Voici ce que Paul a écrit dans Ep 4.1 : Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d'une manière digne de la vocation qui vous a été adressée. L’apôtre déclare que chaque disciple de Jésus doit marcher d'une manière digne de son appel. Nous devons tous vivre d’une manière qui honore la vocation et la position dont nous jouissons en Christ. La question est : comment pouvons-nous faire cela ? Eh bien, dans un sens, le reste de la lettre est la réponse à cette question. Mais ici, dans ce verset charnière, Paul identifie quatre éléments d’une marche digne de notre appel et de notre position en Christ. Examinons-les ensemble :
1. Les motifs d’une marche digne
Le premier élément ce sont les motifs pour lesquels nous marchons dignement. Remarquez le début du verset : « Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur… » Qu'est-ce qui devrait nous pousser à marcher d'une manière digne de notre appel en Christ ? Paul nous donne ici deux motifs. Le premier motif que Paul met en avant, c’est son fervent plaidoyer ou son appel sincère adressé aux Ephésiens. Il leur dit en effet : « Je vous exhorte donc » C'est une expression intéressante. En tant qu’apôtre Paul avait le pouvoir d’ordonner l’obéissance, comme il le faisait parfois (Voyez par exemple Ro 15.18 et Phi 1.21), mais ici, c’est plutôt d’une supplication. Cela montre son cœur de père (Voyez 1 Th 2.11), mais cela montre également le cœur de notre Seigneur qui parfois s’adresse aux hommes par des supplications et des appels fervents, comme par exemple dans Lu 13.34 : Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l'avez pas voulu !
Le mot grec que Paul utilise quand il dit « Je vous exhorte » apparaît plus de cent fois dans le Nouveau Testament. Il signifie « exhorter, réconforter, encourager, supplier ou solliciter ». Dans Ep 4.1 le sens est celui d’exhorter ou de faire appel à ceux à qui la vérité a été enseignée, pour qu’ils l’appliquent à leur vie. Un autre bon exemple de cette façon de procéder de l’apôtre Paul, se trouve dans l’épître aux Romains. Nous y rencontrons le même genre de verset de transition. Dans les onze premiers chapitres de sa lettre aux Romains, il traite de la doctrine du péché, de la justification, de la sanctification, de la souveraineté de Dieu dans le salut.
Puis, après ces onze chapitres très doctrinaux, il fait la transition vers la partie pratique de sa lettre en écrivant dans Ro 12.1 : Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable. C’est exactement le même verbe grec que dans Ep 4.1 : « Je vous exhorte ». Paul dit aux Romains : « Je vous en supplie : à cause des actes de compassions que Dieu a accomplies en votre faveur, offrez-vous à lui comme des sacrifices vivants ». Paul a prononcé ces paroles avec une sincère préoccupation, car il voulait le meilleur pour les croyants de Rome. Il les a supplié, il les a exhorté. Donc, le premier motif pour vivre dignement, c’est le plaidoyer fervent du Seigneur par l’intermédiaire de Paul. La question est : sommes-nous sensibles à l’appel du cœur de Jésus de vivre d’une manière digne de lui ?
Ensuite, Ep 4.1 parle de Paul comme de celui qui s’est sacrifié pour les païens, car au moment où il écrit sa lettre, Paul est un prisonnier. Notez qu’il ne dit pas simplement « Moi Paul », mais il dit : « moi, le prisonnier dans le Seigneur… ». Cela doit être important pour lui dans ce contexte. Paul n’utilise pas de manipulations subtiles, ou le genre de sentiment de culpabilité que des parents plus âgés peuvent être tentés d’utiliser pour obtenir ce qu’ils veulent de leurs enfants, en disant des choses du genre : « Après tous les sacrifices que j’ai fait pour toi, tu pourrais quand même faire cela pour moi ! » Non ! Pour Paul, ce n’est qu’un fait découlant de sa mission. Il est prisonnier parce qu’il a prêché l’Evangile dans les villes de l’Asie Mineure, donc également à Ephèse. Nous en avons déjà parlé, nous n’allons pas y revenir, mais souvenez-vous de ce qu’il a écrit dans Ep 3.1 : A cause de cela, moi Paul, le prisonnier de Christ pour vous païens...
