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ÊTRE SEUL SANS SOUFFRIR DE SOLITUDE

Avez-vous remarqué le contraste qu’il y a dans les paroles que Dieu prononce aux étapes importantes de la création ? Tout d’abord, la Bible témoigne de la satisfaction du créateur par l’expression « Dieu vit que cela était bon » (Ge 1.10, 12, 18, 21 et 25). Puis, une fois qu’il a créé l’homme et l’a placé dans le jardin d’Eden, le témoignage de Dieu change quelque peu, car il dit dans Ge 2.18 : L'Éternel Dieu dit : Il n'est pas bon

Si jusqu’ici tout était bon, subitement quelque chose n’est pas bon. Mais de quoi s’agit-il ? Qu’est-ce qui n’est pas bon à partir de la création de l’homme ? Serait-ce la nourriture ? La température ? La longueur du jour ou de la nuit ? L’environnement ? Non, rien de tout cela ! La suite du verset donne la réponse : Il n'est pas bon que l'homme soit seul (2.18).


Dieu n'a pas voulu, et ne veut toujours pas, que nous soyons seuls. Même s'il y a des périodes où nous sommes seuls, cela ne doit pas être un état permanent. Dieu sait qu'au bout d'un certain temps, nous pouvons nous sentir seuls. Tout comme Adam, nous pouvons être dans un magnifique environnement, ne manquant de rien d’un point de vue matériel, mais en même temps nous sentir terriblement seuls.


Je crois qu’une des expériences les plus traumatisantes pour un être humain, c’est de se sentir seul. Attention ! Je n’ai pas dit d’être seul, mais de se sentir seul. Qu'il s'agisse d'un décès, d'un divorce ou d'une séparation quelconque, la perte d'une relation peut laisser dans notre cœur un sentiment de dévastation. Nous pouvons nous sentir seuls et isolés, pensant que personne ne nous comprend vraiment. Pourtant, Dieu compatit à nos moments de solitude les plus profonds. Il connaît la lourdeur de nos blessures.


Jésus a dit dans Mt 11.29 : Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes. Cela signifie que le Seigneur est disposé à alléger le fardeau de notre cœur lourd. En fait, il veut le faire, et c’est peut-être la raison pour laquelle il vous a conduit à lire cet article. Christ peut vous aider à être seul sans souffrir de solitude. Puis, une fois qu’il aura allégé votre âme de sa souffrance, il utilisera votre cœur sensible comme source de force pour aider les autres.


Avec le temps, vous pouvez être l'instrument de compassion de Dieu pour accompagner et alléger le cœur de ceux qui se sentent seuls. Voici ce que nous apprend l’expérience : lorsque notre cœur est écrasé par la douleur, c'est là que notre relation avec le Seigneur s'approfondit, et que nous réalisons combien il est doux de le connaître comme sauveur et Seigneur. C’est au sein de la souffrance que nous découvrons le sens profond de Pr 17.17 : L'ami aime en tout temps, Et dans le malheur il se montre un frère.


Dans les moments de solitude et de chagrin, il est bon de se tourner vers les Psaumes qui nous proposent des prières que le Saint-Esprit a enregistré dans les temps passés, et qui gardent toute leur fraicheur et leur puissance. Je vous propose de serrer dans votre cœur ce que dit le Ps 142.6 : Éternel ! c'est à toi que je crie. Je dis : Tu es mon refuge, Mon partage sur la terre des vivants. Gardez cette prière à portée de votre âme, et n’hésitez pas à l’adresser au Seigneur qui ne restera pas insensible.


J’aimerais revenir sur la première fois où Dieu a dit « Il n'est pas bon » dans Ge 2.18. Il ne l’a pas dit quand Adam a péché, ou qu’il se soit caché au milieu des arbres du jardin (Ge 3.8). Non ! Il l’a dit en constatant une chose : Il n'est pas bon que l'homme soit seul (Ge 2.18). Dieu lui-même prononce ces paroles après avoir créé le premier être humain à son image.


Adam était le couronnement de la création de Dieu. Il était entouré d'une beauté indescriptible dans le jardin d'Eden, avec ses fruits à volonté, son feuillage luxuriant et sa faune variée. Pourtant, il manque quelque chose, ou plutôt quelqu'un. Alors Dieu dit : Je lui ferai une aide semblable à lui (Ge 2.18). Que fait-il alors ? La suite du récit montre comment Dieu a créé toutes sortes d’animaux et les a amenés vers Adam pour qu’il y trouve un peu de compagnie (v.19). Mais ce n’est pas ce qui s’est passé.

