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FAUSSE OU VRAIE HUMILITÉ ?

Je suis heureux de vous retrouver pour cette troisième réflexion sur l’humilité. Ma prière est que cela nous aide à examiner notre vie à la lumière de ce que dit la Bible. Aujourd’hui, je veux vous parler de l’importance de reconnaître la véritable humilité quand on la voit. Or, rien n'aide davantage à reconnaître la véritable humilité, que de savoir à quoi ressemble une humilité factice, ou contrefaite. Dans cet article, je souhaite clarifier ces distinctions.

Une bonne façon de commencer le processus de compréhension de la véritable humilité, est d'examiner de près la vie d'une personne que la Bible caractérise comme étant vraiment humble. A cet égard, j'ai trouvé utile de considérer l’exemple de Moïse comme modèle d'humilité. Moïse est non seulement l'une des personnalités bibliques les plus appréciées, mais il est également entré dans l'histoire comme l'un des leaders exceptionnels de la race humaine. Très peu de gens refuseraient à Moïse cette distinction, si seulement ils connaissaient sa vie. Il était le parfait prototype du puissant dirigeant, et pourtant selon No 12.3 (Sg 21) : Moïse était un homme très humble, plus humble que n'importe quel homme à la surface de la terre.


Cela signifie que Moïse était l'homme le plus humble du monde à cette époque. Certaines versions, comme la Darby, utilisent l’expression « très doux » au lieu de « très humble » pour traduire l'hébreu « anav ». Ainsi, chez Moïse, nous trouvons une combinaison du dirigeant le plus puissant et de l'individu le plus humble du monde. Cela correspond bien à ce que Jésus allait dire des siècles plus tard : Quiconque s'élèvera sera abaissé, et quiconque s'abaissera sera élevé. (Mt 23.12)


Dans le douzième chapitre des Nombres, Miriam la sœur de Moïse, a soudainement voulu le remplacer comme leader des enfants d'Israël. Elle a étrangement gagné Aaron à sa cause, et a tenté un coup d'État. Moïse, cependant, s'est montré à la hauteur de la situation. Il a enduré les attaques et les critiques avec dignité et intégrité. L'affaire était suffisamment grave pour que Dieu intervienne personnellement, en prenant parti pour Moïse. Il s’est adressé directement à Miriam et à Aaron, en leur affirmant que Moïse était le chef qu’il avait désigné et oint. Nous lisons dans No 12.6-10 :

6 Et il (Dieu) dit : Écoutez bien mes paroles ! Lorsqu'il y aura parmi vous un prophète, c'est dans une vision que moi, l'Éternel, je me révélerai à lui, c'est dans un songe que je lui parlerai.

7 Il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse. Il est fidèle dans toute ma maison.

8 Je lui parle bouche à bouche, je me révèle à lui sans énigmes, et il voit une représentation de l'Éternel. Pourquoi donc n'avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse ?

9 La colère de l'Éternel s'enflamma contre eux. Et il s'en alla.

10 La nuée se retira de dessus la tente. Et voici, Marie était frappée d'une lèpre, blanche comme la neige. Aaron se tourna vers Marie ; et voici, elle avait la lèpre.


Miriam s'était élevée et Dieu, fidèle à sa nature, a répondu en l'humiliant. Il a puni Miriam en tant que meneuse de la rébellion, en lui infligeant immédiatement la lèpre. Plutôt que de se réjouir de la préservation de son statut de dirigeant, l’humble serviteur de Dieu a de nouveau montré son vrai caractère lorsqu'il a prié pour Miriam : Moïse cria à l'Éternel, en disant : O Dieu, je te prie, guéris-la ! (v.13). Comme nous le savons, Dieu l'a miraculeusement guérie, en réponse à la prière de son frère. Cependant, bien que Miriam ait été restaurée dans son intégrité physique, elle n'a plus jamais été la même. D’ailleurs, on ne parle plus jamais d’elle, sauf pour mentionner sa mort et son enterrement (Cf. No 20.1).


Permettez-moi de répéter ce que j'ai déjà dit dans le premier article : lorsque Dieu doit intervenir et humilier quelqu’un, celui-ci ne revient jamais plus au niveau où il était avant d’avoir été humilié ! Il est bien mieux de vivre un style de vie où l’humilité a sa place, en suivant l'exemple de Moïse, plutôt que d’être humilié par Dieu. Si le Seigneur doit en arriver à une mesure disciplinaire, c’est trop tard : vous en garderez des traces à vie. Il y a quelque chose que vous perdez, et que vous ne retrouverez jamais…


