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DEMAIN : LA FIN DE NOTRE CIVILISATION / Partie 2

II – LE PROCESSUS DE L’EFFONDREMENT SYSTEMIQUE

L’activité humaine pour se nourrir, boire de l’eau potable, se chauffer, se déplacer, travailler, et aussi voyager, se distraire… génère 2 effets dévastateurs pour notre terre :

- La disparition des ressources naturelles.

- Le rejet de polluants innombrables dans la nature et notamment les fameux gaz à effet de serre (GES) dont le rejet est supérieur à ce que les écosystèmes terrestres et marins peuvent assimiler, d’où des conséquences sur le dérèglement climatique.

Mais si la disparition des ressources naturelles (A) et le dérèglement climatique (B) auront des conséquences progressives sur notre mode de vie, il en sera bien autrement de la brutalité d’une éventuelle crise financière (C).




A- LA DISPARITION DES RESSOURCES

Une des conséquences de la surexploitation des ressources de notre Terre est tout simplement la disparition à terme de ces ressources.

Prenons le cas du pétrole.

Tout le monde ou presque pense qu’on aura toujours du pétrole et que les réserves sont inépuisables. En fait, il faut ici définir 2 grands types de réserves, celles du pétrole conventionnel, jusqu’ici assez facilement exploitable et transportable, et celles du pétrole dit non conventionnel qui se trouve dans les sables et les schistes bitumineux (difficilement exploitable et très polluant) et en eau profonde (offshore).

Tous les scientifiques s’accordent pour dire que la production de pétrole conventionnel a atteint son pic en 2005-07, et si vous visualisez ce qu’est un pic, vous constatez qu’après le sommet, il y a une chute de cette courbe, ce qui correspond au déclin actuel la production de pétrole conventionnel dans le monde.

La courbe de la production déclinante va croiser la courbe ascendante des besoins, car à cause de la course à la croissance tant des pays riches que des pays émergents, notre besoin en pétrole va croissant. Entre 1997 et 2014, la consommation mondiale de pétrole est passée de 72 à 92 millions de barils par jour. Au rythme où va l’extraction, nous pourrions avoir épuisé les réserves de pétrole conventionnel d’ici à quelques décennies.

Mais s’il faut 2 dollars pour extraire un baril de pétrole conventionnel, il faudra 200 dollars pour un baril de pétrole non conventionnel. La production de pétrole aujourd’hui est donc bien plus coûteuse qu’il y a 15 ans.

A voir le nombre croissant de voitures, d’avions, de bateaux en circulation dans le monde, nous finirons inévitablement un jour par avoir un pétrole tellement onéreux à extraire qu’il deviendra un produit rare ou trop cher à l’achat, et ce jour est pour demain. Et sans pétrole, que serait notre vie ? Plus de voiture, plus d’avion, plus de transport maritime, d’où une paralysie des échanges commerciaux et de l’économie mondiale.

Ce qui est valable pour le pétrole l’est également pour d’autres ressources non renouvelables telles que les minerais courants (zinc, plomb, cuivre, aluminium, phosphore…) et les métaux rares (cobalt, platine, etc.) indispensables pour nos téléphones portables, nos télévisions, nos ampoules à LED, mais également pour toutes les batteries de stockage électrique (donc pour les énergies dites renouvelables, éolien, solaire...).

Les matières liées aux produits dits écologiques ou aux énergies renouvelables (silicium utilisé dans les panneaux solaires, terres rares dans les éoliennes, lithium et cobalt dans les batteries des voitures électriques) sont elles aussi en voie d'épuisement, et plutôt rapide (entre 40 et 50 ans de réserves supposées, au rythme de consommation actuel).

Toutes les ressources renouvelables sont également vouées à souffrir de surexploitation, de dégradation ou de pollution, notamment l'air, l'eau, les sols (terres cultivables), ou encore la diversité biologique de la flore et de la faune (forêts, pâturages, poissons, toute la biodiversité). Jusqu'à 30 millions d'hectares de surfaces cultivables sont perdus chaque année, soit l'équivalent de la superficie de l'Italie, par épuisement, pollution, salinisation, bétonnage, etc. Le désert dans le monde gagne du terrain. Plus de 40 % de la surface du globe est actuellement constituée par des terres arides ou semi-arides, sur lesquelles (sur)vit un tiers de la population mondiale.

