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RÉSILIENCE ET MARCHE PAR LA FOI

En 1954, une psychologue américaine, Emmy Werner, est parti à Hawaï pour s’occuper de 698 enfants fortement défavorisés, vivant dans un milieu de pauvreté, d’alcoolisme, de violence et d’absence d’éducation. Elle a fait ce qu’elle pouvait, mais les fonds ayant été coupés, elle a dû rentrer aux Etats-Unis. 30 ans après, avec de nouveaux soutiens financiers, elle a pu retourner à Hawaï et a fait des recherches pour retrouver ces enfants devenus adultes entre temps.


Comme elle s’y attendait, sur les 698 enfants, 72% se sont mal développés et ne se sont pas insérés dans la société. Mais contre toute attente, 201 enfants, soit 28%, s’étaient bien développés, et étaient devenus des adultes tout-à-fait normaux. Ces 201 enfants avaient appris à lire et à écrire, tout en étant privés de tout système éducatif. Ils avaient appris un métier et avaient fondé une famille équilibrée. Le constat auquel elle était arrivée, c’est que les 72% d’échec étaient prévisibles, mais les 28% de réussite ne l’étaient pas.


A partir de là, Emmy Werner s’est intéressée aux personnes qui, après avoir été́ confrontés à des drames au cours de leurs jeunes années, parviennent à les surmonter et à se développer harmonieusement à l’âge adulte. La résilience était née...


Le mot « résilience » est emprunté au domaine de la mécanique. Il désigne l’aptitude d’un objet à résister aux chocs et à récupérer sa structure initiale. Ce mot a été repris en psychologie pour décrire les processus de « réparation de soi » après un traumatisme. En France, c'est le psychiatre Boris Cyrulnik qui a médiatisé le concept de résilience en psychologie, à partir de l'observation des survivants des camps de concentration, ainsi que des enfants ayant vécu dans la rue.


Selon Boris Cyrulnik, la résilience consiste à « reprendre un nouveau développement après une agonie psychique ». La résilience est donc la capacité d’un être humain à se remettre d'un choc violent, à vivre et à réussir en dépit de l’adversité. Il dit aussi que la résilience est un processus, et non un état. Cela signifie qu’on peut le mettre en action, et qu’il ne dépend pas obligatoirement d’un héritage génétique dans le sens où l’un est né résilient, et l’autre ne l’est pas par fatalité.


La résilience peut démarrer, et s’arrêter pour diverses raisons, mais il peut aussi se développer, si on le comprend mieux et qu’on apprend ce qui déclenche le processus. La question est : la résilience a-t-elle quelque chose à voir avec la marche par la foi ? Bien évidemment, la Bible n’utilise pas le terme « résilience », mais sa réalité y est bien présente. Elle est dépeinte comme un « passage » d’un mal vers un bien, des ténèbres vers la lumière, de l’esclavage vers la liberté. Dans cet article, je vais utiliser le terme « résilience biblique ».


La particularité de la résilience biblique, c’est la place que Dieu occupe dans sa mise en application. Elle est ainsi liée à l’espérance, à la foi et à l’amour (1 Co 13.13). Elle repose autant sur la fidélité de Dieu que sur la persévérance humaine. En d’autres termes, si Dieu fait sa part, l’homme doit également faire la sienne.


Parmi les exemples de résilience biblique, nous pouvons citer l’histoire du peuple d’Israël. Après plusieurs centaines d’années d’esclavage en Egypte, il est libéré par Dieu, et devient une nation organisée et puissante. La Pâque, qui veut dire « passer », est le facteur clé de cette expérience de résilience de la part des juifs : non seulement l’ange de la destruction est passé par-dessus leur maison sans les mettre à mort, mais ils sont passés de l’état d’esclaves à celui de peuple libre (Ex 12). Notons cependant que si Dieu est intervenu miraculeusement pour délivrer Israël de son état d’esclavage, Israël a dû coopérer avec Dieu pour sortir d’Egypte afin de prendre la direction de la terre promise.


