L'HOMME RICHE ET LAZARE – 2ème partie
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Une Seule Parabole en Cinq Histoires
En bref : Cette étude sur la parabole de l’homme riche et Lazare (Luc 16.19-31) montre pourquoi ce passage ne doit pas être lu isolément : il s’inscrit dans le contexte de Luc 15–16, où Jésus répond aux pharisiens et aux scribes au sujet du Royaume de Dieu. Comprendre le but des paraboles (Matthieu 13.10-15) permet d’éviter des contradictions et de saisir le message spirituel du récit.

Nous nous intéressons en ce moment au récit de l’homme riche et Lazare dans Luc 16.19-31. La question fondamentale est de savoir si Jésus a décrit une expérience littérale de l'au-delà ou s'il s'agit d'une parabole de l’homme riche et Lazare. S’il a parlé de quelque chose de réelle, nous nous retrouvons avec des contradictions incompatibles avec ce que les prophètes ont dit au sujet de la mort, de la résurrection et du jugement.
Les questions soulevées
Dans la première partie de cette étude, nous avons considéré certaines interrogations que soulèvent notre texte s’il est interprété d’une façon littérale :
Comment le mot « âme » peut-il ne pas apparaître s'il s'agit d’une explication concernant le sort de l’âme après la mort (Bible) ?
Quel est ce « gouffre » entre les deux personnages, et doit-il être pris dans un sens littéral ? (gouffre Luc 16)
Pourquoi l’expression « sein d'Abraham » n'apparaît-il qu'ici dans la Bible, mais se retrouve dans les documents des pharisiens de l’époque ?
Pourquoi l'homme riche en appelle-t-il à « son père Abraham », mais n’en appelle pas à Dieu ?
Une goutte d'eau physique soulagerait-elle vraiment la douleur de l'homme riche qui souffre dans la flamme ?
« L'âme désincarnée » de Lazare a-t-elle un doigt pour tremper dans l'eau et la faire couler sur la langue de l'homme riche ?
Pourquoi contredire l'Ancien Testament qui affirme que la mort physique met fin à toute existence de l’âme immatérielle ? (état des morts dans la Bible)
À ces sept interrogations, nous pouvons en ajouter deux autres :
Le fait d’être riche envoie-t-il un individu en enfer, et celui d’être pauvre au paradis ?
Est-ce que le Christ et le brigand sur la croix sont eux aussi allés dans le « sein d’Abraham » après leur mort ?
Par contre, s’il s’agit d’une parabole, toutes ces questions disparaissent et nous pouvons examiner le symbolisme qu’elle contient pour découvrir les vérités spirituelles que Jésus a enseignées. En tant que parabole, le récit présente ces vérités cachées sous forme d’images, et celles-ci ne doivent pas être interprétées littéralement. Ceux qui cherchent humblement à découvrir ces vérités sont richement récompensés, mais ceux qui ne le font pas et qui se contentent des confessions de foi des églises chrétiennes, passent totalement à côté de l'objectif de la parabole.
Le vrai but des paraboles
Beaucoup de croyants ne comprennent pas le but réel des paraboles, ils pensent que ce sont des histoires qui visent à rendre accessibles des vérités profondes. Mais contrairement à la croyance populaire, Jésus n'utilisait pas les paraboles pour rendre des vérités profondes plus simples. Il les utilisait plutôt pour cacher la vérité à ceux qui croyaient ne pas en avoir besoin, en accord avec Matthieu 13.10-15 : 10 Les disciples s'approchèrent, et lui dirent : Pourquoi leur parles-tu en paraboles ? 11 Jésus leur répondit : Parce qu'il vous a été donné de connaître les mystères du royaume des cieux, et que cela ne leur a pas été donné. 12 Car on donnera à celui qui a, et il sera dans l'abondance, mais à celui qui n'a pas on ôtera même ce qu'il a. 13 C'est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu'en voyant ils ne voient point, et qu'en entendant ils n'entendent ni ne comprennent. 14 Et pour eux s'accomplit cette prophétie d'Ésaïe : Vous entendrez de vos oreilles, et vous ne comprendrez point ; Vous regarderez de vos yeux, et vous ne verrez point. 15 Car le cœur de ce peuple est devenu insensible ; Ils ont endurci leurs oreilles, et ils ont fermé leurs yeux, De peur qu'ils ne voient de leurs yeux, qu'ils n'entendent de leurs oreilles, Qu'ils ne comprennent de leur cœur, Qu'ils ne se convertissent, et que je ne les guérisse.