Ge 2.20 : Et l'homme donna des noms à tout le bétail, aux oiseaux du ciel et à tous les animaux des champs ; mais, pour l'homme, il ne trouva point d'aide semblable à lui.


Dieu plonge alors Adam dans un profond sommeil, et lui enlève une côte pour former une femme. Dieu la présente ensuite à Adam, qui trouve enfin son vis-à-vis (v.21-23). Désormais il n’est plus seul, son épanouissement est total dans le jardin d’Eden. Et c’est seulement après la venue de la compagne de l’homme, ce qui mit un terme à sa solitude, que Dieu fit cette déclaration dans Ge 1.31 : Dieu vit tout ce qu'il avait fait et voici, cela était très bon.


Voyez-vous la transition qui s’est opérée ? Avant Eve, Dieu dit : « Il n'est pas bon que l'homme soit seul » (Ge 2.18) ; mais après Eve, il dit : cela était très bon (Ge 1.31). Si vous êtes coupé de toute relation, si vous vivez dans l'isolement, si vous vous débrouillez seul jour après jour, Dieu considère que ce n'est pas bon. Attention ! Il ne dit pas que c’est un péché ou que c’est interdit. Non ! Il dit juste que ce n’est pas bon, que cela peut rendre l’homme triste et inaccompli.


Si le Seigneur n'oblige pas tout le monde à se marier, il appelle chacun à entretenir de saines relations avec d’autres personnes. Dieu ne veut pas que vous limitiez vos relations uniquement à de charmants animaux de compagnie, mais il désire que vous ayez communion avec d’autres individus. Vous êtes appelés à manifester de l'intérêt pour les gens, à leur exprimer de l'attention, à les aimer avec bienveillance.


Savez-vous qu’en 2018, afin de lutter contre l’isolement social, la Grande-Bretagne a nommé un ministre de la solitude, un phénomène qui touchait environ neuf millions de personnes dans le pays à l’époque ? D’après une étude menée en 2022, onze millions de personnes sont touchées par la solitude en France, soit 20 % de la population de plus de 15 ans. Mère Teresa a dit que « la plus terrible des pauvretés est la solitude, et le sentiment de ne pas être aimé ».


Je ne crois pas exagérer en déclarant que l’un des pires fléaux de nos sociétés modernes, c’est la solitude qui coute à un nombre sans cesse croissant d’individus leur santé mentale, émotionnelle, physique et même spirituelle. La question est de savoir si la Bible peut nous être d’une quelconque aide pour gérer ce problème universel. Que dit la Parole de Dieu sur le fait d’être seul ou sur la solitude ?


Nous pourrions penser que seuls les ouvrages de psychologie parlent de la solitude, mais la Bible ne passe pas sous silence le sujet. Il est intéressant de noter que le mot « seul » apparaît 266 fois dans la Bible (Segond 1910), mais qu'il n’est pas forcément synonyme des mots « solitaire » ou « solitude ». Précisons que la solitude est considérée comme un état mental douloureux. Ne dit-on pas de quelqu’un qu’il « souffre de solitude » ?


La solitude est le sentiment d'être seul. Elle frappe ceux qui se trouvent en situation d’isolement relationnel. C’est donc un état de souffrance émotionnelle, et il ne dépend pas nécessairement du nombre de personnes avec lesquelles on interagit. On peut ressentir de la solitude même lorsqu'on est entouré d'une foule. Cependant le fait d’être seul est différent. Lorsque l’on sait bien, gérer le fait d’être seul, cela peut être une porte qui mène à une relation profonde avec Dieu. Jésus était parfois seul, mais il a joui d’une riche communion avec le Père.

Jn 16.32 : Voici, l'heure vient, et elle est déjà venue, où vous serez dispersés chacun de son côté, et où vous me laisserez seul ; mais je ne suis pas seul, car le Père est avec moi.


Vous est-il déjà arrivé de vous sentir seul au milieu d'un groupe de gens, de vous sentir séparé des autres alors que vous êtes au milieu d’eux ? C'est comme si un grand mur invisible vous isolait, vous permettant d'observer mais pas d'appartenir. Vous êtes-vous déjà senti si seul et accablé de chagrins qu'il vous était pénible de regarder les autres sourire, bavarder, agir librement et poursuivre leur vie avec une apparente satisfaction ? Dans cet état, vous pouvez avoir l'impression que personne d'autre ne comprend votre douleur ou ne ressent vos luttes.


