LES ÂMES SOUS L’AUTEL : VISION RÉELLE OU SYMBOLE PROPHÉTIQUE ?

Avant toute chose, je tiens à rappeler que je n'enseigne pas pour soutenir une confession de foi précise. Je ne crois ni dans la tradition Catholique Romaine, ni dans celle du Mouvement Évangélique, et encore moins dans celle des Témoins de Jéhovah ou de l'église Adventiste. Je ne raisonne pas en termes d'église de telle ou telle dénomination. Mon unique objectif, c'est de rester fidèle à ce que dit la Bible, peu importe ce qu'affirment ou rejettent les églises. Donc, si vous vous attendez à ce que je défende une position chrétienne particulière, vous serez déçus, car ce n'est absolument pas ma démarche. Je n'ai d'autre souci que de m'en tenir aux déclarations de la Bible. Je ne crois que dans la vérité des Écritures, et non dans celles des traditions chrétiennes, que celles-ci soient Réformées, Baptistes, Pentecôtistes, Charismatiques, ou autre.

La Vision de Jean

Ce point étant clarifié, je vous invite à lire avec moi ce qu'a écrit l'apôtre Jean dans Apocalypse 6.9-11 : 9 Quand il ouvrit le cinquième sceau, je vis sous l'autel les âmes de ceux qui avaient été immolés à cause de la parole de Dieu et à cause du témoignage qu'ils avaient rendu. 10 Ils crièrent d'une voix forte, en disant : Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarde-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? 11 Une robe blanche fut donnée à chacun d'eux ; et il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, jusqu'à ce que fût complet le nombre de leurs compagnons de service et de leurs frères qui devaient être mis à mort comme eux.

Ce texte est utilisé comme argument pour affirmer que non seulement l'âme continue d'exister après la mort du corps, mais aussi qu'elle se trouve dans le ciel et communique avec Dieu si, bien sûr, il s'agit de l'âme d'un individu qui a fait l'expérience du salut de son vivant. Si c'est le cas, alors nous faisons face à un sérieux problème de contradiction biblique. En effet, à plusieurs reprises dans l'Ancien Testament nous lisons que la mort signale la fin totale de l'existence, et que les défunts n'ont plus ni conscience, ni connaissance, ni activité dans l'au-delà. Rappelons certains textes qui témoignent de cette vérité.

Que deviennent les morts ?

Job 14.10-12 (SG 21) : Quant à l'homme, il meurt et il reste inerte. Quand l'être humain expire, où est-il ? L'eau de la mer se retire, les fleuves arrêtent de couler et deviennent tout secs. De la même manière, l'homme se couche pour ne plus se relever. Il ne se réveillera pas tant que le ciel subsistera, il ne sortira pas de son sommeil.

Psaumes 115.17 : Ce ne sont pas les morts qui célèbrent l'Éternel, ce n'est aucun de ceux qui descendent dans le lieu du silence.

Psaumes 146.4: Leur souffle s'en va, ils retournent à la terre et leurs projets meurent avec eux.

Ecclésiaste 9.5-6 ;10 (Sg 21) : 5 Les vivants, en effet, savent qu'ils mourront, tandis que les morts ne savent plus rien, et ils n'ont même plus de récompense à attendre, puisque leur souvenir est oublié. 6 Même leur amour, leur haine et leur zèle ont déjà disparu; ils ne prendront plus jamais aucune part à tout ce qui se fait sous le soleil…10 : Tout ce que tu trouves à faire, fais-le avec la force que tu as, car il n'y a ni activité, ni réflexion, ni connaissance, ni sagesse dans le séjour des morts, là où tu vas.

Esaïe 26.14 (SG 21) : Ceux qui sont morts ne reviendront pas à la vie, les défunts ne se relèveront pas, car tu es intervenu contre eux, tu les as exterminés et tu as fait totalement disparaître leur souvenir.

Dieu ne se contredit pas

Certains diront peut-être : « Oui mais ces textes sont dans l'Ancien Testament ! Ce n'est plus la même chose dans le Nouveau Testament, tout a changé … » Vraiment ? Ce que Dieu a dit dans l'Ancien Testament peut être contredit par ce qu'il a dit dans le Nouveau Testament ? Croire une telle chose, c'est rejeter ce que Jésus déclare dans Jean 10.35 : L'Écriture ne peut être anéantie. Il n'y a aucune déclaration de l'Ancien Testament qui ne soit devenue une erreur dans le Nouveau Testament. Si c'était le cas, nous perdons notre temps à croire en Dieu et à lire sa Parole, car il ne serait pas digne de confiance.

