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CHRIST : L’ACCOMPLISSEMENT DE LA FÊTE DE PÂQUE

En ce week-end pascal, j’ai estimé utile de vous parler de cet évènement fondamental de la révélation biblique. Je ne vais pas revenir sur l’origine de la Pâque. Si vous êtes chrétien, vous devez savoir que le chapitre douze du livre de l’Exode constitue l’arrière-plan historique de ce qui est devenu, par la suite, une des principales fêtes juives. Il suffit de dire que l’institution de la Pâque a eu lieu lors de la délivrance du peuple d’Israël de l’esclavage en Egypte. Plus tard, l’apôtre Paul a écrit dans 1 Co 5.7-8 :

7 Faites disparaître le vieux levain, afin que vous soyez une pâte nouvelle, puisque vous êtes sans levain, car Christ, notre Pâque, a été immolé.

8 Célébrons donc la fête, non avec du vieux levain, non avec un levain de malice et de méchanceté, mais avec les pains sans levain de la pureté et de la vérité.

Avant de voir comment Jésus est l’accomplissement de la fête de Pâque, je souhaite dire quelques mots sur cette fête que des millions de Chrétiens célèbrent chaque année. Je le ferai en posant une simple question : « Devons-nous célébrer la fête de Pâque ? ». Notez que je ne demande pas si nous pouvons, mais si nous devons la célébrer, à savoir : est-ce un devoir, une obligation liée à notre foi chrétienne. Beaucoup répondent par l’affirmative, surtout que le v.8 de notre texte commence avec ces mots : Célébrons donc la fête...


Depuis plusieurs décennies, bien avant les « antivax », il y a, plus particulièrement dans le monde évangélique, les « anti-noël », c’est-à-dire ceux qui sont persuadés que participer d’une manière ou d’une autre à la fête de Noël, c’est se rendre complice d’une horrible fête païenne qui déshonore le nom de Jésus. Mon but n’est pas d’entrer dans une polémique inutile, car les certitudes à ce sujet ont atteint un niveau regrettable, au point où il est dangereux de nos jours de souhaiter un joyeux noël aux chrétiens évangéliques, certains pouvant se mettre dans une colère incontrôlée et vous accuser d’hérésie...


Mais ces mêmes croyants trouvent normal de fêter Pâque, comme allant de soi avec notre foi. Pour eux, la fête de Pâque est biblique et légitime, donc recommandée, pour ne pas dire obligatoire. Mais Pâque est-elle une fête chrétienne, c’est-à-dire une fête que Dieu nous demande de célébrer ? Je ne vais pas tourner autour du pot : dans l’économie de l’Eglise et du Royaume de Dieu, il n’y a aucune fête à observer ! Dieu ne demande pas aux disciples de Jésus d’observer la moindre fête comme une pratique nécessaire à la foi chrétienne, selon le modèle du judaïsme Mosaïque. Si les fêtes étaient obligatoires sous l’ancienne alliance, c’est parce qu’elles pointaient symboliquement vers la personne et l’œuvre de Jésus, mais depuis la mort et la résurrection du Christ, ces fêtes n’ont plus lieu d’être, car elles se sont toutes accomplies en Jésus. C’est pourquoi Paul affirme dans Col 2.16-17 :

16 Que personne donc ne vous juge au sujet du manger ou du boire, ou À propos d'une fête, d'un nouveau mois ou du sabbat:

17 tout cela n'était que l'ombre des choses à venir, mais la réalité est en Christ.


Cela signifie que la mort et la résurrection de Jésus ont rendu toutes les fêtes juives de l’Ancien Testament caduques, dépassées. Elles ne participent en rien à notre spiritualité ou à notre union avec Jésus. En tant que chrétiens, nous n’avons pas à célébrer, par exemple, Roch Hachana, la fête juive célébrant la nouvelle année civile du calendrier hébraïque, ou Hanoucca, la fête juive commémorant la ré-inauguration de l'autel des offrandes dans le Second Temple de Jérusalem. Attention d’importer dans la nouvelle alliance, des éléments de l’ancienne alliance, parmi lesquels se trouvent les fêtes juives ou le Sabbat...


