L’HOMME RICHE ET LAZARE (1ère partie) : que dit vraiment la Bible sur la mort ?
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Une parabole ou un récit historique ?
Que dit la Bible sur la mort à travers l’homme riche et Lazare ?
Lorsqu’on se penche sur ce que la Bible dit au sujet de la mort, l'histoire de l’homme riche et Lazare, rapportée dans le seizième chapitre de Luc, est peut-être le passage le plus incompris des Écritures pour ceux qui adhèrent à la croyance en l'immortalité de l’âme. Ils y voient la preuve qu’après son décès, l’âme humaine continue d’exister, et se rend soit dans un lieu de tourment, soit dans un lieu de béatitude.
Est-ce vraiment de cela dont parle ce récit, systématiquement utilisé dans la prédication chrétienne pour mettre en garde contre l’enfer ? La réponse va dépendre de notre compréhension de l’histoire elle-même et du contexte dans lequel Jésus l’a racontée.
Que dit la Bible sur l’état des morts ?
Avant d'examiner le texte de l’homme riche et Lazare, il est important de revoir quelques passages bibliques qui traitent de l’état des morts. J’en ai déjà parlé dans les onze précédentes études, que vous pouvez consulter si vous voulez avoir davantage de détails. Aujourd’hui, je me limiterai à rappeler certaines vérités fondamentales qui restent les mêmes de l’Ancien au Nouveau Testament.

1. L’inconscience de la mort
Les morts sont inconscients.
Ecclésiaste 9.5-6, 10 : « 5 Les vivants, en effet, savent qu'ils mourront ; mais les morts ne savent rien, et il n'y a pour eux plus de salaire, puisque leur mémoire est oubliée. 6 Et leur amour, et leur haine, et leur envie, ont déjà péri ; et ils n'auront plus jamais aucune part à tout ce qui se fait sous le soleil. (…) 10 Tout ce que ta main trouve à faire avec ta force, fais-le ; car il n'y a ni œuvre, ni pensée, ni science, ni sagesse, dans le séjour des morts, où tu vas. »
2. Le silence de la mort
Les morts ne peuvent pas louer Dieu.
Psaume 6.4-5 : « 5 Reviens, Eternel ! délivre mon âme ; Sauve-moi, à cause de ta miséricorde. 6 Car celui qui meurt n'a plus ton souvenir ; Qui te louera dans le séjour des morts ? »
Psaume 30.10 : « Que gagnes-tu à verser mon sang, A me faire descendre dans la fosse ? La poussière a-t-elle pour toi des louanges ? Raconte-t-elle ta fidélité ? »
Psaume 115.17 : « Ce ne sont pas les morts qui célèbrent l'Éternel, Ce n'est aucun de ceux qui descendent dans le lieu du silence. »
3. Le sommeil de la mort
La métaphore du sommeil de la mort souligne l’inactivité et l’inconscience : un défunt ne participe plus aux activités de la vie.
Psaume 13.4 : « Regarde, réponds-moi, Éternel, mon Dieu ! Donne à mes yeux la clarté, Afin que je ne m'endorme pas du sommeil de la mort. »
Psaume 146.4 : « Leur souffle s'en va, ils rentrent dans la terre, Et ce même jour leurs desseins périssent. »
Actes 7.60 : « Puis, s'étant mis à genoux, il s'écria d'une voix forte : Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! Et, après ces paroles, il s'endormit. »
Actes 13.36 : « Or, David, après avoir en son temps servi au dessein de Dieu, est mort, a été réuni à ses pères, et a vu la corruption. »
4. Le réveil de la résurrection
La solution au problème de la mort, selon la Bible, c’est la résurrection des morts lors du retour de Christ.