On a actuellement inventorié 2 millions d’espèces vivantes. Mais chaque année, plus de 26 000 espèces issues de la flore et de la faune sauvages disparaissent de la surface de la planète. Bientôt, nous aurons plus de plastiques et de méduses dans l’Océan mondial que de poissons, et plus aucun poisson “sauvage” issu de la pêche d’ici 20 à 30 ans. Lorsqu’on regarde le graphique représentant toute la période durant laquelle l’activité de l’homme a eu un impact majeur sur la Terre (Anthropocène), on constate une croissance exponentielle des indicateurs entre 1950 et 2000. Tendance qui s’est accélérée durant ces 18 dernières années.

Nous venons de voir qu’une des conséquences de l'industrialisation, du développement des échanges commerciaux, de la croissance économique des pays riches et des pays émergents, est la disparition progressive et définitive des ressources naturelles dans les 40-50 ans à venir.

Une autre des conséquences, et non des moindres de l’activité de l’homme, est le dérèglement climatique.


B- LE DEREGLEMENT CLIMATIQUE

L’utilisation des énergies fossiles, principalement le charbon et le pétrole, ne se fait pas sans conséquence sur notre environnement. La combustion de ces stocks fossiles entraîne des rejets de déchets dans l’atmosphère, notamment le dioxyde de carbone qui est le 1er 4/6 responsable de l’effet de serre et du réchauffement climatique. Avec la fonte des glaciers de montagne et des calottes glaciaires (Groenland et pôles), une montée des eaux des océans est inévitable, un bon nombre d’îles paradisiaques dans l’océan Indien et le Pacifique en subissent déjà les conséquences.

Les records de chaleur, les feux de forêt spontanés (en Suède cet été !), les orages répétés et les inondations vont faire partie du régime ordinaire à travers le monde. Les ouragans et les typhons vont devenir plus fréquents et plus intenses, et à la Réunion, il ne sera pas rare d’avoir des cyclones jusque fin avril, car le réchauffement climatique est avant tout un dérèglement du cycle de l’eau à l’échelle planétaire.

Le désert de Gobi frappe à la porte de Pékin du fait de la déforestation, de l’agriculture intensive et de l’urbanisation massive, laissant sur son passage des millions de gens contraints d’abandonner leurs villages pour se réfugier dans une zone urbaine déjà surpeuplée. Tous ces Européens qui se plaignent de voir débarquer dans leur pays, année après année, des milliers de réfugiés, ne sont pas au bout de leur peine. Dans un rapport publié en 2012, l’ONU prédisait 250 millions de déplacés climatiques et donc économiques dans le monde en 2050. Les votes populistes et extrémistes risquent d’ébranler nos démocraties.

Mais si la disparition des ressources naturelles et le réchauffement climatique ont des conséquences directes mais progressives sur notre mode de vie actuel dans les 10 à 20 ans à venir, il n’en sera pas de même de l’explosion des marchés financiers spéculatifs.


C- L’EXPLOSION DU SYSTEME FINANCIER

Une des racines de la crise de 2008 était l’absence quasi-totale de régulation au sein des banques. Les Etats ont-ils réagi et décidé de contrôler voire limiter la spéculation sur les marchés financiers ?

La réponse est NON !

Non seulement les Etats n’ont rien fait pour empêcher les dérives boursières qui ont conduit à la crise de 2008, mais ils ont encore par la suite inondé ces mêmes marchés financiers de centaines de milliers de milliards de dollars pour sauver le système bancaire et soutenir le rythme de la croissance (cette fameuse croissance derrière laquelle tout le monde court, du plus petit d’entre nous jusqu’aux Etats les plus puissants de la planète). Les indicateurs techniques boursiers montrent aujourd’hui la fuite en avant du système.

Par ailleurs, il faut savoir que les marchés financiers ne sont plus gérés par des hommes mais par de puissants ordinateurs avec des algorithmes sophistiqués, les transactions se faisant à la vitesse de la lumière. Dans une grande banque américaine, la Goldmann Sach, ils étaient 600 tradeurs en 2007, aujourd’hui, ils ne sont plus que 2. Certes, me direz-vous, la bourse est au beau fixe. Le Dow Jones (indice boursier de New-York) est passé de 6.000 points en 2009 à 25.000 en 2018 soit 400% de hausse en 9 ans. Mais on a la mémoire courte : la plus longue hausse boursière de l’Histoire n’a duré que 9 ans, c’était entre 1920 et 1929, et les crises financières sont généralement cycliques avec un cycle de 10 ans en moyenne.

