsqu'il s'adressait aux responsable religieux du temple de Jérusalem et aux docteurs de la loi. Si tel est le cas, la même chose est arrivée à Paul dans Ac 13.9 : Alors Saul, appelé aussi Paul, rempli du Saint Esprit, fixa les regards sur lui, et dit. Même s'il avait déjà été rempli de l'Esprit dans Ac 9.17, il l'a été à nouveau pour faire face à un magicien qui s'opposait à la prédication de l'Évangile (Cf. Ac 13.8-12).
Bien évidemment, comment ne pas évoquer les événements qui ont suivi une imposante réunion de prière, telle que décrite dans Ac 4.31 : Quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla ; ils furent tous remplis du Saint Esprit, et ils annonçaient la parole de Dieu avec assurance. Il est important de noter que ces mêmes individus avaient déjà été baptisés du Saint-Esprit, comme nous le lisons dans Ac 2.1-4, et pourtant ils furent à nouveau remplis de l'Esprit afin de continuer de servir Dieu.
Le terme « baptiser » signifie, de manière technique, « être immergé ou plongé ». Cependant, nous constatons également que l'Esprit descend ou vient sur les personnes (Cf. Ac 8.16 ; 10.44). Les disciples devaient être revêtus de la puissance d'en haut (Lu 24.49), ce qui semble suggérer que l'Esprit descend du ciel. Mais à la fin, c’est quand même le résultat qui compte, non ? Certains soutiennent que le baptême du Saint-Esprit est une expérience initiale unique, tandis que d'autres croient qu'il peut se reproduire à maintes reprises. Il semble tout à fait possible que le Saint-Esprit puisse descendre sur une personne à plusieurs reprises, même si celle-ci a déjà été baptisée du Saint-Esprit.
Les évangéliques conservateur soutiennent que le baptême dans le Saint-Esprit est un événement qui se produit de manière inconsciente pour chaque croyant au moment de leur conversion. Cette position s'appuie principalement sur 1 Co 12.13 : Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. Pour les évangéliques conservateurs, ce verset est décisif, clair et sans équivoque. Le baptême dans le Saint-Esprit fait partie intégrante du parcours de conversion, de régénération et de réception de la foi salvatrice d'une personne.
Certains affirment que cela se produit lors du baptême d'eau, tandis que d'autres enseignent que la foi salvatrice elle-même est le baptême du Saint-Esprit. Quoi qu'il en soit, selon la majorité des évangéliques conservateurs, tous les chrétiens ont déjà été baptisés du Saint-Esprit. Ainsi, leur dire qu'ils doivent aussi recevoir le baptême du Saint-Esprit est considéré comme un déni de leur conversion. Ces personnes apprennent et enseignent qu'elles ont « tout reçu » lors de leur conversion. Il est vrai que tous ceux qui enseignent que chaque chrétien est baptisé du Saint-Esprit à sa conversion ne sont pas nécessairement des cessationistes (ceux qui croient que les dons spirituels miraculeux ne sont plus d’actualité), mais tous les cessationistes croient certainement que le baptême de l'Esprit est donné au moment de la conversion. Les deux termes sont synonymes pour eux.
Cependant, il est incorrect de confondre le baptême du Saint-Esprit décrit en Ac 2.4 avec 1 Co 12.13, et prétendre que tous les chrétiens vivent automatiquement ce que l'Église primitive a vécu dans la chambre haute. Paul ne dit pas que tous les chrétiens reçoivent le baptême du Saint-Esprit tel qu'il est décrit dans les Actes des Apôtres au moment de leur conversion. Non, 1 Co 12.13 ne décrit pas une expérience consciente, mais se réfère à un événement objectif et inconscient ! Ce verset ne fait pas référence à l'expérience du baptême du Saint-Esprit que nous trouvons dans les Actes des Apôtres, et n’affirme pas que tout est reçu à la conversion.
À ceux qui croient que 1 Co 12.13 montre que tout est obtenu à la conversion, je leur demanderai pourquoi Paul dit-t-il dans 1 Co 12.31 : Aspirez aux dons les meilleurs ? Il est évident que les disciples étaient pardonnés de leurs péchés avant la venue de l'Esprit à la Pentecôte, puisque Jésus avait affirmé qu'ils avaient été purifiés (Cf. Jn 13.10 ; Jn 15.3). De plus, Il leur avait certifié que leurs noms étaient écrits dans les cieux (Lu 10.20), ce qui prouve que leur salut était déjà acquis. Nous voyons ensuite que le jour de sa résurrection, Jésus a soufflé sur les disciples et leur a dit : Recevez le Saint-Esprit (Jn 20.22). Certains prétendent que l’action de Jésus était symbolique, qu’il préfigurait ce qui allait se passer le jour de la Pentecôte.
Cependant, la forme verbale dans le texte grec indique que la réception a bien eu lieu au moment précis où Jésus a soufflé sur ses disciples, et non quelques jours plus tard à la Pentecôte. Pourquoi a-t-il fait cela ? Ce geste du Seigneur n’est pas sans rappeler Ge 2.7 où il est dit que : L'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant. En d’autres mots, La rédemption avait été accompli, Jésus était ressuscité, ce qui veut dire que les disciples pouvaient être régénérés par la vie du Saint-Esprit qui leur a été transmise par le souffle du Seigneur. Alors qu’ils étaient déjà sauvés, ils devaient attendre la résurrection pour être régénérés spirituellement.
Le passage de Jn 20.22 fait référence à l'expérience de régénération spirituelle des disciples, qui s'est produite immédiatement après la résurrection de Jésus. Il est important de noter que cette régénération était désormais accessible à tous, sans la nécessité que Jésus répète l'acte de souffler sur eux, tel qu'il l'avait fait précédemment. Ainsi, ce sont des disciples régénérés qui ont patiemment attendu dans la chambre haute jusqu'à ce qu'ils reçoivent la puissance de l'Esprit, afin de devenir les témoins de Christ à travers le monde entier. (Cf. Ac 1.8). L'expérience du baptême du Saint-Esprit vécue par les disciples le jour de la Pentecôte démontre que ce baptême était conscient, et qu'il leur est arrivé alors qu'ils avaient déjà cru et avaient été régénérés.
Je ne sais pas ce qu'il en est pour vous, mais restons fidèles à l'enseignement des Saintes Écritures. Voici ce que nous enseigne la Pentecôte : premièrement, que la régénération spirituelle, ou nouvelle naissance, est distincte du baptême dans le Saint-Esprit. Les deux expériences peuvent arriver d’une façon qui semble simultanée, mais elles n’en demeurent pas moins distinctes l’une de l’autre. Deuxièmement, que le baptême du Saint-Esprit ne doit pas simplement être un dogme pour nous, mais qu’il devienne une expérience tangible qui nous ouvre la porte vers une dimension de puissance. Prions donc le Seigneur de nous remplir du Saint-Esprit, comme il l'a fait avec les cent vingt croyants lors de la Pentecôte.
A bientôt…
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