Nous devons connaître et garder présent à l’esprit ce que la Loi et les Prophètes disent sur la mort, sur la résurrection, sur le jugement, ainsi que sur la vocation et l'histoire d'Israël. Tout cela entre en jeu dans la parabole de l’homme riche et Lazare. La révélation antérieure contenue dans tout l’Ancien Testament constitue le fondement de ce que Jésus a enseigné dans cette histoire. Comme il l’a dit dans Jean 10.35 : L’Écriture ne peut être anéantie. Jésus n'a ni contredit, ni annulé rien de ce qui est contenu dans toute la Loi et les Prophètes. C’est la raison pour laquelle une interprétation littérale de la parabole de l’homme riche et Lazare est impossible.
Le Contexte déclencheur
Une autre clé d’interprétation de cette parabole vient de la manière dont différents groupes de personnes réagissaient à Jésus pendant son ministère. Nous verrons cela au fur et à mesure que nous avancerons dans le récit. Maintenant, j’aimerai entrer dans le cœur de notre sujet pour la deuxième partie de notre étude, et qui fera toute la différence dans notre compréhension de la parabole. Je voudrais parler du contexte Luc 15 16.
Pour interpréter correctement le récit, une connaissance précise du contexte est capitale. L'histoire de l'homme riche et Lazare ne doit pas être lue isolément, mais comme la conclusion d'une réponse de Jésus qui commence au début du chapitre 15 de Luc. Alors que le récit de l’homme riche et Lazare se trouve à la fin du chapitre seize de Luc, le contexte lui commence dès le début du chapitre quinze où nous lisons aux v.1-2 : 1 Tous les publicains et les gens de mauvaise vie s'approchaient de Jésus pour l'entendre. 2 Et les pharisiens et les scribes murmuraient, disant : Cet homme accueille des gens de mauvaise vie, et mange avec eux.
Donc, une circonstance particulière s’est produite, laquelle a déclenché la réponse de Jésus, une réponse qui occupe deux chapitres et qui se termine par l'histoire du riche et de Lazare. Je vous prie de garder cela à l’esprit, c’est capital pour comprendre le sens exacte du récit.
Intéressons-nous au contexte immédiat dans lequel l'histoire apparaît. Nous voyons que deux groupes de personnes différentes sont impliquées. Les publicains et les gens de mauvaise vie constituent le premier groupe. Ils s'approchent de Jésus pour l'entendre enseigner. Le deuxième groupe, ce sont les pharisiens et les scribes qui se mettent à critiquer Jésus parce qu’il accueille et mange même avec le premier groupe. Ces pharisiens et ces scribes avaient une très haute opinion d’eux-mêmes, ils se croyaient plus justes et plus purs que tout le monde. Il leur était inadmissible de se mélanger au reste de la population qu’ils méprisaient. Donc, voir Jésus accueillir et manger avec des publicains et des gens de mauvaise vie, c’était inacceptable pour eux.

Une parabole unique en cinq histoires
Gardons donc cela en tête : Jésus fait face à deux groupe d’individus : d’une part les publicains et les gens de mauvaise vie, considérés à raison comme injustes ; et d’autre part les pharisiens et les scribes, considéré comme justes à leurs propres yeux. Quoi qu’il en soit, les deux groupes ont besoin d'un Sauveur !
C’est précisément ce contexte immédiat qui prépare la réponse de Jésus aux murmures des pharisiens et des scribes, car nous lisons en Luc 15.3 : Mais il leur dit cette parabole. Un fait intéressant que peu de gens remarquent, c’est que le mot parabole n’apparaît qu’une seule fois dans les chapitres 15 et 16 de Luc. Il n’y a donc pas cinq paraboles dans ces deux chapitres, mais une seule. Cependant, cette unique parabole se décline en cinq histoires différentes :
La première histoire se trouve dans Luc 15.4-7, où Jésus parle du Berger qui part à la recherche de la seule brebis perdue, laissant les quatre-vingt-dix-neuf autres dans le désert.
