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FACE A FACE AVEC DIEU

Le texte de notre méditation étant plutôt long, je vous invite à ouvrir votre Bible, et à le lire par vous-même, je ne vais pas le reproduire ici. Il s’agit d’Es 6.1-8. Alles-y, lisez ce passage avant de continuer la lecture de cet article...C’est fait ? Bien. Continuons maintenant.

En méditant sur ce texte, nous allons mettre à mort une des vaches sacrées de l’église du 21ème siècle. L’expression « vache sacrée » est empruntée à la culture indienne, car en Inde, la vache est perçue comme un animal sacré, tant pour des raisons alimentaires que religieuses, et son abattage est interdit dans une majorité d’états.


Dire qu’il y a des « vaches sacrée », dans l’église du 21ème siècle, cela signifie qu’il existe des « idées », des « points de vue », des « concepts », auxquels beaucoup de chrétiens croient de toute leur force, et qui les empêchent de grandir spirituellement.


Parmi les « vaches sacrées », nous pouvons citer celle-ci : si nous nous approchons de Dieu et que nous le rencontrons face à face, cela va nous faire du bien ! Cela est dû au fait que nous vivons dans la culture du « bien-être », et que nous croyons qu’en suivant un programme composé de louange, de sermons et de communion fraternelle, cela nous fera surement du bien.


C’est peut-être vrai d’un programme d’église, mais pas d’un face à face avec Dieu. Disons-le aussi simplement que possible : rencontrer Dieu face à face, a pour effet immédiat de dévaster une vie ! Sommes-nous prêts pour cela ? Sommes-nous disposés à ce que Dieu ruine notre vie afin de pouvoir ensuite déverser sur elle une réelle bénédiction ? C’est ce que nous voyons chez Jacob dans Gn 32.24-30 :

24 Jacob demeura seul. Alors un homme lutta avec lui jusqu’au lever de l’aurore.

25 Voyant qu’il ne pouvait le vaincre, cet homme le frappa à l’emboîture de la hanche ; et l’emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu’il luttait avec lui.

26 Il dit : Laisse-moi aller, car l’aurore se lève. Et Jacob répondit : Je ne te laisserai point aller, que tu ne m’aies béni.

27 Il lui dit : Quel est ton nom ? Et il répondit : Jacob.

28 Il dit encore : ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël ; car tu as lutté avec Dieu et avec des hommes, et tu as été vainqueur.

29 Jacob l’interrogea, en disant : Fais-moi je te prie, connaître ton nom. Il répondit : Pourquoi demandes-tu mon nom ? Et il le bénit là.

30 Jacob appela ce lieu du nom de Peniel : car, dit-il, j’ai vu Dieu face à face, et mon âme a été sauvée.


Soulignons qu’avant de recevoir la bénédiction de Dieu (v.29), le récit nous dit au v.25 que l’emboîture de la hanche de Jacob se démit pendant qu’il luttait avec lui, c’est-à-dire avec Dieu. C’est seulement après cette dégradation de son corps, que Jacob a reconnu avoir vu Dieu face à face. La vie de Jacob a été changée en profondeur, à tel point que son nom lui-même a été changé, car Dieu lui dit au v.28 : ton nom ne sera plus Jacob, mais tu seras appelé Israël. Jacob signifie « celui qui trompe », alors qu’Israël signifie « celui qui lutte avec Dieu ». Et c’est suite à cette lutte dévastatrice que Jacob est devenu vainqueur. Revenons au texte d’Esaïe où le prophète fait une rencontre décisive avec le Seigneur. Nous y découvrons les Quatre C d’un authentique face à face avec Dieu :


I. LE C DE CRISE

Es 6.1(a) : L’année de la mort du roi Ozias...

Esaïe, tout comme le royaume de Juda, fait face à une pénible crise : la mort du roi Ozias. Nous sommes en l’an 740 avant JC. Israël était divisé en deux : d’un côté le royaume du nord, qui garda le nom d’Israël, avec la ville de Samarie comme capitale ; d’un autre côté, le royaume de Juda au sud, avec Jérusalem comme capitale.


Israël était tombé dans l’apostasie et était sur le point d’être détruit. Le royaume de Juda, lui aussi, était en mauvais état spirituel car 2 Ch 27.2 déclare : Le peuple se corrompait encore. Cependant, Juda a eu de bons rois à sa tête, comme par exemple Ozias. Dans 2 Ch 26, nous apprenons qu’Ozias a remporté de nombreuses victoires en défendant le royaume de Juda, et qu’il la fait prospérer dans de nombreux domaines. Toutefois, à la fin de sa vie, l’orgueil l’a fait tomber et il mourut lépreux.