Paul dit : « Je suis en prison à cause de vous, les croyants païens ». En se qualifiant de prisonnier à cause de sa mission auprès d’eux, il leur rappelle qu'en fin de compte, il est de leur côté. Il a à cœur leurs meilleurs intérêts et il l’a clairement prouvé en exerçant son ministère apostolique au milieu d’eux pendant plus de deux ans. Mais cette expression « le prisonnier dans le Seigneur » contient une autre idée qui me semble encore plus importante. Il ne s'agit pas seulement de son amour et de son souci pour les Ephésiens. Cela nous rappelle également que les vérités qu'il partage avec eux ne sont pas les suggestions d’un vieil ami, mais les ordres du Seigneur Jésus-Christ par l’intermédiaire de son apôtre. Vous voyez, le reste de cette lettre est une série d’impératifs moraux, mais ils viennent non pas d’un homme mais du Seigneur lui-même.
Paul se trouvait dans une prison romaine lorsqu'il a écrit cette lettre, mais il n'était pas prisonnier de l'empire romain. Il était prisonnier du Seigneur Jésus-Christ. Ainsi, l’impératif d’Ep 4.1 vient du Seigneur. Paul dit à tous les disciples de Jésus : « Marchez dignement parce que Christ le commande ! » Cela me rappelle ce que Paul dit dans 1 Co 6.19 : Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? Il leur dit en somme : « Vous n'avez pas le droit de vivre comme vous voulez, car vous ne vous appartenez pas, c’est votre maître qui décide comment vous devez vivre. »
Je crois que le verset qui rend le mieux compte de cette réalité, c’est Ro 6.22 où Paul déclare : Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle. Tous les véritables disciples de Jésus sont des esclaves de Dieu. Parce qu’ils ont été affranchis du péché, parce qu’ils sont justifiés en Jésus, ils doivent à présent vivre une vie de sainteté. Paul nous rappelle ici que nous n’avons pas le droit de choisir de vivre comme nous le souhaitons, ce droit appartient à Jésus. Je crois que c’est dans cette optique que Paul dit dans 1 Co 6.20 : Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu. Mes amis, nous avons été rachetés par le sang de Jésus, nous appartenons à Dieu dorénavant, donc nous devons le glorifier en obéissant à ses ordres. Donc le premier motif pour vivre dignement, c’est le fait d’appartenir au Seigneur, d’être son esclave et son prisonnier. Mais combien de croyants aborde leur vie spirituelle avec cette perspective ?
2. Le mandat d'une marche digne
Paul dit : à marcher d'une manière digne de la vocation qui vous a été adressée. Bien qu'il s'agisse d'un fervent plaidoyer, comme nous venons de le voir, il contient également un commandement. C’est comme si Paul disait « Marchez de cette façon maintenant ! ». Paul aime utiliser cette image de la marche pour illustrer la vie chrétienne. D’ailleurs il l'utilise à plusieurs reprises dans la lettre aux Ephésiens. Regardez ce qu’il dit dans Ep 4.17 : Voici donc ce que je dis et ce que je déclare dans le Seigneur, c'est que vous ne devez plus marcher comme les païens, qui marchent selon la vanité de leurs pensées. Puis au chapitre cinq et au v.2 : Marchez dans la charité, à l'exemple de Christ, qui nous a aimés, et qui s'est livré lui-même à Dieu pour nous comme une offrande et un sacrifice de bonne odeur. Dans le même chapitre cinq, il dit au v.8 : Autrefois vous étiez ténèbres, et maintenant vous êtes lumière dans le Seigneur. Marchez comme des enfants de lumière ! Nous expliquerons ces versets lorsque nous arriverons au paragraphe où ils se trouvent.
Si Paul aime décrire la vie chrétienne comme une marche, c'est peut-être parce que l'idée de marcher implique plusieurs questions importantes. Par exemple, cela implique une destination. Nous marchons pour arriver quelque part, pour atteindre une destination. Cela nous rappelle que la vie chrétienne comporte un but vers lequel nous nous dirigeons : avoir le caractère de Jésus-Christ. Nous devons donc marcher vers cette destination. Cela implique aussi un itinéraire prédéterminé. Le Nouveau Testament décrit souvent la vie chrétienne comme un chemin qui nous a été prescrit par Dieu, et sur lequel nous devons marcher. La marche implique également une action personnelle. Il faut mettre un pied devant l'autre. Ce n'est pas quelque chose qui nous tombe dessus, mais c'est quelque chose que nous devons faire. Nous devons nous mettre en action, nous devons avancer un pas après l’autre. Et pour finir, la marche implique un progrès constant. La vie chrétienne n'est pas un sprint, une course rapide. Non ! C'est une marche au cours de laquelle on progresse lentement et régulièrement vers la destination. C’est quelque chose que l’on fait encore et encore, étape après étape. Cela nous amène au troisième élément d’une marche digne.
