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LES DEUX DIMENSIONS DE L'HUMILITÉ

Nous poursuivons notre méditation sur l’une des vertus les plus importantes de la vie en Christ : l’humilité. Après avoir établi qu’elle devrait être le fruit d’une décision personnelle, nous allons découvrir que l'humilité a deux dimensions. L’une est notre humilité devant Dieu. L’autre est notre humilité dans nos relations avec les autres. Nous allons appeler la première l’humilité verticale et la seconde l’humilité horizontale.


Je ne vous cache pas que cette série d’articles va plutôt porter sur l'humilité horizontale, mais je dois d'abord souligner l'importance de l'humilité verticale, car il va de soi que notre humilité devant Dieu est le fondement indispensable de notre humilité dans nos relations interpersonnelles. L'humilité verticale est à l'humilité horizontale ce que la foi est aux œuvres. On ne gagne pas la foi en faisant de bonnes œuvres, mais il n'y a pas de foi authentique qui ne produise pas de bonnes œuvres. C'est pour cette raison que Jacques écrit dans sa lettre : Il en est ainsi de la foi : si elle n'a pas les œuvres, elle est morte en elle-même (2.17).

Selon cette déclaration de Jacques, nous pourrions dire qu’il existe une foi morte. Mais qu'est-ce qui ramène la foi morte à la vie ? La réponse semble être évidente : les œuvres ! En d’autres mots, c’est lorsque je passe à l’action, que ce que je crois exprime la vie que je possède. C'est également vrai pour l'humilité. Nous pouvons être humbles devant Dieu, mais si cela ne se traduit pas par de l'humilité devant les autres autour de nous, nous n’exprimons pas la vie que nous avons en Christ.


En fin de compte, la seule véritable preuve que nous possédons une foi authentique, c’est notre comportement. Jacques poursuit en écrivant : Mais quelqu'un dira : Toi, tu as la foi ; et moi, j'ai les œuvres. Montre-moi ta foi sans les œuvres, et moi, je te montrerai la foi par mes œuvres. (2.18). C'est une autre façon de dire que les actions parlent plus fort que les mots. Nous prétendons que nous sommes humbles ? Ce sont de belles paroles, mais la seule façon pour quiconque d'évaluer sincèrement si cela est vrai ou faux, serait d'observer si nous sommes humbles dans nos relations avec les autres…


Savez-vous que l'humilité a de nombreux parallèles avec la sainteté ? La sainteté est à la fois interne et externe. À mon avis, nous vivons à une époque qui semble être trop axée sur une miséricorde qui s’apparente davantage à la permissivité. C'est pourquoi nous entendons des déclarations de ce genre sur un individu dont le témoignage chrétien laisse à désirer : « Peut-être qu’il ne mène pas une vie sainte, mais son cœur est droit… » Jésus n'aurait pas accepté une telle remarque. Il a plutôt dit dans Mt 12.33 : Dites que l'arbre est bon et que son fruit est bon, ou dites que l'arbre est mauvais et que son fruit est mauvais ; car on connaît l'arbre par le fruit.


Il y a une chose que nous ne devons pas oublier, c’est que l'extérieur valide l'intérieur. N’est-ce pas ce que le seigneur a dit dans Mt 12.34 : c'est de l'abondance du cœur que la bouche parle ? Comment pouvons-nous faire la différence entre les bonnes et les mauvaises personnes ? Jésus nous donne la bonne réponse dans le verset suivant : L'homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor, et l'homme méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor. (12.35)


La sainteté est autant verticale qu’horizontale. Au niveau vertical, nous reconnaissons notre humanité imparfaite devant la sainteté de Dieu. Ésaïe a eu la vision de deux séraphins qui criaient : Saint, saint, saint est l'Éternel des armées ! toute la terre est pleine de sa gloire ! (Es 6.3). La sainteté de Dieu est si fondamentale, qu’elle attire beaucoup plus l'attention que le besoin de sainteté dans nos propres vies. Mais l'une des conséquences de cette situation est que, malheureusement, notre génération souffre de déficience en matière de sainteté personnelle.