Non : Dieu ne se contredit pas ! Bien sûr, il y a des vérités qui ne s'appliquent plus à nous aujourd'hui. Par exemple, dans le domaine cultuel, nous ne sommes plus soumis à la loi de Moïse. Nous n'avons pas à offrir des animaux en sacrifice ou à respecter des réglementations alimentaires. Mais les vérité universelles comme le péché et la mort restent identiques tout au long de la Bible. Ce qui se passe après la mort ne subit aucun changement entre l'Ancien et le Nouveau Testament. Tous les textes que nous venons de citer sont toujours vrais aujourd'hui : rien n'est différent. Tout est clairement dit dans l'Ancien Testament : l'âme ne survit pas à la mort de l'être humain.

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Un genre littéraire particulier

Oui, mais alors, que faire avec ce texte que nous avons lu dans Apocalypse 6.9-11 ? La première chose à considérer, c'est qu'il s'agit précisément du livre de l'Apocalypse. Cela veut dire que nous ne pouvons pas lire le dernier livre de la Bible comme nous lisons une des lettres de Paul ou les Actes des Apôtres. Ce livre appartient à un genre littéraire particulier que l'on nomme justement « apocalyptique ». Voici certaines des principales caractéristiques de l'apocalyptique en tant que genre littéraire dans la Bible, et que nous ne devons jamais oublier lorsque nous lisons l'Apocalypse : les visions, les médiations angéliques, les descriptions des mystères célestes, la numérologie et le langage symbolique, pour ne citer que ceux-là.

Par exemple, nous trouvons ce type de textes dans le chapitre 4.5 : Devant le trône brûlent sept lampes ardentes, qui sont les sept esprits de Dieu. Pensez-vous qu'il y a littéralement sept esprits de Dieu devant un trône, et qu'ils ont la forme d'une lampe ? Puis au chapitre 5.6 : Et je vis, au milieu du trône et des quatre êtres vivants et au milieu des vieillards, un agneau qui était là comme immolé. Il avait sept cornes et sept yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyés par toute la terre. Pensez-vous qu'il y a littéralement un agneau avec sept cormes et sept yeux dans le ciel ? En passant, avez-vous noté que dans le précédent verset les sept esprits de Dieu avaient la forme de sept lampes, mais que dans celui-ci ils sont représentés par sept cornes et sept yeux ?

Ou encore au chapitre 9.5 : Ces sauterelles ressemblaient à des chevaux préparés pour le combat ; il y avait sur leurs têtes comme des couronnes semblables à de l'or, et leurs visages étaient comme des visages d'hommes. Pensez-vous que cela décrit de véritables sauterelles ? Bien sûr que non ! Ces passages – et il y en a beaucoup d'autres dans l'Apocalypse – sont remplis de symboles qu'il est nécessaire d'interpréter correctement pour saisir le sens de ce que l'apôtre Jean nous communique.

Attention à l'interprétation littérale !

Cela signifie que nous ne pouvons pas interpréter de façon littérale Apocalypse 6.9-11, car la quasi-totalité du contenu du dernier livre de la Bible est allégorique. Le langage et les termes utilisés pour décrire ce que Jean a vu dans ses visions symbolisent quelque chose ou quelqu'un d'autre. Il a utilisé ce qu'il savait pour décrire ce qu'il a vu, et il ne pouvait le décrire autrement. Pour comprendre notre passage, il faut se souvenir du contexte. Regardez ce que dit Apocalypse 4.1-2 : 1 Après cela, je regardai, et voici, une porte était ouverte dans le ciel. La première voix que j'avais entendue, comme le son d'une trompette, et qui me parlait, dit : Monte ici, et je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite. 2 Aussitôt je fus ravi en esprit. Et voici, il y avait un trône dans le ciel, et sur ce trône quelqu'un était assis.