Il s'agit de la solitude, de cet état de tristesse qui résulte du fait de se sentir seul, isolé ou « coupé des autres ». Ce sentiment de « déconnexion » peut être ressenti à tout moment : lorsque vous n'avez pas d'amis ou d'êtres chers à proximité, ou même lorsque vous en avez. J’ai de la compassion pour ceux qui souffrent de solitude, c’est une vraie souffrance qui peut parfois être pire qu’une souffrance physique. On peut soulager une douleur physique un avalant un cachet, mais quel médicament peut-on prendre pour éradiquer un sentiment de solitude ?

Ps 69.21 : L'opprobre me brise le cœur, et je suis malade ; J'attends de la pitié, mais en vain, des consolateurs, et je n'en trouve aucun.


Dans ce Psaume, David se plaint de souffrir de solitude. Bien sûr, il n’utilise pas le mot, mais il en décrit les symptômes. Savez-vous que le mot solitude n’apparaît que 26 dans la Bible (Segond 1910), et uniquement dans l’Ancien Testament ? Mais il ne désigne pas la souffrance émotionnelle dont nous sommes en train de parler. Le mot sert plutôt à désigner des endroits désertiques, ou des lieux qui ont été ravagés par la guerre, comme par exemple dans :

Ps 78.40 : Que de fois ils se révoltèrent contre lui dans le désert ! Que de fois ils l'irritèrent dans la solitude !

Ez 35.4 : Je mettrai tes villes en ruines, Tu deviendras une solitude, Et tu sauras que je suis l'Éternel.


Lorsqu’il s’agit de souligner « l’état de tristesse qui résulte du fait de se sentir seul », l’Ancien Testament utilise un mot différent que l’on traduit par « abandonné », comme dans le Ps 25.16 : Regarde-moi et aie pitié de moi, Car je suis abandonné et malheureux. Il vient d’un mot hébreu qui signifie « unique, solitaire ». Qu’y a-t-il de plus douloureux que de se sentir abandonné ? Alors que l’on attend du soutient, de l’aide, on se rend compte que les autres nous ont laissé tomber. C’est un sentiment que personne n’aime ressentir, il brise le cœur plus que tout autre chose…


Quand on passe dans le Nouveau Testament, l’état de solitude (non pas le mot, mais l’état) est parfois dépeint par le mot « isolement » comme dans 1 Ti 5.5 : Celle qui est véritablement veuve, et qui est demeurée dans l'isolement, met son espérance en Dieu et persévère nuit et jour dans les supplications et les prières. Il traduit un mot grec qui signifie « laissé seul, abandonné ». Dans cette parole de l’apôtre Paul, il est question de la solitude qui survient lors du décès d'un proche, et qui résulte, comme nous l’avons déjà dit, dans « l’état de tristesse qui résulte du fait de se sentir seul ».


Maintenant que nous avons définit la solitude, et découvert son emploi dans la Bible, je voudrais réponde à quelques questions qui, je le souhaite, pourront nous aider à mieux gérer le fait d’être seul ou le sentiment de solitude qui peut faire tant souffrir. Je tiens à préciser que je partage des réflexions bibliques dans le but d’édifier la foi, mais qu’en aucun cas je propose des thérapies psychologiques comme pourrait le faire un professionnel de la santé (que je ne suis pas). Nous sommes bien d’accord, n’est-ce pas ? Les questions auxquelles j’offrirai une réponse ne sont que des pistes de réflexion chrétiennes, et rien d’autre.


Question n°1 : Comment puis-je me sentir seul alors que Jésus habite dans mon cœur ?

Réponse : Il est important de savoir que ce n'est pas un péché d'éprouver la douleur de la solitude. En fait, c'est tout à fait normal. Nous sommes faits pour avoir des relations significatives avec Dieu et avec les autres. Lorsqu'il y a une grande perte ou un changement majeur dans notre vie, nous pouvons ressentir beaucoup de douleur et de stress. Savez-vous que même Jésus a souffert à la mort de son ami Lazare ? C’est ce qu’indique le plus petit verset de la Bible : Jésus pleura (Jn 11.35).


J’ai récemment entendu qu’a un enterrement, il a été dit à l’endeuillé que parce qu’il est un chrétien engagé, il ne devait pas pleurer devant les autres, car cela risque d’amoindrir son témoignage de la puissance de l’Evangile. Il y a vraiment des croyants et des responsables de communautés chrétiennes qui disent n’importe quoi ! Parler de la sorte, donner ce genre d’instruction, est une atteinte à la liberté et à l’intégrité psychique d’une personne. Pleurer est non seulement un droit, mais aussi une nécessité. Rien n’est plus dangereux que le fanatisme religieux et l’ignorance du fonctionnement légitime de l’être humain, et cet évènement en est un triste exemple.


