Dans une précédente étude, nous avons vu que Dieu demande aux croyants d’exercer leur discernement spirituel afin de ne pas tomber dans les pièges que leurs dresseront les ouvriers trompeurs de Satan. Il dit en effet dans 1 Jean 4.1 : Bien-aimés, n'ajoutez pas foi à tout esprit ; mais éprouvez les esprits, pour savoir s'ils sont de Dieu, car plusieurs faux prophètes sont venus dans le monde. Le message ici est d’une clarté indéniable : les disciples de Jésus ne doivent pas être naïfs et croire que tout ce qui porte une étiquette chrétienne est forcément bon et digne de confiance. Non ! Ils ne doivent jamais oublier que Satan est un maître dans l’art de la falsification, et qu’il n’a de cesse d’imiter ce que Dieu fait, en envoyant ses trois faussaires au sein du Christianisme : les faux prophètes, les faux docteurs et les faux apôtres (Cf. 1 Ti 4.1-2 et 2 Co 11.13). Ces derniers œuvrent à la propagation des trois contrefaçons que Paul cite dans 2 Co 11.4 : un autre évangile, un autre Jésus et un autre Esprit.
Les sensations ou la Bible ?
Si nous abordons la vie chrétienne uniquement avec nos émotions, nous serons des proies faciles à tromper. Aujourd’hui, trop de croyants résonnent uniquement à partir de l’expérience qu’ils ont vécue. Par exemple, si l’environnement dans lequel ils se trouvent leur offre des sensations agréables au moyen d’une louange dynamique et émouvante, agrémentée d’une prédication promettant réussite et accomplissement de destinée, les croyants ont vite fait de déduire que ce qu’ils ont entendu et ressenti venait de Dieu, et que tout est merveilleux ! Les conclusions auxquelles ils arrivent s’appuient alors exclusivement sur ce qu’ils ont ressenti, au point de passer outre ce que l’apôtre Jean leur a ordonné de la part du Seigneur : Éprouvez les esprits, pour savoir s'ils sont de Dieu (1 Jn 4.1)…
Dans le monde entier aujourd’hui, il est malheureusement évident que les églises ont largement abandonné toute forme de discernement spirituel, car seuls comptent le succès et les sensations fortes. J’ai passé la majeure partie de ma vie dans le mouvement charismatique qui met en avant le ressenti. C’est ainsi que s’est développée au fil du temps la notion de « ressentir l’onction ». Ressentir l’onction. Une notion totalement étrangère aux Saintes Écritures pour la bonne raison que l’onction de l’Esprit n’appartient pas au domaine des émotions ou des sensations physiques, mais à celui de la consécration à une tâche particulière de la part de Dieu. Pendant des années, j’ai cru et enseigné que l’onction était une substance dont on pouvait ressentir la présence. J’avais tort, ce n’est pas ce que la Bible dit. Mais je le croyais parce que je nourrissais mon âme auprès des faux prophètes.
Onction ou Émotion ?
Dans les milieux charismatiques, on confond largement « onction » et « émotion », c’est d’ailleurs ce qui explique l’importance démesurée qu’occupe la musique dans les rassemblements. Je crois que si on enlevait la musique du mouvement charismatique, celui-ci se dégonflerait comme un ballon percé. Pourquoi la musique est-elle si indispensable au mouvement charismatique ? Parce qu’elle génère des émotions que l’on pense être « l’onction ». Si les croyants se trouvent dans un rassemblement dans lequel la musique et la louange sont excellentes, et le prédicateur éblouissant dans sa communication, ils disent automatiquement quelque chose du genre : « Waouh ! L’onction du Saint-Esprit est vraiment dans ce lieu, et le Seigneur veut déverser sur nous sa bénédiction… » Mais est-ce vraiment le cas ? Ce qui est ressenti à ce moment précis, est-il un gage que Dieu est réellement présent pour bénir son peuple ?