La seconde histoire se trouve dans Luc 15.8-10, où Jésus parle de la femme qui va à la recherche de la pièce perdue, et qui balaie toute sa maison jusqu’à ce qu’elle la trouve.
La troisième histoire se trouve dans Luc 15.11-32, où Jésus parle du fils prodigue qui revient humblement vers son père, et de son frère mécontent de ce que son père l’accueille si favorablement.
A ce stade, nous arrivons à la fin du quinzième chapitre de Luc, mais Jésus n’en a pas fini avec sa parabole. N’oublions pas que la Bible n’a pas été rédigée en chapitres et versets. Ces divisions ne figurent pas dans les manuscrits originaux, elles n’existent que depuis le 13ème siècle pour les chapitres, et le 16ème siècle pour les versets. Dans les manuscrits originaux, le texte s'enchaîne sans aucune annotation de verset ni de saut de chapitre. Celles-ci nous sont utiles pour localiser un texte précis, mais elles n'ont aucune autorité dans l'interprétation de la Parole de Dieu.
Tout ceci pour dire que la séparation des chapitres 15 et 16 de Luc est inappropriée car elle coupe inutilement la réponse de Jésus aux pharisiens et aux scribes. C’est ainsi qu’en continuant notre lecture, nous trouvons les deux dernières histoires dans le chapitre seize.
La quatrième histoire se trouve donc dans Luc 16.1-13, où Jésus parle de l’intendant infidèle qui doit rendre compte à son maître pour la mauvaise administration de ses biens. A la fin de cette quatrième histoire, nous avons une interruption de la parabole de Jésus par quelques-uns, car nous lisons dans Luc 16.14 : Les pharisiens, qui étaient avares, écoutaient aussi tout cela, et ils se moquaient de lui. Puis dans les v.15-18, Jésus répond à leurs moqueries, avant de reprendre le récit de sa parabole.
C’est ce qui nous amène à la cinquième histoire qui se trouve dans Luc 16.19-31, où Jésus parle de l’homme riche et Lazare, en mettant en scène un étrange dialogue que l’un des deux entretient avec Abraham. C’est cette cinquième histoire qui met fin à la parabole qui a commencé au chapitre quinze, puisque nous lisons dans Luc 17.1 : Jésus dit à ses disciples : Il est impossible qu'il n'arrive pas des scandales ; mais malheur à celui par qui ils arrivent ! Il est évident que c'est non seulement une pensée complètement différente, mais aussi que Jésus ne s’adresse plus aux deux groupes précédents, car il parle à présent à ses disciples.
Pour résumer ce que nous venons de dire : Jésus répond aux murmures des autorités religieuses qui lui en voulait de faire bon accueil aux pécheurs, et sa réponse consiste en une parabole qui se décline en cinq histoires différentes.
L’origine populaire de la cinquième histoire
Jésus a donc raconté une seule parabole en cinq parties afin d’enseigner des vérités spirituelles sur le Royaume de Dieu. Deux groupes nous sont présentés : d’un côté les publicains et les gens de mauvaises vies, et de l’autre les pharisiens et les scribes. S'adressant à ces derniers à travers cette parabole, Jésus leur dit qu'ils connaîtront un retournement de situation inattendu par rapport à leurs attentes, et il leur en donne la raison.
Il faut savoir que l'histoire de l’homme riche et Lazare est tirée d'un récit populaire bien connu en Egypte et traitant des changements de destinée dans l'au-delà. Les Juifs d'Alexandrie ont importé cette histoire en Palestine, où elle est devenue très populaire sous le nom de l’histoire d’un pauvre érudit et d’un riche collecteur d'impôts. C'était donc une histoire très similaire à d'autres histoires déjà répandues dans la culture de l'époque.