3. Le sens d'une marche digne
Nous avons vu les motifs et le mandat, parlons maintenant du sens. En d’autres termes : qu'est-ce que cela signifie de marcher d'une manière digne ? L’expression « manière digne » est en réalité un mot grec unique. Il faut deux mots français pour le traduire, mais dans l’original grec c'est un seul mot ou un adverbe, pour être plus précis. Maintenant, avant de vous dire ce que cela signifie, laissez-moi vous dire ce que cela ne signifie pas :
1) Cela ne signifie pas que nous pouvons recevoir quoi que ce soit de la part de Dieu par notre obéissance, comme si cela nous était dû. Rien de ce que nous ferons ne nous assurera le moindre mérite auprès de Dieu. En fait, même les récompenses que nous recevons, sont le résultat de la grâce divine. Mes amis, tout est grâce ! Nous ne pouvons donc rien mériter avec Dieu.
2) Cela ne signifie pas non plus que nous pouvons être digne de notre salut. Nous ne mériterons jamais ce que Dieu a fait pour nous en Christ. La totalité de l’œuvre de la rédemption résulte de l’amour inconditionnel de Dieu.
3) Cela ne signifie pas non plus que nous pouvons d’une manière ou d’une autre rembourser à Dieu notre salut, c’est-à-dire lui rendre en retour ce qu’il a fait pour nous par son Fils. Nous ne devons ni ne pouvons vivre notre vie en essayant de rendre Dieu ce qu’il nous a donné. Ce n’est pas une dette que nous pourrions rembourser.
Mais alors, que veut dire Paul lorsqu'il déclare que nous devons marcher d'une manière digne ? Eh bien, le mot grec traduit ici par « manière digne » contient quelques images. Savez-vous que certains mots suggèrent des images, en raison de leur origine ? Ces images peuvent nous aider à mieux comprendre le sens du mot et comment Paul l'utilise ici. Laissez-moi donc vous dire quelles étaient les images dans l'utilisation originale de ce mot grec, vous saurez ainsi quelle était l’intention de Paul en l’utilisant. Tout d’abord, sachez que le mot grec traduit par « manière digne » c’est « Axios », et il contient deux images.
La première image est celle de l’équilibre. L’équilibre. En grec il signifie littéralement « équilibrer la balance, rendre égal ». À l’origine, on utilisait le mot Axios dans le domaine commercial. Il servait à l’utilisation des balances où il y avait un côté pour mettre ce que vous vouliez peser, et un autre côté pour mettre les poids afin de déterminer la charge de ce que vous pesiez. Et quand la marchandise et les poids s’équilibreraient, que tout était égal, on disait qu’il y avait Axios. Donc, quand Paul affirme que nous devons marcher d'une manière digne, il veut dire que notre style de vie doit être équilibré avec nos privilèges. D'un côté de la balance se trouve ma position en Christ, de l'autre côté se trouve ma conduite ou ma façon de vivre, et celle-ci doit être égale à ce que j’ai reçu par mon union avec Jésus. Mes responsabilités doivent être à la mesure de mes avantages en Christ.
Paul fait valoir cette vérité en utilisant le même mot grec dans ces autres lettres. Par exemple, dans Ph 1.27 il écrit : Seulement, conduisez-vous d'une manière digne de l'Evangile de Christ. Il veut dire que si nous mettons notre conduite d’un côté et l’Evangile de Christ de l’autre, les deux devraient s'équilibrer. Dans 1 Th 2.12 il demande aux croyants : De marcher d'une manière digne de Dieu, qui vous appelle à son royaume et à sa gloire. C’est comme s’il leur disait : « Mettez le Dieu qui vous a appelé et le royaume dans lequel vous vivez d'un côté de la balance, et votre marche de l’autre côté de la balance, et les deux devraient être en parfait équilibre ! ». Voilà donc la première image : équilibrer la balance entre la position et la conduite au quotidien.