Daniel 12.2 : « Plusieurs de ceux qui dorment dans la poussière de la terre se réveilleront, les uns pour la vie éternelle, et les autres pour l'opprobre, pour la honte éternelle. »
Jean 5.28-29 : « 28 Ne vous étonnez pas de cela ; car l'heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, 29 et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. »
1 Corinthiens 15.20-23 : « 20 Mais maintenant, Christ est ressuscité des morts, il est les prémices de ceux qui sont morts. 21 Car, puisque la mort est venue par un homme, c'est aussi par un homme qu'est venue la résurrection des morts. 22 Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ, 23 mais chacun en son rang. Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement. »
1 Thessaloniciens 4.13-17 : « 13 Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l'ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous affligiez pas comme les autres qui n'ont point d'espérance. 14 Car, si nous croyons que Jésus est mort et qu'il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts. 15 Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d'après la parole du Seigneur : nous les vivants, restés pour l'avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts. 16 Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d'un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. 17 Ensuite, nous les vivants, qui seront restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur. »
Le mythe de l’immortalité de l’âme

On pourrait citer bien d'autres passages bibliques pour étayer l'idée que les morts « dorment » jusqu'à la résurrection. En résumé, voici ce que nous pouvons comprendre, tel que le condense très bien un dictionnaire biblique anglophone (The New Bible Dictionary, Wheaton, IL : Tyndale 1982, p. 346) :
« L'espérance chrétienne de la vie au-delà de la mort ne repose pas sur la croyance qu'une partie de l'homme survit à la mort. Tous les hommes, de par leur descendance d'Adam, sont naturellement mortels. L'immortalité est le don de Dieu qui sera atteint par la résurrection de la personne entière... La Bible prend donc la mort au sérieux, ce n'est pas une illusion. Elle est la conséquence du péché et du mal... Elle est vue comme un sommeil dont on se réveillera. »
Nous ne sommes donc pas immortels par nature, en raison d’une âme qui survivrait à la mort. Nous dépendons de la résurrection pour devenir immortels, comme l’affirme 1 Corinthiens 15.52-53 : « 52 En un instant, en un clin d'œil, à la dernière trompette. La trompette sonnera, et les morts ressusciteront incorruptibles, et nous, nous serons changés. 53 Car il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité. » En attendant, les morts n’existent plus. Ils reviendront à la vie lors de la seconde venue de Christ.
Une étonnante histoire : l’homme riche et Lazare (Luc 16.19-31)
Forts de ce constat, examinons maintenant le récit de l’homme riche et Lazare, que l’on trouve dans Luc 16.19-31 :
19 Il y avait un homme riche, qui était vêtu de pourpre et de fin lin, et qui chaque jour menait joyeuse et brillante vie. 20 Un pauvre, nommé Lazare, était couché à sa porte, couvert d'ulcères, 21 et désireux de se rassasier des miettes qui tombaient de la table du riche ; et même les chiens venaient encore lécher ses ulcères. 22 Le pauvre mourut, et il fut porté par les anges dans le sein d'Abraham. Le riche mourut aussi, et il fut enseveli. 23 Dans le séjour des morts, il leva les yeux ; et, tandis qu'il était en proie aux tourments, il vit de loin Abraham, et Lazare dans son sein.
24 Il s'écria : Père Abraham, aie pitié de moi, et envoie Lazare, pour qu'il trempe le bout de son doigt dans l'eau et me rafraîchisse la langue ; car je souffre cruellement dans cette flamme. 25 Abraham répondit : Mon enfant, souviens-toi que tu as reçu tes biens pendant ta vie, et que Lazare a eu les maux pendant la sienne ; maintenant il est ici consolé, et toi, tu souffres. 26 D'ailleurs, il y a entre nous et vous un grand abîme, afin que ceux qui voudraient passer d'ici vers vous, ou de là vers nous, ne puissent le faire.
27 Le riche dit : Je te prie donc, père Abraham, d'envoyer Lazare dans la maison de mon père ; car j'ai cinq frères. 28 C'est pour qu'il leur atteste ces choses, afin qu'ils ne viennent pas aussi dans ce lieu de tourments. 29 Abraham répondit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu'ils les écoutent. 30 Et il dit : Non, père Abraham, mais si quelqu'un des morts va vers eux, ils se repentiront. 31 Et Abraham lui dit : S'ils n'écoutent pas Moïse et les prophètes, ils ne se laisseront pas persuader quand même quelqu'un des morts ressusciterait.
Faut-il prendre l’histoire de l’homme riche et Lazare au pied de la lettre ?
Certains affirment que ce passage n'est pas une simple parabole, mais le récit historique d’une scène réelle qui se serait passée dans l’au-delà, que Jésus aurait connue grâce à son omniscience. Ils défendent une interprétation littérale de ce texte descriptif.
Cependant, cette position pose plusieurs difficultés :
Il n'est jamais fait mention ni du « paradis » ni de « l’enfer ».
Il n’est pas question non plus d’« âmes » ni de « Dieu » dans le texte, ces mots n’y apparaissant pas.
Si l'on lit le passage comme une description d’âmes allant dans le « sein d’Abraham » ou dans un lieu de tourments, le texte pose problème, car il parle plutôt de corps (yeux, doigt, langue).