La mort de ce grand roi, après un règne prospère de 52 ans, a été la crise qui servit de plate-forme à la rencontre entre Dieu et Esaïe. C’est dans ce moment d’insécurité personnelle et nationale, qu’Esaïe a eu un face à face avec Dieu. C’est encore ainsi que les choses se passent : il est parfois nécessaire que nous nous retrouvions dans de graves crises pour que notre cœur recherche la face de Dieu. C’est pourquoi, Dieu permet la souffrance dans notre vie, afin que nous le recherchions lui.


Os 2.16 : C’est pourquoi voici, je veux l’attirer et la conduire au désert, et je parlerai à son cœur. La souffrance peut produire deux réactions de notre part : ou nous fuyons loin de Dieu en criant notre déception et notre colère, ou nous courrons encore plus près de Dieu, pour nous refugier dans sa présence.


II. LE C DE CONFRONTATION

Es 6.1 (b) : ...Je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple.

Ce verset met en avant le contraste entre la crise et la confrontation : d’une part, la mort d’un grand roi, qui plonge Esaïe dans l’insécurité, d’autre part la vision du Roi de l’univers, qui rappelle l’absolue souveraineté de Dieu, même au milieu des souffrances humaines. Esaïe a-t-il vu cette scène dans le Temple de Jérusalem, ou a-t-il eu une vision du Temple de Dieu dans le ciel ? Nous ne le savons-pas, même si la seconde version semble plus probable. Il a vu plusieurs choses, dont nous allons parler, mais la première, c’est Dieu lui-même. Qu’a-t-il vu réellement ?


Tout d’abord, il a vu le Seigneur. C’est la traduction d’Adonaï qui désigne le maître souverain, celui dont l’autorité est au-dessus de toute autorité terrestre.


Ensuite, il a vu le Seigneur assis sur un trône très élevé. Cela se réfère à la position de roi que Dieu occupe dans l’univers. Alors que le roi Ozias est mort, Dieu lui est encore sur son trône, qui est plus élevé que tous les autres trônes, et il ne cesse de régner. Cela signifie que les crises humaines ne changent rien à la souveraineté divine.


Puis, il a vu que les pans de sa robe remplissaient le temple. Cela parle de la majesté infinie de Dieu et de sa gloire qui est si grande, qu’elle remplit le Temple où réside son trône.


Cette vision révèle à Esaïe la majesté extraordinaire du Seigneur devant lequel il se tient. Dieu n’est pas un petit dieu coincé dans notre vision restreinte, mais il est le Maître Souverain, le Roi éternel, le Dieu majestueux, dont la gloire dépasse tout ce que nous pourrions imaginer. Mais cette confrontation révèle à Esaïe plus encore : il voit et il entend ce qui se passe dans la proximité immédiate du trône céleste. Tout d’abord, que voit-il ?

v.2 : Des séraphins se tenaient au-dessus de lui ; ils avaient chacun six ailes ; deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler.


Cette scène ne décrit pas seulement la salle du trône, où doivent se trouver les myriades d’anges qui adorent Dieu, mais elle concerne l’intimité de la personne même de Dieu, entouré, en quelque sorte, de sa garde rapprochée, tel un grand roi. Le mot « Séraphins » signifie « ceux qui brûlent » ou « les brulants ». Il s’agit d’êtres angéliques de très haut rang qui sont les plus proches de Dieu. Ils se tiennent au-dessus de lui, comme pour indiquer leur rôle de protection rapprochée (sachant, bien sûr, que Dieu n’en a pas vraiment besoin !).


Quand le texte dit que les Séraphins « se tenaient au-dessus de lui », c’est pour indiquer leur état de service, tout comme les gardes d’un roi sont debout autour de son trône, alors qu’il est lui-même assis. Le fait qu’ils soient désignés par un mot signifiant « ceux qui brûlent » indique que plus on est proche de Dieu, plus le feu de sa présence transforme notre nature en la rendant ardente. Ce qui les caractérise, c’est aussi leur nombre d’ailes : six au total. Et cela est dû au fait qu’ils ont été créés pour vivre dans un environnement très spécial : la proximité de la gloire de Dieu, autour de son trône céleste.