Comme des centaines de milliers de charismatiques, je l’ai cru pendant longtemps, tant et si bien que lorsque j’entendais Benny Hinn entamer avec son équipe de louange son fameux « Alléluia » au milieu d’un auditorium plein à craquer de plusieurs milliers de personnes, et que des frissons me parcouraient le corps, j’étais persuadé d’être en présence d’un saint homme de Dieu revêtu d’une onction spéciale. Non seulement je chantais et pleurais avec l’auditoire, mais je buvais les paroles de Benny Hinn en disant « Amen ! » à ses prédications. J’étais sous le charme magnétique du Benny Hinn des années 90, l’époque pendant laquelle il était le plus flamboyant, grâce à ses grandes croisades. Je tiens à préciser que je voyais ces croisades via les vidéos cassettes et plus tard Internet. Et je me disais avec tant d’autres : « Quel Homme de Dieu ! Quelle onction ! ». La vérité est que mon manque de discernement spirituel m’avait conduit à m’exposer à l’un des faux prophètes le plus consternant de notre temps.
Exemples de fausses prophéties
Il existe de nombreux autres faux prophètes actuellement, et nous devons absolument nous prémunir contre eux, c’est pourquoi je vais me servir de l’exemple de Benny Hinn. Même s’il a perdu en influence, je vais dire quelques mots sur lui pour vous montrer comment on peut être séduit parce qu’on a fait passer les émotions et les sensations avant la Parole de Dieu qui nous exhorte au discernement spirituel. Benny Hinn a été maintes fois démasqué pour ses fausses prophéties, la dernière en date étant celle du 23 septembre 2023 où il a prophétisé que les nations arabes autour d’Israël allaient faire la paix avec l’État hébreux, ce qui mettra fin au conflit Israélo-Palestinien qui dure depuis si longtemps. Mais le 7 octobre 2023, soit deux semaines après cette « prophétie », Israël subissait une attaque meurtrière du Hamas avec toutes les conséquences dramatiques que nous connaissons et dont on parle quotidiennement. Drôle d’accomplissement prophétique, n’est-ce pas ?
Savez-vous que le 31 décembre 1989, Benny Hinn a déclaré : « Le Seigneur m'a dit qu'en 1994 ou 1995 au plus tard, il allait détruire la communauté homosexuelle des États-Unis… » ? Cela s’est-il passé ? Bien sûr que non ! Cette prophétie était si absurde que je me demande comment les gens ont pu y croire ? Toujours en 1989, voici ce qu’il déclara publiquement : « L'Esprit me dit que Fidel Castro mourra au cours des années 90… Le Saint-Esprit m'a dit que sa mort sera la pire de toutes celles que vous pourriez imaginer. » Tout d’abord, notez qu’il affirme que c’est le Saint-Esprit qui le lui a dit. J’en profite pour vous dire que c’est grave de parler ainsi. Attention de rendre l’Esprit de Dieu responsable de ce que nous annonçons ! Agir de la sorte, c’est violer le troisième commandement qui se trouve dans Ex 20.7 : Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain ; car l'Éternel ne laissera point impuni celui qui prendra son nom en vain. L’expression « en vain » en hébreu signifie « mensonge et fausseté », ce qui implique qu’il ne faut pas associer le nom de Dieu à un canular, à quelque chose d’inexact. Or c’est précisément ce que Benny Hinn a fait, parce que nous savons que loin de mourir dans les années 90, Fidel Castro est mort le 25 novembre 2016, soit 20 ans après l’époque annoncée.
Comment reconnaître un faux prophète
Il y aurait énormément de fausses prophéties à dénoncer, non seulement celles de Benny Hinn, mais aussi de tant d’autres faux prophètes comme Kim Clement qui a prophétisé que Barack Obama serait baptisé du Saint-Esprit à l’été 2010, qu'un ange du Seigneur descendrait à Los Angeles dans la nuit du 5 mars 2002, pour sauver tous les homosexuels de la ville et guérir ceux qui sont atteints du sida, que le rappeur Eminem et l’auteur Stephen King se convertiraient d’ici la fin de l’année 2006. Ces choses sont publiques, et la seule réplique de ces individus qui disent n'importe quoi au nom du Seigneur, c’est : « Une ou plusieurs prophéties non réalisées ne font pas de quelqu’un un faux prophète » ! Oh que oui : si une seule prophétie ne se réalise pas, celui qui l’a annoncée est un faux prophète qu’il faut dénoncer. Voici ce que dit De 18.21-22 :
21 Peut-être diras-tu dans ton cœur : Comment connaîtrons-nous la parole que l'Éternel n'aura point dite ?
22 Quand ce que dira le prophète n'aura pas lieu et n'arrivera pas, ce sera une parole que l'Éternel n'aura point dite. C'est par audace que le prophète l'aura dite : n'aie pas peur de lui.
