1 P 2.17 : Honorez tout le monde ; aimez les frères ; craignez Dieu ; honorez le roi.
La lecture de ce verset nous rappelle deux choses :
1. De toujours nous arrêter sur les verbes conjugués à l’impératif dans la Bible, car ils indiquent un commandement auquel nous devons obéir. Ce ne sont pas de simples suggestions ou l’avis personnel de l’auteur, mais un ordre émanant du Seigneur en personne.
2. De toujours prier en gardant la Bible ouverte, car nous ne manquerons pas de trouver des sujets de repentance et de prière. C’est le cas dans ce qui est écrit ici : nous avons tous besoin de nous repentir pour ne pas mettre en pratique ce verset, et nous avons besoin de prier pour être rendu capable d’obéir à ces injonctions.
Regardons ces verbes, qui sont au nombre de trois, mais dont un est répété une seconde fois : HONOREZ, AIMEZ et CRAIGNEZ. Vous l’avez noté, n’est-ce pas ? C’est le verbe « honorez » qui revient à deux reprises.
Tout d’abord, nous sommes appelés à honorer tout le monde et le roi. Le verbe contient l’idée d’estime et de respect. N’oublions pas qu’à cette époque, il y avait énormément d’esclaves et que ceux-ci étaient considérés comme « non-humains ». Ils étaient regardés comme des objets que l’on pouvait utiliser à sa guise et qui n’avaient qu’une valeur marchande.
Les rois, de leur côté, étaient souvent vus comme des tyrans (et ils l’étaient parfois, hélas !) et le désir d’insoumission était répandu. Pierre rappelle donc aux chrétiens qu’ils doivent respecter tout le monde sans faire de différence de race et de rang social. Cela ne veut pas dire que nous devons accepter n’importe quoi, mais nous devons quand même faire preuve de respect envers les personnes occupant un poste d’autorité officiel.
Ensuite, nous sommes appelés à aimer les frères. Cela dépeint notre affection envers les membres d’églises. Nous devons aimer ceux et celles qui partagent notre foi en Christ, parce que nous sommes membres de la même famille spirituelle. Nous savons que l’amour mutuel entre croyants est la marque du disciple selon Jn 13.35 : A ceci tous connaîtront que vous êtes mes disciples, si vous avez de l’amour les uns pour les autres.
Précisons toutefois qu’il doit s’agir d’une foi authentique dans la vérité de l’évangile, et non uniquement d’adhésion aux dogmes d’un groupe se réclamant de la Bible. Nous ne sommes pas appelés à aimer les faux frères ou les membres des églises apostâtes, mais à refuser d’être manipulés par eux et à nous en séparer.
Pau parle dans Ga 2.4 : Des faux frères qui s’étaient furtivement introduits et glissés parmi nous, pour épier la liberté que nous avons en Jésus-Christ, avec l’intention de nous asservir.
Il dit aussi dans 1 Co 5.11 : De ne pas avoir des relations avec quelqu’un qui, se nommant frère, est impudique, ou cupide, ou idolâtre, ou outrageux, ou ivrogne, ou ravisseur, de ne pas même manger avec un tel homme.
La version Parole Vivante traduit ce verset ainsi : De ne pas entretenir de relations avec celui qui, tout en se disant votre « frère », vivrait dans l’immoralité, aimerait trop l’argent, vénérerait les idoles ou serait un calomniateur, un homme adonné à la boisson ou enclin aux affaires malhonnêtes. Avec des gens de cette sorte, il vous faut rompre toute communion et ne pas même prendre de repas ensemble.
Et enfin, nous sommes appelés à craindre Dieu. Une injonction toute simple mais peu mise en pratique, pour au moins deux raisons :
Premièrement, parce que le New Age est passé par là, et que beaucoup de gens, les chrétiens y compris, pensent que la crainte est une émotion malsaine qu’il faut remplacer par le sentiment d’être aimé d’un amour universel. Dieu devient donc un gros Bisounours qui nous aime trop ! D’ailleurs, ne l’appelle-t-on pas souvent « le bon dieu » ? il s’agit, en ce qui me concerne, de l’expression la plus irrespectueuse que l’on puisse utiliser en parlant de Dieu. Je vous en prie : excluez-la de votre vocabulaire...