D’abord, « deux dont ils se couvraient la face », car ils ne pouvaient regarder la lumière aveuglante de la gloire de Dieu, tout comme nous couvrons nos yeux lorsque la lumière ardente du soleil frappe notre visage. Ce sont les ailes de protection. Puis, « deux dont ils se couvraient les pieds ». Pourquoi les pieds ? Parce que les pieds, dans la Bible, symbolisent le service. Notons que les esclaves ne portaient pas de chaussures, c’est pourquoi Dieu demande à Moïse d’ôter les siennes dans Ex 3.5.


Si les Séraphins se couvraient les pieds, c’est en signe d’humilité et de révérence devant leur maître. Dans la culture orientale d’autrefois, montrer ses pieds à quelqu’un était une marque d’irrespect. Ce sont donc les ailes d’humilité. Et enfin, « deux dont ils se servaient pour voler », c’est-à-dire pour exécuter les ordres du Seigneur lorsqu’il les envoyait accomplir quelque chose. Ces deux dernières sont les ailes de service.


Nous découvrons ensuite ce qu’Esaïe entend dans le v.3 : Ils criaient l’un à l’autre, et disaient : Saint, saint, saint est l’Eternel des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire ! Esaïe découvre que les Séraphins s’entretenaient mutuellement : Quand les uns disaient « Saint, saint, saint est l’Eternel des armées », les autres répondaient « toute la terre est pleine de sa gloire ». C’étaient comme un chant antiphonique, c’est-à-dire qui utilise l’alternance de deux chœurs par une même troupe de chanteurs.


Ils étaient tellement sous l’effet de la gloire de Dieu, qu’ils ne pouvaient s’empêcher de se proclamer mutuellement « Saint, saint, saint est l’Eternel des armées ». Notons que c’est la sainteté de Dieu qui est mise à l’honneur... On ne verra jamais dans la Bible « Amour, amour, amour » ou « Puissant, puissant, puissant », etc. Mais on lira, comme ici, « Saint, saint, saint ». Esaïe reçoit la révélation qui manque tant à l’église d’aujourd’hui : la sainteté de Dieu !


Notons que la gloire de Dieu est reliée à sa sainteté. Plus nous avons la révélation de la sainteté de Dieu, plus sa gloire nous sera révélée également. Il y a quelque chose de spéciale dans une vie pure : elle attire la gloire de Dieu ! Cette confrontation a également eu un effet sur l’environnement, car le v.4 dit : « Les portes furent ébranlées dans leurs fondements par la voix qui retentissait, et la maison se remplit de fumée ». Nous sommes ici en présence de la manifestation de la sainteté et du jugement de Dieu, tout comme cela s’est produit lorsque le peuple d’Israël s’est approché de la montagne du Seigneur dans le désert.

Ex 19.18 : La montagne de Sinaï était toute en fumée, parce que l’Eternel y était descendu au milieu du feu ; cette fumée s’élevait comme la fumée d’une fournaise, et toute la montagne tremblait avec violence.


Maintenant, toute cette scène prend un sens nouveau pour nous, si nous comprenons qui Esaïe a réellement vu dans sa vision. La réponse est donnée dans le Nouveau Testament par l’apôtre Jean dans Jn 12.41 : Esaïe dit ces choses, lorsqu’il vit sa gloire, et qu’il parla de lui. En réalité, c’est le Christ pré-incarné qu’Esaïe a vu. Il l’a vu dans sa majesté infinie. Il l’a vu dans cette gloire pour laquelle Jésus a prié dans Jn 17.5 : Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût.


Est-ce ce Jésus que nous connaissons aujourd’hui ? Un Christ glorieux et majestueux ? J’ai peur que notre Jésus (ou notre vision de Jésus) soit trop petit(e). Il n’est plus le charpentier de Nazareth, il est le Roi des rois ! Dans l’Ancien Testament, il est « Adonaï », c’est-à-dire « le Seigneur » ; dans le nouveau Testament, il est « Kurios », ce qui signifie aussi « le Seigneur ».


Un face à face avec le Seigneur ressuscité peut nous dévaster même physiquement, comme cela est arrivé à l’apôtre Jean dans Ap 1.17 : Quand je le vis, je tombai à ses pieds comme mort. Il posa sur moi sa main droite en disant : Ne crains point ! Je suis le premier et le dernier.