Cette parabole en cinq parties dans son ensemble, expose à la fois les différences morales et les différences dispensationnelles qui existent entre les publicains et les gens de mauvaise vie d'une part, et les pharisiens et les scribes d'autre part. C'est un enseignement incroyable qui a de nombreuses dimensions, mais il n'instruit pas sur l’état des morts dans l’au-delà. Le but principal de la parabole était d'avertir les pharisiens et les scribes de leur destinée future, en la comparant avec celle des publicains et des gens de mauvaise vie qu'ils méprisaient tant.
C’est pourquoi l'ensemble de la parabole est centré sur le Royaume. Qui sera admis à y entrer et qui ne le sera pas, et pourquoi ? Telles sont les questions auxquelles répond cette parabole.
Les différences morales et dispensationnelles
Nous pouvons diviser cette parabole en deux parties.
La première partie comprend les trois premières histoires : la brebis perdue, la pièce égarée et le fils prodigue. Elles mettent en lumière l'amour de Dieu pour les perdus qui savent qu'ils ont besoin de rédemption, à savoir : les publicains et les gens de mauvaise vie.
La deuxième partie comprend les deux dernières histoires : l’intendant infidèle et l’homme riche et Lazare. Elles condamnent les pharisiens et les scribes et parle du retournement de situation des deux groupes.
Les deux leçons majeures à tirer de cette parabole en cinq parties sont, comme je l’ai déjà dit, les différences morales et les différences dispensationnelles entre les deux groupes. Examinons chacune de ces différences pour conclure cette seconde partie de notre étude.
1) Les Différences Morales
Les pharisiens et les scribes se croyaient justes tandis qu'ils méprisaient les publicains et les gens de mauvaise vie, et pensaient qu’ils ne pouvaient pas être sauvés. Ils les excommuniaient du culte à la synagogue et les privaient d'une grande partie des relations sociales en Israël. De plus, les pharisiens et les scribes s’enrichissaient grâce à leurs privilèges religieux.
Mais les publicains et les gens de mauvaise vie étaient conscients de leur condition de pécheurs. Leur sentiment de culpabilité les rendaient également sensibles à Jésus et à ses enseignements. Les deux groupes étaient donc moralement opposées, car ces différences étaient évidentes aux yeux de Jésus.
2) Les Différences Dispensationnelles
Nous pourrions également les appeler des « différences prophétiques », car elles concernent l'entrée future dans le Royaume de Dieu. Les pharisiens et les scribes, qui se croyaient supérieurs aux autres et qui pensaient être honorés comme tels lorsqu'ils entreraient dans le Royaume, seraient en réalité interdits d’accès, tandis que les publicains et les gens de mauvaise vie seraient eux accueillis.
Les pharisiens et les scribes ne feront pas partie de la première résurrection (Cf. Apocalypse 20.6) et ils n’entreront pas dans le Royaume pendant le Millénium (Cf. Apocalypse 20.4), un privilège réservé aux publicains et aux gens de mauvaise vie qui se seront repentis, à l’exemple du malfaiteur auquel Jésus a promis dans Luc 23.43 : Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis.
Maintenant que le contexte est posé et que l’objectif de Jésus est identifié, nous sommes en mesure d’examiner brièvement chaque partie de la parabole afin de mieux comprendre son message. C’est ce qui nous permettra d’interpréter correctement l’histoire de l’homme riche et Lazare. C’est ce que nous ferons dans la troisième partie de notre étude.
Que le Seigneur vous bénisse ! A bientôt…
Foire Aux Questions (FAQ)
L’homme riche et Lazare (Luc 16.19-31) est-il une parabole ?
Votre étude défend qu’il s’agit d’une parabole, à interpréter selon le symbolisme et le contexte de Luc 15–16, plutôt que comme une description littérale de l’au-delà.
Pourquoi le “sein d’Abraham” apparaît-il dans Luc 16 ?
L’expression sein d’Abraham n’apparaît qu’ici dans la Bible, et sa compréhension doit être reliée au langage et aux références culturelles de l’époque, ainsi qu’au message sur le Royaume.
Quel est le but des paraboles selon Jésus ?
Selon Matthieu 13.10-15, Jésus utilise les paraboles non pour simplifier, mais pour révéler aux uns et cacher aux autres, selon l’attitude du cœur.