Quand la voix dit à Jean « Monte ici », cela ne veut pas dire que l'apôtre est littéralement monté au ciel, qu'il est allé le visiter, comme prétendent l'avoir fait tellement de gens aujourd'hui. Non ! Jean n'est pas monté au ciel, mais il a eu des visions de différents symboles qui annoncent des réalités invisibles physiquement. L'expression grecque rendue par « ravi en esprit » au v.2, peut se traduire littéralement par « je me suis retrouvé à l'intérieur de l'Esprit de Dieu ». En d'autres termes, l'apôtre n'a pas été projeté en haut dans le ciel, mais il est passé d'un état à un autre, tout en restant sur terre. L'expression indique qu'il a été complètement enveloppé de la présence active du Saint-Esprit au point où les choses naturelles ont disparu, ne laissant place qu'aux réalités spirituelles.

Notez également que la voix lui dit « je te ferai voir ce qui doit arriver dans la suite ». Donc, Jean voit par la puissance de l'Esprit de Dieu, des événements futurs représentés par des symboles. Il ne décrit pas ce qui se passe présentement, mais ce qui doit se produire dans l'avenir. Cela signifie que dans Apocalypse 6.9-11, Jean ne dépeint pas ce qui se passe actuellement dans le ciel pour les morts en Christ, il parle de quelque chose qui aura lieu dans le futur. En fait, notre texte nous met en présence du cinquième sceau qui symbolise la Grande Tribulation, une période de troubles mondiaux précédant le retour du Christ. Il est donc question d'une chose qui se situe dans un avenir inconnu.

Quatre points importants

Dans cette vision, Jean voit sous l'autel les âmes des croyants qui sont morts en martyrs en raison de leur foi, et qui demandent à Dieu de tirer vengeance de leur sang sur les habitants de la terre. La question à se poser est celle-ci : Jean est-il témoin de quelque chose qui se passe réellement dans le ciel ? Décrit-il une scène qui se déroule actuellement quelque part dans le ciel ? La réponse est non : cette scène ne se déroule pas littéralement et actuellement dans le ciel, car tout ce qui est dit a une portée symbolique et futur. Considérez les quatre points suivants :

1) Ces âmes ne reviendront à la vie que lorsque Jésus reviendra régner

Ces âmes ne reviendront à la vie que lorsque Jésus reviendra régner, ce qui signifie qu'elles ne sont pas vivantes aujourd'hui. C'est ce que nous voyons dans Apocalypse 20.4 : Et je vis des trônes ; et à ceux qui s'y assirent fut donné le pouvoir de juger. Et je vis les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n'avaient pas adoré la bête ni son image, et qui n'avaient pas reçu la marque sur leur front et sur leur main. Ils revinrent à la vie, et ils régnèrent avec Christ pendant mille ans.

2) Ces âmes se reposent

Ces âmes se reposent selon Apocalypse 6.11 qui déclare : Il leur fut dit de se tenir en repos quelque temps encore, et nous savons qu'Apocalypse 14.13 utilise le terme « repos » pour décrire la mort comme un sommeil : Et j'entendis du ciel une voix qui disait : Écris : Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur ! Oui, dit l'Esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux, car leurs œuvres les suivent. Notons que les morts…se reposent, ce qui est une façon de dire qu'ils sont semblables à des gens qui dorment et qui sont donc inconscients.

3) Jean dit « je vis sous l'autel les âmes »

Jean dit « je vis sous l'autel les âmes ». Pensez-vous que dans le ciel il y a des âmes sous un autel ? Quelle position inconfortable pour des personnes sauvées qui se trouveraient au ciel ! Ces âmes ne sont pas des personnes littérales sous un autel littéral, mais elles symbolisent les membres du peuple de Dieu qui auront à subir une terrible persécution et même le martyr comme nous venons de le lire dans Apocalypse 20.4. Ce qui nous permet d'affirmer qu'il ne s'agit pas d'un autel littéral, c'est ce que nous lisons dans Apocalypse 16.7 : Et j'entendis l'autel qui disait : Oui, Seigneur Dieu tout puissant, tes jugements sont véritables et justes. Pensez-vous qu'un autel puisse parler ?

4) La description symbolique des âmes

La description que Jean fait des âmes qui sont sous l'autel est symbolique, car 1 Thessaloniciens 4.16 déclare : Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d'un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. Paul précise ici que les chrétiens décédés demeurent dans le tombeau jusqu'à ce que Jésus revienne et les ressuscitent. Maintenant pensez à cela : « Si les croyants sont déjà au ciel avec le Seigneur, à quoi sert la résurrection ? » La réponse est que présentement, aucun individu qui a été sauvé de son vivant, ne se trouve au ciel après sa mort. Il doit attendre la résurrection pour que cela arrive.