5 grandes crises boursières se sont ainsi succédées, 1972-1973 à cause du choc pétrolier, 1980 à cause du 2ème choc pétrolier, mais on a aussi une crise en 1987. En l’an 2000, cela a été l’explosion de la bulle Internet, puis en 2008 la crise des subprimes. Aujourd'hui, de nombreux économistes prédisent un krach boursier pour 2019-2020. Mais dans l’euphorie actuelle, les plus optimistes vous diront que cela n’arrivera pas, que les marchés financiers ne se sont jamais aussi bien portés, qu’ils s’auto-régulent...

Les grandes institutions financières comme le FMI et la Banque Centrale Européenne nous prédisent un avenir radieux fait de croissance économique continue, sauf qu’historiquement, quand les 2 sont d’accord, c’est le scénario inverse qui se produit. Cela a été le cas pour la crise de 2008 où les 2 institutions indiquaient que tout allait bien dans le meilleur des mondes.

Vous savez, c’est comme quand on traverse l’œil d’un cyclone, où tout est étrangement calme, illusoirement calme, et puis subitement, le vent se déchaîne et des trombes d’eau s’abattent sur vous. Nul ne peut prédire aujourd’hui quel sera le déclencheur de cette crise financière, est-ce l’explosion d’une bulle spéculative (bulle immobilière en Chine, dette de 1000 milliards de dollars des étudiants américains…) ? Ou l’augmentation du taux directeur de la Banque centrale américaine ?

En Chine, la dette des entreprises a augmenté de 660 milliards de dollars en 2016, une croissance bien supérieure à celle observée aux Etats-Unis avant la crise financière de 2008 ou au Japon avant la crise bancaire de 1991. La dette des ménages américains a dépassé en 2017 son précédent record établi en 2008. En tout état de cause, la hausse de l’endettement privé et public ne pourra pas grimper à l’infinie et un prochain krach boursier paraît inéluctable, à brève échéance.

Ne pourra pas-t-on alors, comme en 2008, compter sur les Etats pour sauver le système financier ? Il faut savoir que la quasi-totalité des Etats se financent par la dette, car nos impôts et taxes diverses ne suffisent pas à couvrir les dépenses publiques. C’est grâce à la dette publique que les pays maintiennent artificiellement le niveau de vie de leurs habitants. Qu’est-ce qui a alors changé par rapport à 2008 ?

Aujourd’hui, nous nous retrouvons dans la même situation que cette petite famille qui ne peut plus contracter de prêt parce qu’elle est déjà surendettée, n’étant même plus en capacité de rembourser son prêt en cours. Ainsi, les Etats n'auront pas non plus la capacité de s'endetter comme en 2008 pour renflouer les banques, car l’endettement des pays développés a explosé les limites soutenables. L'ensemble des dettes publiques accumulées dans le monde représente désormais 226 000 milliards de dollars, un montant record qui équivaut à plus de trois fois l'activité économique annuelle de la planète (324% du PIB mondial). En quoi une nouvelle crise financière va-t-elle alors nous impacter si nous n’avons pas des centaines de milliers d’euros placés en bourse ?

A la différence de 2008, les banques en difficultés ne seront plus sauvées par les Etats qui ne pourront pas à nouveau créer des liquidités pour les injecter dans ces banques. Rappelez-vous alors ce qui s’est passé en Grèce il y a 3 ans : des milliers de gens faisant la queue dans la rue pour retirer leur argent des banques… fermées, parce qu’elles ne pouvaient plus faire face à cette demande soudaine et massive de retrait de liquidités (qui n’existent pas matériellement).

C’est aussi ce qui pourrait nous arriver : un nouveau krach boursier entraînera une crise financière majeure sur le plan mondial avec les conséquences suivantes : faillite des banques, des entreprises, paralysie de l’économie mondiale et donc des échanges commerciaux. Pour nous qui vivons sur une île, le problème se pose immédiatement en termes d’approvisionnement de produits alimentaires et de biens de consommation courante, mais aussi de médicaments, de pièces de rechange, etc.

Tout cela est-il bien pessimiste ? Ou réaliste ? Ou trop anxiogène pour qu’on continue d’en discuter ? Et si la fin de notre monde, que l’on prédit dans le courant des années 2020-30, n’était qu’une vue de l’esprit, qu’une hypothèse parmi d’autres ? Permettez-moi alors d’évoquer ce livre que tout le monde appelle le Rapport MEADOWS, du nom de ses 2 principaux auteurs Donella et Dennis.

A bientôt...


Eric Han Kwan

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