Avez-vous déjà pensé que l'auteur de la célèbre déclaration selon laquelle Moïse était plus humble que n'importe quel homme à la surface de la terre (No 12.3) était Moïse lui-même ? Vous savez que Moïse a écrit les cinq premiers livres de la Bible, Nombres étant le troisième, n’est-ce pas ? Si vous n'y avez jamais pensé auparavant, l'idée est généralement un peu choquante. En fait, elle a tellement choqué certains spécialistes de la Bible, qu'ils en sont venus à supposer qu'un rédacteur ultérieur des Nombres a dû insérer ce commentaire. Selon eux, Moïse ne pouvait pas être si orgueilleux au point de s’auto-déclarer humble ! S'il l'avait été, une telle déclaration aurait effectivement annulé son humilité. Cela pourrait nous rappeler la déclaration satirique suivante : « Je suis humble, et fier de l’être… »


Réfléchissons-y un instant. La question est importants. Une personne vraiment humble peut-elle reconnaître qu'elle est humble et le faire savoir aux autres ? Pourquoi pas ? Il n'y a pas de fausse modestie à présenter ses qualités exactement comme elles sont. En écrivant sous l'inspiration du Saint-Esprit, Moïse n'a pas hésité à faire état de ses faiblesses en utilisant un langage clair, comme quand il parle de sa colère (Cf. Ex 32.19) ou de sa désobéissance aux eaux de Meriba, lorsqu’il a frappé le rocher au lieu de lui parler, selon l’ordre de Dieu (No 20.11-12). Ce serait contraire à la remarquable objectivité de la Bible si Moïse ne faisait pas également état de son point fort : son humilité


Il y a d’autres exemples bibliques pour étayer le point que je viens de soulever. En plus de Moïse, Jésus et Paul sont non seulement des exemples d’humilité, mais ils le reconnaissent eux-mêmes. Par exemple, Jésus a dit dans Mt 11.29 : Je suis doux et humble de cœur. Jésus est la deuxième personne de la Trinité et, par conséquent, Dieu lui-même, mais nous pouvons quand même suivre son exemple. Nous devrions également être capables de dire « Je suis doux et humble de cœur », d'autant plus que ces deux caractéristiques témoignent d’une vie où le Saint-Esprit est pleinement présent et actif.


Paul, lui, est un être humain tout comme nous, il n’est pas un membre de la Trinité. Dans la seconde épître aux Corinthiens, celle dans laquelle il a le plus sûrement affiché ses lettres de créance en tant qu'apôtre, Paul a également écrit : Moi Paul, je vous prie, par la douceur et la bonté de Christ, moi, humble d'apparence quand je suis au milieu de vous, et plein de hardiesse à votre égard quand je suis éloigné (10.1). Paul, apparemment, n'avait aucun problème à s'identifier personnellement à l'affirmation de Jésus selon laquelle il était doux et humble. Par conséquent, s’il a été élevé par Dieu en tant qu'apôtre, il a également reconnu que l'une des raisons pour lesquelles Dieu avait jugé bon de le faire, était que lui, Paul, avait choisi de s'humilier.


Avant de pouvoir conclure qu'une personne est humble, il serait utile de savoir quel type de comportement entre dans les limites de l'humilité, et aussi quel type en est exclu. Pour des raisons de clarté, je vais les diviser en deux catégories : 1) La fausse humilité et 2) L'humilité contrefaite. Même si ces deux concepts semblent synonymes, je pense qu'il est bon de les séparer car la Bible est très précise sur la signification de la fausse humilité. En fait, la fausse humilité n'apparaît que dans un seul chapitre de la Bible, le second chapitre de la lettre aux Colossiens, où elle est mentionnée deux fois :

Col 2.18 (Sg 21) : Que personne, par son goût d'une fausse humilité et du culte des anges, ne vous prive de la victoire. Plongé dans ses visions, un tel homme est sans raison enflé d'orgueil sous l'effet de ses pensées tout humaines,

Col 2.23 (Sg 21) : Ils ont, en vérité, une apparence de sagesse, car ils indiquent un culte volontaire, de l'humilité et le mépris du corps, mais ils sont sans aucune valeur et ne servent qu'à la satisfaction personnelle.


L’humilité ici est fausse car elle n’est qu’apparente. Mais ces deux références à la fausse humilité sont séparées par trois versets clés. Lisons les v.20-22 pour découvrir ce que Paul dénonce comme étant la fausse humilité : Si vous êtes morts avec Christ aux principes élémentaires qui régissent le monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous soumettez-vous à toutes ces règles : Ne prends pas ! Ne goûte pas ! Ne touche pas !» ? Elles ne concernent que des choses destinées à disparaître dès qu'on en fait usage. Il s'agit bien là de commandements et d'enseignements humains ! De quoi parle-t-il exactement ici ?


Eh bien Paul fait référence au légalisme. En d'autres termes, le légalisme est la définition biblique de la fausse humilité. Mais qu’est-ce que le légalisme ? Le légalisme consiste à évaluer toute conduite en fonction d’une stricte adhésion à un ensemble de règles, ceci en mettant l'accent sur la lettre plutôt que sur l'esprit des règles, et en condamnant moralement ceux qui choisissent de ne pas s'y conformer ! Rien n’est plus hideux que le légalisme religieux. Et il l’est encore plus quand il émane de chrétiens censés vivre dans une atmosphère de grâce.