Deuxièmement, parce que la notion de crainte, surtout lorsqu’elle est appliquée à Dieu, est mal comprise. On a du mal à croire que Dieu nous demande d’avoir peur de lui. Cela nous semble suspect. Nous pensons que cela vient du Moyen-Âge, que c’est démodé ! Un jour, au milieu d’une réunion où j’enseignait sur la crainte de Dieu, un des participants m’a dit qu’il n’avait pas peur de Dieu, et qu’il ne comprenait pas le concept de crainte de Dieu. Pour ne pas l’embarrasser publiquement, je ne lui ai pas posé la question que suscitait en moi sa remarque : « Êtes-vous certain d’être sauvé ? »...
Pour que les choses soient claires, considérons le verbe que Pierre utilise dans le verset à l’étude. Il s’agit de la traduction du grec « Phobeo » qui signifie « être terrifié, saisi de frayeur et frappé de peur ». Ce mot grec a donné « Phobie » qui désigne une peur démesurée et irrationnelle, ce qui indique bien la force du sens qu’il contient.
Dans notre texte, l’apôtre Pierre dit en substance : « Concernant tout le monde, le roi y compris, faites preuve de respect et d’estime. Concernant les autres chrétiens, démontrez votre affection comme envers des membres d’une même famille. Concernant Dieu, soyez terrifiés, soyez saisis de frayeur et frappés de peur ». Voilà l’attitude que tout chrétien doit adopter vis-à-vis de Dieu : LE CRAINDRE !
Hélas ! Hélas ! La crainte de Dieu est aujourd’hui largement absente de l’Eglise en générale. On parle « d’aimer Dieu », « de vénérer Dieu », « d’honorer Dieu », « d’éprouver un saint respect pour Dieu », et on présente Dieu comme l’ami de l’homme, plus particulièrement du chrétien.
C’est faux ! C’est un mythe ! Dieu n’est pas notre ami ! Dieu est notre créateur, notre sauveur, notre Seigneur et notre Père, mais il n’est pas notre ami, celui avec lequel nous pouvons user de familiarité. C’est un mensonge savamment orchestré par le royaume de ténèbres pour que nous perdions la crainte de Dieu.
Il y a un verset dans la Bible qui peut induire en erreur, c’est Job 29.4 : Que ne suis-je comme aux jours de ma vigueur, Où Dieu veillait en ami sur ma tente.
Ce texte semble dépeindre Dieu comme un ami. Mais c’est faux ! Ce n’est pas ce que dit réellement le verset. L’expression « veillait en ami » est la traduction de l’hébreu « Cowd » (prononcez : ’’Sode’’) qui signifie « conseil secret » ou « confidence ».
Ce que Job dit ici, c’est qu’il regrette l’époque où le Seigneur partageait avec lui des secrets dans sa tente de nomade, lorsqu’il était en bonne santé et que l’amertume de la souffrance ne l’empêchait pas de communier avec Dieu. Depuis l’épreuve qui le frappait si durement et que Dieu avait permise, les choses étaient si différentes...
Ce même verset est traduit de la façon suivante dans la Nouvelle Bible Segond (NBS) : Tel que j’étais aux jours de ma pleine maturité, quand ma tente était dans les secrets de Dieu. Intéressant, n’est-ce pas ? Quelqu’un pourrait dire : « Mais Jésus n’a-t-il pas appelé ses disciples « mes amis » (Jn 15.14) et Abraham n’a-t-il pas été surnommé « l’ami de Dieu » (Ja 2.23) » ? Regardons les textes qui en parlent de plus près.
Jn 15.14 : Vous êtes mes amis, si vous faites ce que je vous commande. Jésus pose ici la condition d’obéissance avec les disciples : ils sont ses amis dans la mesure où ils font ce qu’il leur commande. La Bible ne dit pas textuellement que Jésus était leur ami, mais elle dit que ce sont les disciples qui devenaient les amis de Jésus, en agissant d’une façon particulière. Cela signifie que grâce à leur obéissance, ils ont été introduits dans une relation plus intime avec Jésus, et non pas que Jésus était un camarade pour eux. Cela fait toute la différence.