Rappelons qu’à la base, être saint signifie être mis à part. Par conséquent, les chrétiens qui sont censés être mis à part pour Dieu (dimension verticale), devraient également être mis à part dans leur comportement (dimension horizontale) par rapport à ceux qui les entourent, qui n'aiment pas Dieu et ne lui obéissent pas. Mais voici ce que George Barna, le fondateur de The Barna Group, une société d'études de marché spécialisée dans l'étude des croyances et du comportement religieux des Américains, a découvert :

« La Bible indique clairement que les vrais croyants devraient être facilement distingués des non-croyants par leur façon de vivre. Pourtant, les preuves suggèrent indéniablement que la plupart des chrétiens américains d'aujourd'hui ne vivent pas d'une manière quantitativement différente de leurs voisins non chrétiens, malgré le fait qu'ils professent croire un ensemble de principes qui devraient clairement les distinguer. »


Je souligne, en passant, que ce qui est vrai pour les chrétiens américains, l’est aussi pour les chrétiens français. L'humilité, tout comme la sainteté, a besoin des deux dimensions, la verticale et l'horizontale, pour être complète. Mais, en ce qui concerne notre vie quotidienne ici sur Terre, c'est l'horizontale qui compte le plus. L'apôtre Jean affirme : Celui qui n'aime pas son frère qu'il voit, comment peut-il aimer Dieu qu'il ne voit pas ? (1 Jn 4.20). En d’autres termes, notre amour pour Dieu sera considéré comme une illusion, s’il n’est pas démontré par l’amour que nous témoignons envers les autres. Vous avez compris ce que cela implique ? Il en va de même pour l'humilité : l'humilité dans nos relations interpersonnelles est la seule preuve que notre humilité devant Dieu est réelle.


La Bible nous demande de ne pas nous enivrer de vin mais d'être remplis de l’Esprit (Cf. Ep 5.18). Presque tous les croyants désirent profondément une pleine mesure du Saint-Esprit, jour après jour et semaine après semaine. Mais comment vérifier si nous débordons effectivement du Saint-Esprit ? Si nous le sommes, ceux qui nous entourent verront le fruit du Saint-Esprit dans la façon dont nous nous comportons dans notre vie quotidienne. Quel est ce fruit ? Il s'agit de « l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance » (Ga 5.22). C'est un autre rappel que l'intérieur est validé par l'extérieur, tout comme la foi l’est par les œuvres.


Je voudrais souligner un aspect du fruit de l'Esprit que notre Bible nomme « la douceur ». Ce mot est la traduction du grec praotes, lequel est également l'un des deux mots racines du Nouveau Testament pour l'humilité. Le mot praotes signifie « gentillesse, soumission et docilité », ce qui correspond pleinement à l’humilité. Il est donc important pour nous de comprendre que l'humilité est un fruit de l'Esprit, plus connu sous le nom de douceur. Si nous sommes remplis de l'Esprit Saint, il est plus que probable que nous serons humbles.


Je crois que nous devons être remplis du Saint-Esprit chaque jour. Je sais que certaines personnes ne sont pas d'accord avec cette idée. Certains disent « J'ai été rempli du Saint-Esprit il y a quatorze ans, je n’ai plus besoin de l’être à nouveau aujourd’hui ! » Ils pensent que leur expérience dure depuis quatorze ans et que probablement, elle continuera jusqu'à leur mort. Mais le point de vue de Paul est différent, car il écrit dans Ep 5.18 : Ne vous enivrez pas de vin : c'est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l'Esprit. Être rempli du Saint-Esprit est comparé au fait de s'enivrer. Il faut savoir qu’une ivresse ne dure pas longtemps. En réalité, l’effet de l’ivresse ne dure qu’un jour. Pour être ivre le jour suivant, il faut à nouveau boire en grande quantité.


Parce que la Bible déclare qu'être rempli du Saint-Esprit est semblable au fait de s’enivrer, cela signifie que chaque jour nous devons nous appliquer à être remplis de l’Esprit. Tout ce que nous devons faire, c'est demander à Dieu de nous remplir du Saint-Esprit chaque matin. C'est aussi simple que cela. Jésus a dit dans Lu 11.11 : Quel est parmi vous le père qui donnera une pierre à son fils, s'il lui demande du pain ? Ou, s'il demande un poisson, lui donnera-t-il un serpent au lieu d'un poisson ? Il s'agissait naturellement d'une question rhétorique, c’est-à-dire que c’est une fausse question qui n'attend pas de réponse et qui permet d'affirmer un point de vue. C'est pourquoi Jésus poursuit au v.13 : Si donc, méchants comme vous l'êtes, vous savez donner de bonnes choses à vos enfants, à combien plus forte raison le Père céleste donnera-t-il le Saint Esprit à ceux qui le lui demandent.