Il y a aujourd’hui dans le christianisme évangélique, un important courant « judaïsant » qui véhicule l’idée que nous devrions revenir aux racines hébraïques de la foi chrétienne, en incluant dans le christianisme certaines croyances et pratiques du judaïsme ancien. Je rappelle que Paul a passé une bonne partie de son temps à résister aux Judaïsants de son époque, ce qui a d’ailleurs motivé le concile de Jérusalem dont parle Actes 15. Hélas ! Les chrétiens du 21ème siècle souffrent de perte de mémoire : ils oublient les tentatives de récupération que l’Eglise du temps des Apôtres a dû combattre, car les judaïsants voulaient imposer des rituels juifs à la foi des nouveaux convertis. Regardez ce que Paul a écrit dans sa lettre aux Galates :

Ga 2.4 : Et cela, à cause des faux frères qui s'étaient furtivement introduits et glissés parmi nous, pour épier la liberté que nous avons en Jésus Christ, avec l'intention de nous asservir.

Ga 5.1 : C'est pour la liberté que Christ nous a affranchis. Demeurez donc fermes, et ne vous laissez pas mettre de nouveau sous le joug de la servitude.


Alors, je pose de nouveau la question : devons-nous célébrer le fête de Pâque ? Non, nous ne sommes pas dans l’obligation de célébrer la fête de Pâque, mais nous le pouvons si nous le désirons, à condition de ne pas la considérer comme un moyen de salut ou comme une œuvre nous rendant agréables aux yeux de Dieu. C’est aussi simple que cela. Ceci étant dit, revenons au sens véritable de la fête de Pâque, et surtout comment Jésus en est l’accomplissement.


Depuis sa sortie d’Egypte, les juifs célébraient chaque année la fête de la Pâque en tuant un agneau et en l'offrant en sacrifice à Dieu. Mais le sang d'un animal ne pouvait que couvrir leurs péchés, il ne pouvait pas les effacer. C'est pourquoi Dieu a envoyé des prophètes pour expliquer au peuple qu'un jour, un « agneau humain » viendrait régler une fois pour toutes le problème du péché et de la mort spirituelle. Le prophète Ésaïe a parlé de la souffrance qu'éprouverait cet agneau humain. Il en a fait une description très claire et imagée, qui est consignée dans le chapitre 53 de son livre.


Lorsque le moment était venu pour cet agneau humain d’être sacrifié, le Fils de Dieu a traversé le temps et l'espace, et est devenu l'un de nous en la personne de Jésus de Nazareth. A cette occasion, le Père a envoyé un dernier prophète pour aider le peuple d’Israël à le reconnaître. Ce prophète était bien sûr Jean, surnommé le Baptiste, le précurseur de Jésus. Il a présenté Jésus par ces mots dans Jn 1.36 : Voilà l'Agneau de Dieu. Cela signifie que Jean-Baptiste a identifié Jésus comme l'agneau humain dont parlait Ésaïe, celui qui donnerait sa vie pour les péchés du monde. En fait, Jésus est né dans ce but précis (Cf. Ac 2.22-23). En raison des sacrifices religieux à répétition depuis 1500 ans en Israël, le peuple juif a immédiatement saisi la signification des déclarations de Jean concernant Jésus.


Puisque c'était la raison de sa naissance, la vie entière de Jésus a été prédestinée pour qu'il accomplisse la Pâque comme Dieu l’avait instituée quinze siècles auparavant. C'est pourquoi, à l'approche du moment de sa mort, Jésus a délibérément organisé son itinéraire et ses activités personnelles autour des événements associés à la sélection, à l'épreuve et à la mort de l'agneau lors de la fête de Pâque. De cette façon, le peuple juif serait en mesure de comprendre qui il était et ce qu'il faisait vraiment. Ils avaient en effet joué le drame de la rédemption à travers l'image de la Pâque, année après année. Ils devraient donc comprendre ce que le Christ allait vivre. Notez ceci : Jésus a été mis de côté pour être examiné et crucifié le mois, le jour et l'heure exacts où les Juifs offraient l’agneau en sacrifice. Voyons comment cela s’est accompli dans le Nouveau Testament.


Lorsque Dieu a établi la fête de la Pâque en Égypte, il a demandé aux Juifs de mettre de côté leur agneau le dixième jour du mois de Nisan afin de s’assurer qu’il convienne au sacrifice (Cf. Ex 12.3-6). Dans le Nouveau Testament, nous apprenons que c'est aussi le dixième jour du mois de Nisan que Jésus est arrivé à Jérusalem pour être mis de côté comme agneau humain. Dans Jn 12.1, nous lisons : Six jours avant la Pâque, Jésus arriva à Béthanie. Comme la Pâque était célébrée le 14 Nisan, cela signifie que Jésus est arrivé à Béthanie le 9 Nisan. Jean nous donne ensuite d'autres informations pour nous montrer que Jésus est entré à Jérusalem le 10 Nisan, car nous lisons dans Jn 12.12-13 :

12 Le lendemain, une foule nombreuse de gens venus à la fête ayant entendu dire que Jésus se rendait à Jérusalem,

13 prirent des branches de palmiers, et allèrent au-devant de lui, en criant: Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le roi d'Israël !