Le légalisme est basé sur des contraintes externes et sur des punitions infligées à ceux qui violent les lois. La grâce est fondée sur des contraintes internes. Nous avons besoin des deux. Les lois définissent et limitent la manière dont nous devons nous comporter selon le code de conduite de l'homme. La grâce de Dieu nous donne la liberté de développer le type de caractère qui nous amène à nous comporter comme nous le devrions, dans la miséricorde divine. Voyez-vous la grande différence qui existe entre les deux ?


Le légalisme se manifeste de nombreuses façons. Par exemple, certaines personnes ont décidé que leur humilité implique un code vestimentaire précis. Certaines femmes pensent que les gens verront qu'elles sont humbles si elles ne portent pas de maquillage ou de bijoux. Un signe d'humilité pour certains prédicateurs, consisterait à prêcher en jeans et t-shirt, plutôt qu’en chemise et pantalon en lin. Certains ne croient même pas qu'il faille porter les mêmes vêtements usagers et ne pas en acheter de neufs pour paraître humbles. Nous pourrions multiplier les exemples, mais ceux-ci suffisent pour nous donner un aperçu d’une forme cachée de légalisme : la Bible l'appelle la fausse humilité


Beaucoup d'autres choses subtiles, et tout aussi trompeuses, se déguisent sous une apparence d'humilité. L’humilité qui n’est pas authentique, sait comment utiliser des mots politiquement corrects afin de paraître humble, pourtant en regardant sous la surface, on se rend compte qu’il n'y a aucune humilité de cœur ou d'esprit. Quand Paul dit dans 1 Co 15.9 : Car je suis le moindre des apôtres, je ne suis pas digne d'être appelé apôtre, parce que j'ai persécuté l'Église de Dieu, il ne s'agit pas d'un jargon politiquement correct, mais plutôt d'une prise de conscience que son passé de persécuteur de l’Eglise le disqualifierait de l’office apostolique, si Dieu ne lui avait pas fait grâce. En d’autres termes, Paul n’étalait pas une humilité contrefaite. Nous devons être vigilants, car l’humilité contrefaite est plus difficile à repérer que la fausse humilité sous son vernis de légalisme.


Parmi les signes courants de l'humilité contrefaite, on peut citer le fait d'insister sur sa pauvreté et de la présenter comme une vertu, de se déprécier, d'être faible, de se laisser marcher sur les pieds par les autres, de se considérer comme une nullité, d’entretenir une mentalité de victime, et certains types de timidité. Attention, tous les timides ne sont pas en manque d’humilité : ne généralisez pas ! Mais il existe une forme de timidité qui est feinte pour paraître humble et mieux séduire l’autre. De même, quelqu’un peut se déprécier et élever l’autre, afin de donner l’impression qu’il n’a pas une haute opinion de lui-même, alors qu’en réalité il n’attend qu’une chose : d’être élevé à son tour, et qu’on lui dise « Mais non, tu as des qualités remarquables, tu es trop modeste ! »


Un dernier mot pour conclure. Nous ne devons pas considérer l'humilité comme un absolu. Il ne s'agit pas d'être humble ou de ne pas l'être. L'humilité n'est pas comparable au fait d'être enceinte. Nous ne pouvons pas dire qu'une femme enceinte est plus enceinte qu'une autre. Non ! Quels que soient le nombre de mois de grossesse, une femme est aussi enceinte à trois mois qu’à huit mois. L'humilité, par contre, se situe à l’intérieur d’une gamme. Toutes les personnes humbles ne sont pas égales en humilité. Tous les attaquants en football sont de bons attaquants, sinon ils n’occuperaient pas ce poste, mais ils ne sont pas tous égaux, car certains sont de meilleurs attaquants que d’autres. C’est pareil pour l’humilité : les degrés différents selon es personnes…


Les personnes vraiment humbles, pour la plupart, désirent être plus humbles encore. C’est le désir de leur cœur. Grandir en humilité est un processus qui dure toute la vie. Je peux (et je devrais !) être plus humble aujourd’hui qu’il y a cinq ans en arrière. Tout dépend de ma sensibilité à la nécessité de l’humilité. Au fur et à mesure que nous marchons avec le Seigneur, il nous conduit dans des situations où nous sommes mis en face de notre vrai niveau d’humilité. Parfois, nous nous croyons plus humbles que nous ne le sommes réellement. Et puis, cela nous éclate au visage ! Nous découvrons que dans tel ou tel domaine, nous manquons d’humilité. Nous avons alors le choix : continuer comme avant, sans nous soucier des conséquences, ou chercher la face de Dieu dans la prière, et le supplier de nous aider à grandir dans la vraie humilité. Puissent ces articles y contribuer.


A bientôt…




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