Être rempli de l'Esprit Saint chaque jour est un moyen d'atteindre l'humilité que nous désirons. Lorsque notre Père céleste nous donne du painle Saint-Esprit – au lieu d'une pierre, cela nous fera porter du fruit tout au long de notre vie. Et un aspect du fruit de l'Esprit c’est l'humilité, qui est également appelée douceur, comme nous venons de le souligner. C'est à cet endroit précis où le vertical et l'horizontal se rejoignent. Demander au Père de nous remplir du Saint-Esprit est la dimension verticale. Lorsqu'Il nous remplit de l’Esprit, cela se voit dans la dimension horizontale par une humilité pratique et quotidienne, manifestée envers les autres. L'humilité verticale ouvre donc la porte à l'humilité horizontale.


L'humilité verticale n'est pas si difficile à comprendre et à mettre en œuvre. La première étape, certainement la plus importante, est automatique pour les croyants. Personne ne devient un vrai chrétien sans reconnaître ce que nous pouvons appeler « les faits de l’humilité » :

1) Je suis une créature et Dieu est le Créateur.

2) J'ai une nature humaine et Dieu a une nature divine.

3) Je suis un pécheur et Dieu est absolument saint.


Une fois que nous reconnaissons ces vérités, que nous apprenons que Jésus est mort pour nous et que, dans la foi, nous nous humilions devant Dieu en confessant nos péchés et en lui demandant de nous purifier par le sang de Jésus, nous sommes pardonnés et sauvés. Les choses anciennes sont passées et nous devenons de nouvelles créatures en Christ (Cf. 2 Co 5.17). Tous les chrétiens authentiques s'identifient à ce processus et l'ont vécu, d'une manière ou d'une autre. Ils ont commencé leur marche chrétienne par une humilité verticale.


Qu’est-ce que la foi en réalité ? N'est-ce pas la reconnaissance de notre impuissance et notre dépendance de l’action de Dieu ? La foi n’est-elle pas la chose la plus humiliante qui soit : accepter que nous dépendons de Dieu et de sa grâce pour obtenir ce que nous ne pouvons pas produire par nos propres forces ? Et c’est ainsi que nous entrons dans le salut de Dieu. Alors oui, je l’affirme : la vie chrétienne commence par une humilité verticale


Une fois que nous sommes nés de nouveau, nous découvrons rapidement qu'un autre aspect de l'humilité verticale nous fournit le modèle pour le reste de notre voyage spirituel, car la Bible déclare dans Ph 2.5 : Ayez en vous les sentiments qui étaient en Jésus Christ. À quoi fait-on référence l’expression « les sentiments » ? Le v.8 nous donne la réponse : il s'est humilié lui-même. Bien qu'il soit Dieu, il a accepté d'assumer et de vivre sa vie sur terre dans une vraie nature humaine, allant même jusqu'à mourir d'une mort dégradante sur la croix. L'humilité était au cœur de la vie et du ministère de Jésus, et nous devons avoir le même état d'esprit si nous voulons être tout ce que Dieu veut que nous soyons.


La meilleure façon de comprendre ce que ces sentiments de Jésus impliquent pour nous, est d'étudier les paroles du Seigneur lui-même. Voici la liste des six enseignements les plus importants de Jésus sur l'humilité. Je me limiterai à les citer, sans autre commentaire.

1. Heureux les débonnaires (=doux ou humbles), car ils hériteront la terre ! (Mt 5.5)

2. Prenez mon joug sur vous et recevez mes instructions, car je suis doux et humble de cœur ; et vous trouverez du repos pour vos âmes. (Mt 11.29)

3. C'est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux. (Mt 18.4)

4. Quiconque veut être le premier parmi vous, qu'il soit votre esclave. (Mt 20.27)

5. Quiconque s'élève sera abaissé, et quiconque s'abaisse sera élevé. (Lu 14.11)

6. Quel est le plus grand, celui qui est à table, ou celui qui sert ? N'est-ce pas celui qui est à table ? Et moi, cependant, je suis au milieu de vous comme celui qui sert. (Luc 22.27)


Avoir les sentiments qui étaient en Jésus Christ (Ph 2.5), répond au besoin de commencer notre vie chrétienne par l'humilité verticale et interne. Ensuite, cela se traduit bien sûr dans la vie quotidienne par l’humilité horizontale et extérieure. Comme vous pouvez le constater, l'humilité a bien deux dimensions. Si la première est en place par notre conversion – notre humilité devant Dieu – alors nous sommes prêts à passer à la seconde : notre humilité envers les autres. C’est ce que nous verrons prochainement.


A bientôt…



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