Jean précise que c'est le lendemain que Jésus est entré à Jérusalem et qu'il a été salué par les foules en liesse. Comme Jésus est arrivé à Béthanie le 9 Nisan, le jour suivant ne pouvait être que le 10 Nisan. Jésus est entré à Jérusalem pour être mis à part comme l'agneau humain de Dieu à la date exacte où Dieu avait dit aux Juifs de mettre à part leurs agneaux en Égypte. Jésus accomplissait en Lui-même la réalité ultime de la fête de la Pâque. Comme mentionné dans Ex 12.5, mettre à part l'agneau avait pour but de l'observer afin de s'assurer qu'il était sans défaut. Comme l’agneau devait être offert au Dieu parfait, il ne fallait pas lui offrir en sacrifice un animal imparfait.


Les Juifs ont donc observé et testé l'agneau pendant cinq jours pour s'assurer qu'il était sans défaut. De même, Jésus, l'agneau humain, a été observé et testé pendant cinq jours par les chefs religieux. Ils ont mis en doute son autorité (Cf. Mt 21.23-27). Ils lui ont posé des questions pièges en espérant qu'il donnerait une mauvaise réponse qu'ils pourraient utiliser contre lui (Cf. Mt 23). Ils ont fait tout ce qu'ils pouvaient pour pointer un doigt accusateur sur lui. Ils voulaient le discréditer afin qu'il ne soit pas un sacrifice acceptable.


Mais Jésus leur répondait toujours parfaitement. Ils ne trouvaient rien à redire à son sujet. Finalement, en désespoir de cause, ils ont emmené Jésus chez Pilate, le gouverneur romain, dans l'espoir qu'il trouve quelque chose à redire de lui. Mais après avoir interrogé et maltraité Jésus, Pilate sortit de nouveau, et dit aux Juifs : Voici, je vous l'amène dehors, afin que vous sachiez que je ne trouve en lui aucun crime (Jn 19.4). Tout cela s'est passé pendant la période des cinq jours allant du 10 au 14 Nisan, lorsque les Juifs vérifiaient les agneaux à sacrifier. Finalement, Jésus a été crucifié le 14 Nisan. Il n'a pas seulement été crucifié le jour même où les agneaux étaient tués, mais il l’a été à la même heure de la journée.


Avec une quantité si élevée d'agneaux, en raison du nombre important de pèlerins venus à Jérusalem pour le fête, les Juifs les préparaient pour le sacrifice à partir de neuf heures du matin le 14 Nisan. Ils les tuaient ensuite à trois heures de l'après-midi, afin que la Pâque puisse être achevée avant six heures, qui marquait le début d'un nouveau jour. Ce laps de temps était désigné par l’expression « entre les deux soirs » (Ex 12.6). De même, à l'heure exacte où les Juifs préparaient leurs agneaux pour le sacrifice, Jésus a été cloué sur la croix. Nous lisons dans Mc 15.25 : C'était la troisième heure, quand ils le crucifièrent. Il faut savoir que la troisième heure correspond à neuf heures du matin chez les juifs. Pour que le sacrifice de la Pâque s’accomplisse en sa mort sur la croix, Jésus a réalisé la prophétie d'Es 53.4-7 :

4 Cependant, ce sont nos souffrances qu'il a portées, C'est de nos douleurs qu'il s'est chargé ; Et nous l'avons considéré comme puni, Frappé de Dieu, et humilié.

5 Mais il était blessé pour nos péchés, Brisé pour nos iniquités ; Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, Et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.

6 Nous étions tous errants comme des brebis, Chacun suivait sa propre voie ; Et l'Éternel a fait retomber sur lui l'iniquité de nous tous.

7 Il a été maltraité et opprimé, Et il n'a point ouvert la bouche, Semblable à un agneau qu'on mène à la boucherie, A une brebis muette devant ceux qui la tondent ; Il n'a point ouvert la bouche.