Les disciples n’ont jamais appelé Jésus « notre ami ». Jamais ! Nulle part dans les Actes des Apôtres ou dans les épîtres, Jésus n’est surnommé « notre ami ». Jamais. D’ailleurs Jésus précise comment ils l’appelaient. Nous lisons dans Jn 13.13 : Vous m’appelez Maître et Seigneur ; et vous dites bien, car je le suis. Les disciples n’appelaient pas Jésus « mon pote » ou « mon dalon » (mot spécifique à l’île de la Réunion et servant à désigner un ami proche), mais ils s’adressaient à lui en le qualifiant de MAÎTRE et SEIGNEUR. Notez ce que Jésus ajoute ensuite : « et vous dites bien, car je le suis ». En d’autres mots, continuez de m’appeler ainsi, car c’est ce que je suis pour vous : votre maître et votre Seigneur.
C’est le même principe dans le cas d’Abraham. Après avoir attendu 25 ans la naissance d’Isaac, Dieu lui demande d’offrir son fils en sacrifice pour lui prouver sa foi. C’est après avoir obéi à ce commandement qu’Abraham fut appelé « ami de Dieu ». C’est ce que nous apprend Jacques dans son épître.
Ja 2.12-23 :
21 Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres, lorsqu’il offrit son fils Isaac sur l’autel ?
22 Tu vois que la foi agissait avec ses œuvres, et que par les œuvres la foi fut rendue parfaite.
23 Ainsi s’accomplit ce que dit l’Ecriture : Abraham crut à Dieu, et cela lui fut imputé à justice ; et il fut appelé ami de Dieu.
Le verset qui se rapporte à l’obéissance d’Abraham, obéissance qui lui a valu le surnom d’ami de Dieu, possède un détail important que nous avons tendance à oublier. Lisez attentivement ce qui suit dans Gn 22.12 : L’ange dit : N’avance pas ta main sur l’enfant, et ne lui fais rien ; car je sais maintenant que tu crains Dieu, et que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique.
Abraham est déclaré ami de Dieu en raison de la CRAINTE qu’il a eu dans son cœur, au point d’avoir obéi à l’ordre d’offrir Isaac en sacrifice. C’est cette attitude chez Abraham qui a fait de lui, non seulement le « père des croyants », mais aussi « l’ami de Dieu ».
Avez-vous entendu parler du « Triangle des Bermudes », cette zone géographique imaginaire de l’océan Atlantique, reliant la pointe sud de la Floride, l’île de Porto Rico et l’archipel des Bermudes, et où de nombreux navires et avions auraient disparu ? (Il y a beaucoup d’exagération, donc soyons prudents…). Eh bien au lieu de nous intéresser au Triangle des Bermudes, intéressons-nous plutôt au triangle de la foi que nous révèle Abraham et les disciples de Jésus : 1) la crainte de Dieu, 2) l’obéissance à ses commandements et 3) plus d’intimité avec lui.
La base de ce triangle c’est quand même : la crainte de Dieu !
Nous venons de parler de Job qui regrettait l’époque où son intimité avec Dieu lui permettait de partager des secrets divins. Savez-vous qu’elle était la raison de cette intimité ? C’est Dieu lui-même qui la révèle dans Job 1.8 : L’Eternel dit à Satan : As-tu remarqué mon serviteur Job ? Il n’y a personne comme lui sur la terre ; c’est un homme intègre et droit, craignant Dieu, et se détournant du mal.
Job avait la crainte de Dieu et obéissait à Dieu en se détournant du mal. Le résultat fut une grande intimité divine où Dieu lui faisait des confidences. Nous retrouvons le Triangle de la Foi. Bien sûr, Job a été éprouvé, mais il a été restauré dans ce Triangle, et sa fin a été plus glorieuse encore. Quand nous sommes éprouvés, nous sommes tentés de remettre en cause notre foi, et nous pouvons même nous demander s’il ne vaut pas mieux ne pas être chrétien dans ces conditions. Mais que dit la Bible ?
Pr 23.17 : Que ton cœur n’envie point les pécheurs, Mais qu’il ait toujours la crainte de l’Eternel.
S’il y a un reproche que Dieu peut faire à ses enfants aujourd’hui, c’est le manque de crainte de sa personne ! Dieu dit que nous devons TOUJOURS avoir la crainte de l’Eternel, et pas seulement quand tout va bien. Beaucoup de chrétiens croient que la priorité numéro une c’est l’amour pour Dieu qui s’exprime par une louange joyeuse. Ils pensent que c’est ainsi qu’ils témoignent de leur attachement à Dieu. Alors on parle « d’atmosphère ou de climat de louange et d’adoration » …
C’est étrange comme nous avons tendance à juger la louange en fonction de ce que nous ressentons, sans penser à ce que Dieu lui, ressent…Comment Dieu juge-t-il notre attachement à lui et notre louange envers lui ? Ses critères sont différents des nôtres, comme nous le montre De 13.4 : Vous irez après l’Eternel, votre Dieu, et vous le craindrez ; vous observerez ses commandements, vous obéirez à sa voix, vous le servirez, et vous vous attacherez à lui.