Si l’âme est immatérielle, comment peut-elle avoir des yeux, un doigt, une langue ?
S'il existe un grand abîme entre le sein d'Abraham et le lieu de tourments, comment se fait-il qu'ils puissent se voir et se parler sans difficulté ?
Vivre éternellement à portée de voix des cris d'agonie des perdus serait une forme de torture, ce qui interroge l’image de la béatitude.
Une lecture littérale entre en contradiction avec Hébreux 11.39-40 : « 39 Tous ceux-là, à la foi desquels il a été rendu témoignage, n'ont pas obtenu ce qui leur était promis, 40 Dieu ayant en vue quelque chose de meilleur pour nous, afin qu'ils ne parvinssent pas sans nous à la perfection. » Cela signifie qu'Abraham n'a pas encore reçu sa récompense : il n’est donc pas encore dans un lieu de béatitude.
Si quelqu'un était réellement tourmenté par des flammes, demanderait-il seulement une goutte d'eau au bout d’un doigt (v.24) ? Le détail paraît disproportionné.
Si tous les justes rejoignent Abraham dans son sein après leur mort, qu'en est-il de ceux qui sont morts avant Abraham, comme Abel ou Noé ?
Enfin, l’expression « sein d’Abraham » évoque une légende populaire (un peu comme l’idée de Pierre gardien des portes du paradis), croyance absente de tout enseignement doctrinal biblique.
Une parabole, pas un reportage sur l’au-delà
Si l'on comprend l'histoire de l’homme riche et Lazare comme une parabole, et non comme un récit historique littéral, toutes ces difficultés disparaissent.
Edward Fudge, dans son livre Deux visions de l'enfer (Downers Grove, IL : InterVarsity Press, p. 41, 2000), écrit : « Rares sont les interprètes sérieux qui s'efforcent de prendre les détails de l'histoire au pied de la lettre. Ce faisant, il faudrait imaginer les sauvés et les damnés conversant après la mort, face à face et à très courte distance. Il faudrait aussi concevoir des langues bien réelles, brûlant d'un feu véritable, et une eau bien réelle qui ne les apaise pas. Sans parler de corps physiques que le feu peut torturer sans pour autant les consumer. »

En conclusion de cette première étude, le récit de l’homme riche et Lazare ne décrit pas ce qui se passerait dans l’au-delà pour les sauvés et les perdus. Il parle de tout autre chose, que j’exposerai dans la prochaine étude.
Vous serez peut-être étonné de l’énorme différence entre l’interprétation traditionnelle, et celle qui correspond réellement à l’objectif que visait Jésus en racontant cette parabole.
Je vous donne rendez-vous dans la prochaine étude pour le découvrir. Soyez richement bénis !
A bientôt…
Foire Aux Questions (FAQ)
L'histoire de l'homme riche et Lazare est-elle une parabole ou un récit historique ?
Selon l'analyse de l'article, l'histoire de l'homme riche et Lazare, rapportée dans Luc 16, est une parabole et non un récit historique littéral de l'au-delà. Jésus l'a racontée pour enseigner une vérité spirituelle, et non pour décrire l'état des morts.
Que dit la Bible sur l'état des morts ? Sont-ils conscients après la mort ?
La Bible enseigne que les morts sont inconscients et dorment jusqu'à la résurrection. Des passages comme Ecclésiaste 9.5-6 et Psaume 115.17 décrivent la mort comme un sommeil de la mort, où il n'y a ni pensée, ni louange.
La Bible parle-t-elle de l'immortalité de l'âme ?
Non, l'article explique que la Bible ne soutient pas la croyance en l'immortalité de l'âme par nature. L'immortalité est présentée comme un don de Dieu, obtenu par la résurrection des morts lors du retour de Christ, et non comme une caractéristique innée de l'homme.
Si l'homme riche et Lazare n'est pas littéral, comment interpréter les détails comme les yeux, la langue ou le "sein d'Abraham" ?
Ces détails sont des éléments figuratifs propres à une parabole. L'article souligne qu'une interprétation littérale poserait des contradictions avec d'autres enseignements bibliques sur l'état des morts et la nature de l'âme. Le "sein d'Abraham" est une expression symbolique, pas un lieu physique.
Quelle est la véritable espérance biblique concernant la mort ?
La véritable espérance biblique est la résurrection des morts lors de la seconde venue de Christ. Des textes comme Daniel 12.2 et Jean 5.28-29 affirment que tous ceux qui dorment dans la poussière se réveilleront pour la vie éternelle ou pour le jugement.





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