Mais il y a une seconde image enfouie dans l’expression « manière digne ». C’est celle d’être approprié ou de correspondre. Correspondre. L’image ici représente littéralement une correspondance avec quelque chose, comme des vêtements ou des couleurs par exemple. Parfois, certaines choses ne correspondent tout simplement pas entre elles. Elles ne sont pas censés être ensemble parce qu’elles ne sont pas du tout assorties. Eh bien la même chose est vraie dans notre vie spirituelle, et c'est pourquoi Paul utilise ce mot qui signifie « être approprié » ou « faire correspondre une chose avec une autre ».
Savez-vous qu’il y a certaines attitudes, certaines paroles et certains comportements qui ne correspondent absolument pas à notre position en Christ ? Par exemple, Paul dit dans Ep 5.3 : Que l'impudicité, qu'aucune espèce d'impureté, et que la cupidité, ne soient pas même nommées parmi vous, ainsi qu'il convient à des saints. Il y a des paroles qui ne doivent pas sortir de nos bouches, nous en parlerons davantage lorsque nous arriverons à cette section de la lettre. Le même Paul dit dans Col 3.12 : Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience. Le sens ici est plus positif, l’apôtre parle d’attitudes que nous devons avoir et qui doivent correspondre à notre identité d’élus de Dieu.
Posons-nous la question : est-ce que notre style de vie, notre façon de vivre, correspond à la doctrine dans laquelle nous croyons ? La balance est-elle équilibrée entre qui nous sommes en Christ et les actions que nous entreprenons jour après jour ? C'est ce que Paul nous exhorte à faire ici en disant de marcher d'une manière digne. Mais comment savoir si je marche dignement avec mon Seigneur ? Eh bien, cela nous amène à un quatrième élément d’une marche digne.
4. La mesure d’une marche digne
Paul dit que nous devons marcher d'une manière digne de la vocation qui vous a été adressée. Cela signifie que notre style de vie doit être à la hauteur de notre appel. D’un côté de la balance il y a notre marche quotidienne. De l'autre côté il y a l'appel que nous avons reçu de Dieu. Les deux doivent s'équilibrer et correspondre. Bien sûr, le mot « vocation » signifie « appel ». Savez-vous que souvent, dans le Nouveau Testament, les croyants sont désignés par ce seul mot : appelés ? Par exemple Paul dit dans Ro 8.28 : Nous savons, du reste, que toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Il se réfère bien évidemment à ceux qui sont sauvés. Ils sont les appelés de Dieu.
Si Dieu nous a appelés, alors notre façon de vivre doit correspondre à cet appel. Cela veut dire que l’appel de Dieu est la mesure selon laquelle nous pouvons évaluer notre marche quotidienne avec le Seigneur. Je dois souvent me demander : « Est-ce que je marche selon mon appel ? Suis-je fidèle à l’appel de Dieu pour ma vie ? » Et je ne parle pas ici d’appel au ministère, mais au salut et à la sanctification. Paul déclare dans 2 Ti 1.9 que : Dieu…nous a sauvés, et nous a adressé une sainte vocation…selon la grâce qui nous a été donnée en Jésus Christ avant les temps éternels. Est-ce que ma vie honore la grâce selon laquelle Dieu m’a appelé en Jésus ? Dans 2 Th 1.11, il dit également : C'est pourquoi aussi nous prions continuellement pour vous, afin que notre Dieu vous juge dignes de la vocation. En d’autres termes : « Je prie pour que votre vie reflète l’appel que Dieu vous a adressés »
Voici le point de Paul dans Ep 4.1 : si nous sommes des disciples de Jésus, nous avons été appelés par Dieu. Il nous a appelés pour faire partie de sa famille. Alors maintenant, vivons d’une manière qui fasse honneur à notre nouvelle famille et à notre Père céleste. C'est ce que l’apôtre dit dans ce premier verset : Marchez dignement de votre vocation. Vous avez été appelés par Dieu, alors vivez en montrant que vous lui appartenez ! Et dans tout le reste de l’épitre, Paul nous explique comment nous devons traduire cette vérité dans les faits. Vous pouvez visionner la version vidéo de cet article sur notre chaîne YouTube en cliquant sur l’image ci-dessous.
A bientôt…
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