Il y a ici six verbes d’actions qui sont donnés dans un ordre bien précis, et qui dépeignent quatre attitudes que Dieu attend de nous :
1) IREZ : A. notre conversion au Seigneur.
2) CRAINDREZ : B. notre comportement après la conversion.
3) OBSERVER
4) OBÉIREZ C. notre conformité à la volonté de Dieu.
5) SERVIREZ
6) ATTACHEREZ : D. notre affection pour Dieu.
Avant notre affection (sentiments & émotions) viennent la conformité de nos actes à sa volonté et notre comportement de crainte qui doit résulter de notre conversion. Mais aujourd’hui, les chrétiens ne savent plus avoir la crainte de Dieu. Ils n’ont plus peur de Dieu. C’est la raison pour laquelle beaucoup n’opposent plus de résistance au péché. Ils se laissent aller et se compromettent avec le monde et sa perversion, car leur cœur n’est pas rempli de la crainte de l’Eternel.
J’ai déjà donné deux raisons pour lesquelles la crainte de Dieu est une denrée rare aujourd’hui ; en voici deux autres :
Troisièmement, parce que l’Eglise a en son sein des faux chrétiens qui ne sont pas réellement convertis, ils ne sont là que parce qu’ils ont trouvé une ambiance qui les convient et qui ne les empêche pas d’être esclaves du péché.
Jé 32.39 : Je traiterai avec eux une alliance éternelle, Je ne me détournerai plus d’eux, Je leur ferai du bien, Et je mettrai ma crainte dans leur cœur, Afin qu’ils ne s’éloignent pas de moi.
Notons que la preuve que nous sommes entrés dans l’alliance du salut, c’est la crainte de Dieu dans notre cœur. Et c’est Dieu qui met cette crainte dans notre cœur. C’est aussi cette crainte qui nous empêche de nous éloigner de Dieu. Donc, s’il y a rareté, manque ou absence de crainte de Dieu en nous, demandons-nous si nous sommes réellement sauvés ?
Quatrièmement, parce que les chrétiens ne sont pas enseignés sur la crainte de Dieu. Ce n’est pas un sujet populaire qui attire les foules, alors les pasteurs évitent d’en parler, car ce n’est pas de la bonne publicité pour l’église. Mais regardez ce que dit le psalmiste dans le Ps 34.12 : Venez, mes fils, écoutez-moi ! Je vous enseignerai la crainte de l’Eternel.
Ce sont les paroles du roi David, le psalmiste par excellence de la Bible. Il ne dit pas : « je vous enseignerai la louange et la psalmodie » ! Non, il dit : « je vous enseignerai à avoir la crainte de Dieu dans vos cœurs… ». Combien l’Eglise a besoin d’être enseigné sur la crainte de Dieu ! Combien les chrétiens ont besoin de comprendre que ce que Dieu attend de ses enfants, c’est qu’ils le craignent et lui obéissent ! Aujourd’hui, le christianisme et l’évangile sont devenus « des produits de consommation pour la satisfaction personnelle du croyant ».
La piété a diminué. La sainteté a perdu d’intensité. L’humilité est quasiment absente de l’Eglise. On se sert du Nom de Jésus pour son renom personnel et pour avoir du succès, afin d’attirer les foules. Les chrétiens ne savent plus faire la différence entre un concert et la pure adoration de Dieu.
Dès qu’ils voient et entendent des chanteurs qui font preuve de professionnalisme et qui leur donnent des frissons, ils disent que c’est l’onction et l’adoration. Or, très souvent, il n’y a que de la satisfaction charnelle, mais l’absence de la crainte de Dieu a ôté toute faculté de discernement spirituel...
Pour conclure, permettez-moi de vous révéler, au cas où vous ne l’auriez pas compris, quelle est la source de vie dont l’Eglise d’aujourd’hui a désespérément besoin. Nous le trouvons sans le Pr 14.27 : La crainte de l’Eternel est une source de vie, Pour détourner des pièges de la mort.
Que puis-je ajouter de plus ?
Mon ami, qui que tu sois : CRAINS DIEU !
A bientôt...
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