Puis, à trois heures de l’après-midi, alors que les prêtes au Temple égorgeaient les agneaux, Jésus est mort. Marc a pris soin de noter l'heure exacte en disant dans son évangile (15.33-37) :

33 La sixième heure étant venue, il y eut des ténèbres sur toute la terre, jusqu'à la neuvième heure.

34 Et à la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte: Éloï, Éloï, lama sabachthani ? ce qui signifie: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ?

35 Quelques-uns de ceux qui étaient là, l'ayant entendu, dirent: Voici, il appelle Élie.

36 Et l'un d'eux courut remplir une éponge de vinaigre, et, l'ayant fixée à un roseau, il lui donna à boire, en disant: Laissez, voyons si Élie viendra le descendre.

37 Mais Jésus, ayant poussé un grand cri, expira


La neuvième heure correspond à trois heures de l’après-midi chez les juifs. Et c’est à cette heure exacte, sur la croix de Golgotha que Jésus s'est donné entièrement, en mourant pour nos péchés. Mais il n’y a pas que l’heure, tous les autres détails concernant la mort des agneaux ont été appliqués à Jésus qui était le véritable Agneau de Dieu. Par exemple, ses os n'ont pas été brisés. Tout d’abord, il faut savoir que Dieu avait expressément ordonné aux israélites de ne briser aucun os de l'agneau lors de l’institution de la Pâque : On ne la mangera que dans la maison ; vous n'emporterez point de chair hors de la maison, et vous ne briserez aucun os (Ex 12.46). Or, que s’est-il passé sur la croix ?


Lorsqu'une personne est crucifiée, son corps s'affaisse de telle sorte qu'elle ne peut plus respirer. Elle doit alors se soulever avec ses talons juste le temps de prendre une grande inspiration. Pour accélérer la mort de la personne, un soldat romain lui cassait les jambes afin qu’elle ne puisse plus se soulever pour respirer. L’apôtre Jean rapporte que les jambes de Jésus ont bien failli être brisé, mais que les choses se sont passée différemment que ce que les responsables juifs avaient voulu. Nous lisons dans Jn 19.31-36 :

31 Dans la crainte que les corps ne restassent sur la croix pendant le sabbat, car c'était la préparation, et ce jour de sabbat était un grand jour, les Juifs demandèrent à Pilate qu'on rompît les jambes aux crucifiés, et qu'on les enlevât.

32 Les soldats vinrent donc, et ils rompirent les jambes au premier, puis à l'autre qui avait été crucifié avec lui.

33 S'étant approchés de Jésus, et le voyant déjà mort, ils ne lui rompirent pas les jambes ;

34 mais un des soldats lui perça le côté avec une lance, et aussitôt il sortit du sang et de l'eau.

35 Celui qui l'a vu en a rendu témoignage, et son témoignage est vrai ; et il sait qu'il dit vrai, afin que vous croyiez aussi.

36 Ces choses sont arrivées, afin que l'Écriture fût accomplie: Aucun de ses os ne sera brisé.


Voici un autre exemple : Dieu avait spécifiquement ordonné aux Juifs de consommer l'agneau en entier, car il est écrit dans Ex 12.10 : Vous n'en laisserez rien jusqu'au matin. Ce fut également le cas pour Jésus. Les chefs religieux juifs, ne réalisant pas qu'ils exécutaient le plan de Dieu, se sont empressés de faire en sorte que le corps de Jésus soit descendu de la croix avant que ne commence le sabbat, c’est-à-dire à six heures du soir (Cf. Jn 19.31). Alors qu’il arrivait que certains crucifiés restaient sur la croix parfois pendant deux ou trois jours, le temps qu’il leur fallait pour mourir, Jésus, l'agneau humain, n'a pas été laissé sur la croix jusqu'au matin, réalisant ainsi en sa personne l’ordre de Dieu concernant le sacrifice de la Pâque.


Il y aurait tant à dire sur le sujet, mais cela suffit pour que nous nous souvenions que Christ, par sa personne et son œuvre sur la croix, est l’accomplissement de la fête de Pâque. Dieu n’exige pas que nous observions cette fête, la réalité ayant été accomplie, nous n’avons plus besoin du symbole. Cependant, si la fête de Pâque nous permet de rendre grâce au Seigneur pour le salut qu’il nous accorde en son Fils Jésus, alors oui, Célébrons donc la fête (1 Co 5.8), non pas comme le rituel d’un devoir religieux imposé, mais en esprit et en vérité (Jn 4.24).


A bientôt...




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