Que symbolisent les âmes sous l'autel ?

La question que l'on peut légitimement se poser est la suivante : « De quoi les âmes qui sont sous l'autel et qui crient d'une voix forte, sont-elles le symbole ? » Je crois avoir déjà répondu en partie à cette question : Ces âmes qui crient sous l'autel symbolisent les saints martyrisés pour leur foi en Dieu et leur fidélité à sa Parole. Mais nous pouvons ajouter autre chose à ce symbole. Pour cela, nous devons revenir en arrière dans le livre de la Genèse. Nous lisons au chapitre quatre, dans les v.8-10 : 8 Cependant, Caïn adressa la parole à son frère Abel ; mais, comme ils étaient dans les champs, Caïn se jeta sur son frère Abel, et le tua. 9 L'Éternel dit à Caïn : Où est ton frère Abel ? Il répondit : Je ne sais pas ; suis-je le gardien de mon frère ? 10 Et Dieu dit : Qu'as-tu fait ? La voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu'à moi.

Voyez-vous, le récit de Jean dans Apocalypse 6.9-11 est similaire à celui de Caïn et Abel dans Genèse 4.8-10. Que criaient les âmes sous l'autel ? Jusques à quand, Maître saint et véritable, tarde-tu à juger, et à tirer vengeance de notre sang sur les habitants de la terre ? (Apocalypse 6.10). Eh bien, de la même façon, la voix du sang d'Abel criait vers Dieu depuis la terre, en raison de son martyr causé par la main de son propre frère. Abel criait-il littéralement à cause de son sang répandu sur le sol ? Évidemment non ! Mais rappelons-nous que Dieu dit dans Lévitique 17.11 : L'âme de la chair est dans le sang. Cela signifie que le sang symbolise l'âme que Dieu a créé en nous par le miracle de l'esprit de vie qu'il nous a donné (Genèse 2.7).

Le vrai sens d'Apocalypse 6.9-11

Le sang versé d'Abel témoigne de la vie que son frère lui a arrachée, et il en va de même pour les âmes sous l'autel. Ces âmes ne crient pas littéralement dans le ciel comme des entités vivantes. Leur sang versé témoigne du fait que leur vie leur a été arrachée pendant la Grande Tribulation en raison de leur foi, et que Dieu n'a pas oublié l'injustice qu'ils ont subie. Jésus exprime cela comme un jugement contre les pharisiens et les docteurs de la loi dans Luc 11.49–51 : 49 C'est pourquoi la sagesse de Dieu a dit : Je leur enverrai des prophètes et des apôtres ; ils tueront les uns et persécuteront les autres, 50 afin qu'il soit demandé compte à cette génération du sang de tous les prophètes qui a été répandu depuis la création du monde, 51 depuis le sang d'Abel jusqu'au sang de Zacharie, tué entre l'autel et le temple ; oui, je vous le dis, il en sera demandé compte à cette génération.

Tout comme les prophètes qui les ont précédés, les martyrs de la Grande Tribulation dont le sang crie sous l'autel, seront également vengés par Dieu. Cependant, cette justice divine n'interviendra qu'au temps fixé. Les âmes de dessous l'autel sont invitées à se « reposer » jusqu'à ce que leurs frères après eux subissent également le martyr (Apocalypse 6.11). Cela indique qu'il y a un nombre précis de croyants qui seront tués pour leur foi, mais que Dieu demandera des compte à ceux qui les auront martyrisés.

Donc, notre texte d'Apocalypse 6.9-11 ne parle pas des croyants qui seraient actuellement au ciel avec Jésus après leur mort, mais de la fidélité et de la justice de Dieu envers ceux qui souffriront le martyr durant la Grande Tribulation de la fin des temps, avant le retour en gloire de Christ pour instaurer son royaume en Israël. Il y a d'autres textes qui n'ont rien à voir avec la survie des âmes dans l'au-delà, contrairement à ce qui est dit à leur sujet, et que nous devons comprendre correctement. C'est ce que nous ferons dans nos prochaines études.

Que le Seigneur vous bénisse !

À Bientôt…

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