Quelqu’un dira : « Oui, mais cela concerne l’Ancien Testament, c’est différent dans le Nouveau Testament ! » C’est une façon de dire que maintenant il faut être plus tolérant et accepter que les prophètes peuvent parfois se tromper. Vraiment, c’est ainsi que l’on doit réagir ? On doit accepter toutes les fausses prophéties, et avec elles les faux prophètes qui les annoncent sans jamais se remettre en question ? Penser ainsi prouve que l’on ne connaît ni Dieu, ni la nouvelle alliance qui ne peut être inférieure en qualité à l’ancienne, si on se met à fermer les yeux sur les fausses prophéties et les faux prophètes. Puis-je vous rappeler qu’en parlant de Jésus-Christ, He 8.6 déclare : Mais maintenant il a obtenu un ministère d'autant supérieur qu'il est le médiateur d'une alliance plus excellente, qui a été établie sur de meilleures promesses ? Notons les adjectifs utilisés dans ce verset : supérieur, plus excellente et meilleures. Ne pensez-vous pas que ces adjectifs nous empêchent d’abaisser le niveau d’exigence et de qualité en ce qui concerne les prophéties ?
Tout bon ou rien de bon !
Quand Paul dit dans 1 Co 14.29 : Pour ce qui est des prophètes, que deux ou trois parlent, et que les autres jugent, à quoi faisait-il allusion ? Le verbe grec traduit par « jugent » signifie « discerner, faire une distinction, séparer, s'opposer et contester ». Cela veut dire que les autres prophètes devaient écouter attentivement ce qui était prophétisé, afin de discerner la nature de la prophétie, et intervenir pour s’y opposer et contester au cas où elle serait fausse. De même lorsque le même Paul déclare dans 1 Th 5.20-22 : Ne méprisez pas les prophéties. Mais examinez toutes choses ; retenez ce qui est bon ; abstenez-vous de toute espèce de mal, il n’est pas en train de dire qu’il faut garder ce qui est bon dans une prophétie et rejeter ce qui ne l’est pas, comme lorsqu’on se débarrasse des arêtes d’un poisson pour ne manger que la chair. Non, ce n’est pas ce qu’il dit ! Hélas, nombreux sont ceux qui le pensent ! En réalité, Paul déclare qu’il faut examiner les prophéties, et si elles contiennent des erreurs et des faussetés, il faut les rejeter systématiquement. Retenez ce qui est bon signifie ne garder que les prophéties bonnes à 100%, et s’abstenir totalement de toutes celles qui sont fausses. N’abaissons pas le niveau d’exigence de Dieu.
C’est l’absence de discernement spirituel qui laisse grande ouverte la porte aux faux prophètes des derniers temps. Ils constituent au sein du Christianisme, particulièrement dans le mouvement charismatique, un cheval de Troie terriblement destructeur pour la saine doctrine. Et ne pensez pas que cela ne concerne que les croyants d’outre-Atlantique. Non, l’espace francophone est autant concerné ! Il y a des faux prophètes qui sévissent en France, en Suisse, en Afrique et à l’île de la Réunion où je vis. Je suis persuadé que seuls ne succomberont pas à la séduction des faux prophètes, ceux qui prennent leur place dans ce groupe particulier que Paul nomme dans Ro 11.5 : De même aussi dans le temps présent il y a un reste, selon l'élection de la grâce. Le reste dont Paul parle ici, désigne ceux qui appartiennent sincèrement à Dieu et qui prennent sa Parole au sérieux. L’apôtre parle des vrais disciples qui étudient la Bible avec attention, qui se séparent de l’apostasie religieuse ambiante, et qui s’appliquent à exercer le discernement spirituel afin de vivre selon la vérité de Christ. Il est temps pour les croyants d’être sur leur garde. J’espère que vous entendrez l’appel de Dieu et que vous ferez partie de ce reste. Que le Seigneur vous bénisse !
A bientôt…
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