III. LE C DE CONVICTION

Combien nous avons besoin que notre cœur soit illuminé par le Saint-Esprit, car la connaissance que nous avons de Dieu, détermine notre façon de vivre notre vie. La révélation de la sainteté de Dieu change profondément notre connaissance de nous-même, ainsi que notre réaction vis-à-vis de Dieu.

v.5 : Alors je dis : Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j’habite au milieu d’un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l’Eternel des armées.


Après avoir prophétisé pendant les 5 précédents chapitres, au chapitre 6, Esaïe rencontre Dieu face à face, et il est convaincu de ses péchés. Cela indique que dès que nous entrons en contact avec Jésus dans sa majesté, nous sommes automatiquement exposés à nos impuretés. Nous pouvons être satisfaits de nous, de notre christianisme, mais un seul face à face avec le seigneur, et nous sommes dévastés par la conscience de nos péchés. Nous réalisons combien nous sommes loin de sa sainteté, et nous sommes saisis de crainte devant notre état de perdition, si le Seigneur ne nous fait pas grâce. Cela est arrivé à tous ceux qui ont rencontré Dieu face à face, comme par exemple Job dans Job 42.5-6 :

5 Mon oreille avait entendu parler de toi ; Mais maintenant mon œil t’a vu.

6 C’est pourquoi je me condamne et je me repens Sur la poussière et sur la cendre.

Ou encore, Pierre dans Lu 5.8 : Quand il vit cela, Simon Pierre tomba aux genoux de Jésus, et dit : Seigneur, retire-toi de moi, parce que je suis un homme pécheur.


Quand Esaïe dit que ses lèvres sont impures, il parlait aussi de son cœur, car Jésus déclare dans Mt 12.34 : Races de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, méchants comme vous l’êtes ? Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. Alors qu’Esaïe accepte la dévastation de sa vie et de son ego par la révélation de la sainteté de Dieu, deux choses vont alors se produire. La première, c’est la purification de son cœur, représenté par sa bouche :

v.6 : Mais l’un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre ardente, qu’il avait prise sur l’autel avec des pincettes.

v.7 : Il en toucha ma bouche, et dit : Ceci a touché tes lèvres ; ton iniquité est enlevée, et ton péché est expié.


Nous ne savons pas si Esaïe a senti la brulure sur ces lèvres (qui est une partie sensible de notre corps), mais il a entendu la sentence divine : « ton iniquité est enlevée, et ton péché est expié ». Pouvons-nous imaginer la libération qu’il a dû ressentir dans son cœur ? Et cela nous conduit à la seconde chose qui s’est produite ensuite :


IV. LE C DE CONSECRATION

v.8 : J’entendis la voix du Seigneur, disant : Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ? Je répondis : Me voici, envoie-moi.

Remarquons que c’est seulement après avoir entendu la voix du Séraphin qu’Esaïe a entendu la voix de Dieu. C’est-à-dire que c’est après l’avoir purifié, que le Seigneur lui fait entendre son appel. Et Esaïe répond « Me voici, envoie-moi ». Soulignons que la purification et la consécration viennent après la dévastation de notre ego. Personne n’est pleinement utile au Seigneur Jésus tant que sa vie n’a pas ruinée par le pillage de son ego et le saccage de son orgueil.


Laissons Jésus mettre à terre notre orgueil. Laissons Jésus nous dépouiller de nous-même. Laissons le Seigneur nous libérer du Jacob qui est en nous. Laissons le Christ dévaster notre vie, en nous révélant combien nous sommes faibles et impures. Il ne suffit pas de le savoir, parce que nous avons été souvent déçus par nous-même, mais il faut que cela arrive à la lumière de sa sainteté et de sa majesté. C’est pourquoi, notre plus grand besoin, c’est un face à face avec Dieu.


Ce qui manque à l’Eglise du 21ème siècle, ce sont des hommes et des femmes brisés par la révélation de la sainteté de Dieu. Si les Séraphins le proclament à trois reprises, c’est pour utiliser une forme de superlatif, afin d’attirer l’attention sur l’importance incomparable de cet attribut de Dieu.


La sainteté est en quelque sorte, la somme de tous les attributs de Dieu. Son amour est l’amour de sa sainteté, sa justice est la justice de sa sainteté, sa colère est la colère de sa sainteté, etc. C’est pourquoi, nous avons besoin de voir et d’entendre que : « SAINT, SAINT, SAINT EST L’ÉTERNEL DES ARMÉES » ...


A bientôt...



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