Les larmes ne sont ni un mal ni une honte, elles sont données par Dieu pour permettre la guérison du cœur. Si vous pleurez parce que vous vous sentez seul, n’en ayez pas honte, cela prouve que vous êtes humain. Et puis-je vous rappeler que votre humanité ne disparaît pas parce que Christ habite dans votre cœur ? Ainsi, tout le monde, chrétien ou pas, éprouve un sentiment de solitude à un moment ou à un autre, il faut l’accepter et ne pas s’en inquiéter. Par contre, il faut veiller à ce que cela ne se transforme pas en « solitude chronique ». Qu’est-ce que je veux dire ?


Si quelqu'un lutte douloureusement contre la solitude jour après jour, avec peu ou pas d'espoir d’apaisement. Si quelqu’un a l'impression d'être isolé d'un côté d'une rivière, sous un sinistre nuage noir qui déverse une pluie constante de solitude sur son âme. S’il voit des gens de l'autre côté de la rivière, qui marchent et discutent ensemble dans la chaleur du soleil, et s’il aspire à les rejoindre, mais n’a aucune idée de la manière de franchir la rivière et de passer sur l’autre bord. Cette personne souffre de solitude chronique ?


Disons les choses telles qu’elles sont. Certaines personnes se sentent seules parce qu'elles sont renfermées, peu communicatives et ne savent pas établir de relations. D'autres, en revanche, se sentent seules parce qu'elles vivent dans une condition matérielle ou physique qui les isole intérieurement et les rend très solitaires. Dans la Bible Français Courant, Pr 14.10 déclare : Chacun est seul dans ses chagrins et ses joies, personne d'autre ne peut les partager. Quelle amère expérience que d’être seul dans ses chagrins ! C’est encore plus douloureux de se rendre compte que personne d'autre ne peut les partager


La solitude chronique signifie que l’on se sent continuellement isolé et déconnecté des autres. Elle peut se développer à partir du sentiment constant d'être incompris ou coupé de tout le monde. Elle peut trouver son origine dans un sentiment d'inaptitude sociale, de honte ou de dévalorisation. La solitude chronique conduit souvent à l'isolement personnel, et parfois à l'amertume. Elle peut conduire à n'avoir aucun espoir de nouer des liens à l'avenir. Elle peut aussi aboutir à certains comportements dommageables autant physiquement que mentalement. C’est ce que laisse entrevoir le Ps 73.21-22 :

21 Lorsque mon cœur s'aigrissait, Et que je me sentais percé dans les entrailles,

22 J'étais stupide et sans intelligence, J'étais à ton égard comme les bêtes.


La solitude chronique peut aigrir le cœur. Le mot hébreu signifie « avoir de l’amertume ». En d’autres termes, la colère s’installe dans le cœur et, nous le savons, ce n’est jamais bon d’avoir une cœur en colère. La Bible Ostervald traduit ainsi le v.21 : Quand mon cœur s'aigrissait ainsi, et que je me tourmentais en moi-même. Je crois que la Bible est assez claire : la souffrance causée par la solitude chronique est un véritable tourment dont il faut être soulagé. Voici la bonne nouvelle : Jésus nous aime, et il peut nous guérir de ce sentiment de tristesse.


Je ne dis pas que notre situation de solitude va disparaître, mais nous pouvons ne pas subir comme une fatalité la souffrance causée par le fait d’être seul(e). Le Seigneur connaît notre souffrance. Il est compatissant, et peut nous soulager. C’est ce qu’a découvert l’auteur du même Ps 73 qui dira aux v.23-24 ; 28 :

23 Cependant je suis toujours avec toi, Tu m'as saisi la main droite ;

24 Tu me conduiras par ton conseil, Puis tu me recevras dans la gloire.

28 Pour moi, m'approcher de Dieu, c'est mon bien : Je place mon refuge dans le Seigneur, l'Éternel, Afin de raconter toutes tes œuvres.


Levons nos yeux vers Jésus. Déversons notre chagrin à ses pieds. Laissons-le nous consoler. Le Saint-Esprit est le consolateur que Jésus nous a envoyés et qui demeure éternellement avec nous (Jn 14.16). Nous plaçons notre refuge dans le Seigneur, car il est capable de nous apaiser comme personne d’autre ne saurait le faire. Jésus est toujours avec nous, il tient notre main dans sa main, et nous conduit comme un fidèle berger. Je crois qu’il est possible d’être seul sans souffrir de solitude. Nous avons encore d’autres questions auxquelles répondre. Je vous donne rendez-vous dans le prochain article.


A bientôt…



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