Dans la Bible, deux personnages illustrent admirablement l’expérience de résilience. Nous découvrons par leur exemple que la résilience biblique met Dieu au centre des problèmes. Il s’agit de Joseph (Gn 37-47) et de Job (Cf. tout le livre qui porte son nom).


Connaissez-vous l’histoire de Joseph ? Si vous êtes un lecteur de la Bible, vous vous souvenez sans doute que Joseph a été victime de terribles injustices. Tout d’abord de la part de ses frères qui l’ont vendu comme esclave. Ensuite de la part de madame Potiphar qui l’a accusée faussement, au point de se retrouver en prison pour un délit qu’il n’avait pas commis. Et finalement, de la part du chef des échansons qui l’a oublié en prison, où il a passé une douzaine d’années...


Mais Joseph « résiste aux chocs », non seulement grâce à ses propres ressources spirituelles, car c’était un homme intègre, patient, plein de foi, etc., mais surtout grâce à l’intervention souveraine de son Dieu. Il ressort de cette terrible épreuve plus fort et mieux équipé pour faire face à l’avenir. Voici son extraordinaire témoignage qui résume fort bien ce qu’il a vécu :

Gn 50.20 : Vous aviez médité de me faire du mal : Dieu l’a changé en bien, pour accomplir ce qui arrive aujourd’hui, pour sauver la vie à un peuple nombreux.


Connaissez-vous Job ? Il est difficile de passer sous silence les terribles souffrances auxquelles il a été soumis : il a perdu ses biens, ses enfants et sa santé. Ses soi-disant amis viennent pour l’aider, et essaient de le culpabiliser d’une façon légaliste. Job refuse la solution pseudo-religieuse et décide d’être franc devant Dieu, en exprimant son incompréhension devant les épreuves dont il est frappé. Le résultat est étonnant :

Job 42.10 : L’Eternel rétablit Job dans son premier état, quand Job eut prié pour ses amis ; et l’Eternel lui accorda le double de tout ce qu’il avait possédé.


A la fin, Dieu guérit Job et le rétabli d’une façon remarquable, non sans l’avoir recadré en lui rappelant la perfection et la souveraineté divine. Toutefois, dans toute la Bible, je crois que c’est Jésus qui parle le mieux de la résilience dans son enseignement. Voici deux exemples, parmi d’autres :

Jn 10.10 : Le voleur ne vient que pour dérober, égorger et détruire ; moi, je suis venu afin que les brebis aient la vie, et qu’elles l’aient en abondance.


Soupçonniez-vous qu’ici, le Seigneur parle de résilience ? Bien sûr, le mot n’est jamais cité, comme nous l’avons déjà souligné, mais le concept est bien présent. Dans cette affirmation, Jésus marque la différence entre l’action du diable et la sienne. Si l’un enlève la vie, l’autre l’augmente ! Jésus est le « champion de la vie », il en donne un peu plus lorsqu’il y a un manque. Cela fait écho au plus célèbre de tous les Psaumes, le Ps 23.4-5 :

4 Quand je marche dans la vallée de l’ombre de la mort, Je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : Ta houlette et ton bâton me rassurent.

5 Tu dresses devant moi une table, En face de mes adversaires ; Tu oins d’huile ma tête, Et ma coupe déborde.


Qu’est-ce qui fait la différence entre la vallée de l’ombre de la mort et la coupe qui déborde (qui est, à n’en pas douter, un surplus de vie) ? C’est ce que nous trouvons dans la confession du v.4 : tu es avec moi. La différence entre l’anéantissement et la restauration, c’est la présence dynamique de Dieu ! Passons maintenant au second exemple que donne Jésus sur la résilience. Il dit dans Jn 16.33 : Je vous ai dit ces choses, afin que vous ayez la paix en moi. Vous aurez des tribulations dans le monde ; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde.


Jésus prévient ses disciples que la marche par la foi n’est pas exempte de souffrances et d’épreuves, mais il leur fait une promesse et leur donne un conseil : la communion avec lui produit la paix dans l’âme, et le courage est accessible à celui qui se confie en lui. Il dit également dans Mc 13.13 : Vous serez haïs de tous, à cause de mon nom, mais celui qui persévérera jusqu’à la fin sera sauvé. Le temps vient où notre foi peut nous attirer la haine des non-croyants, car si nous restons fidèles à Jésus, il faudra aller à contre-courant du monde. Donc, face aux tribulations, le chrétien peut choisir le courage, et face à la haine, la persévérance.


Le prophète Jérémie a vécu une vie difficile : il a été persécuté, maltraité physiquement, incompris et rejeté par une nation entière. Sa souffrance était telle, qu’il a écrit un livre intitulé « Lamentations ». Cependant, au milieu de ses souffrances, il y témoigne de sa résilience, selon La 3.19-25 :

19 Quand je pense à ma détresse et à ma misère, A l’absinthe et au poison ;

20 Quand mon âme s’en souvient, Elle est abattue au-dedans de moi.

21 Voici ce que je veux repasser en mon cœur, Ce qui me donnera de l’espérance :

22 Les bontés de l’Eternel ne sont pas épuisées, Ses compassions ne sont pas à leur terme ;

23 Elles se renouvellent chaque matin. Oh ! que ta fidélité est grande !

24 L’Eternel est mon partage, dit mon âme ; C’est pourquoi je veux espérer en lui.

25 L’Eternel a de la bonté pour qui espère en lui, Pour l’âme qui le cherche.


Ce qui a permis à Jérémie de faire preuve de résilience, c’est le fait de « mentaliser » sa souffrance, plutôt que de rester uniquement au niveau émotionnel. Tout d’abord, au v.19, il pense à sa détresse et sa misère, c’est-à-dire qu’il y fait face avec un esprit objectif. Ensuite, toujours avec sa pensée, il repasse dans son cœur, les qualités de Dieu : ses bontés, ses compassions et sa fidélité. Il ravive le souvenir des interventions passées de Dieu, que ce soit dans sa vie ou dans les Ecritures, et il nourrit son espérance.


En d’autres termes, il réagit à sa souffrance en accordant ses pensées sur la révélation de Dieu. Il ne se laisse pas passivement submerger par les émotions suscitées par les circonstances, mais il considère ce que Dieu est, et ce qu’il peut faire par sa présence. Jérémie met en action une dynamique de vie, en cherchant la communion avec Dieu. Il donne à sa pensée un fil conducteur qui l’aide à se rapprocher du Seigneur, et à croire dans sa présence active, afin d’ouvrir son âme à la paix divine. Combien il est important que les chrétiens apprennent à penser correctement. Je ne suis pas en train de parler de la pensée positive que l’on utilise comme un placebo. Non ! Je parle de la pensée nourrie de la vérité de la Parole de Dieu, afin d’édifier une espérance vivante et une foi victorieuse.


Est-il utile de rappeler l’aide inestimable de la prière pour exposer son âme à la paix de Dieu, et faire ainsi l’expérience de la résilience ? il me semble que c’est ce que l’apôtre Paul fait dans Ph 4.6-7 :

6 Ne vous inquiétez de rien ; mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, avec des actions de grâces.

7 Et la paix de Dieu, qui surpasse toute intelligence, gardera vos cœurs et vos pensées en Jésus-Christ.


En plus d’une pensée bien orientée et d’une espérance réaliste, car la vie chrétienne n’est pas un conte de fée, nous devons développer notre capacité à prier devant des situations urgentes.

Je croire que nous pouvons conclure de tout ce que nous avons dit jusqu’à maintenant que la résilience fait bien partie de la marche par la foi ! Que le Seigneur nous aide à développer cette résilience, et à résister aux vents contraires qui soufflent contre nous.


A bientôt...




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