L’homme riche et Lazare : Jésus parle-t-il vraiment de l’au-delà ? – 3ᵉ partie
- LibrAccess Academy

- 19 déc.
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Dans la seconde partie de notre étude, nous avons découvert que le contexte dans lequel s’insère le récit de l’homme riche et Lazare est en réalité une seule parabole se déclinant en cinq histoires différentes. Elles concernent deux groupes opposés d’individus : d’un côté les publicains et les gens de mauvaise vie, et de l’autre, les pharisiens et les scribes.
Le premier groupe se caractérise par son sentiment de culpabilité et sa peur du rejet de Dieu, alors que le second se caractérise par son sentiment de supériorité et sa conviction d’être accepté par Dieu en raison de ses efforts religieux. En se servant de ces cinq histoires, Jésus va s’adresser à chacun des groupes pour leur délivrer un message de Dieu sous forme d’images.
La connaissance de ce contexte nous permet de comprendre que l’histoire de l’homme riche et Lazare n’a pas pour but de décrire ce qui se passe dans l’au-delà pour les âmes désincarnées. Examinons donc le vrai message de ces cinq histoires.
Le berger et la brebis égarée
La première histoire se trouve dans Luc 15.4-7. Elle s'adresse aux pharisiens et aux scribes qui venaient de se moquer de Jésus parce qu'il accueillait des publicains et des gens de mauvaise vie, et qu’il mangeait même avec eux.
Par cette histoire, Jésus révèle le cœur de Dieu pour les perdus qui savent qu'ils ont besoin de son aide, contrairement aux religieux qui pensaient ne pas être perdus. La brebis perdue représente les publicains et les gens de mauvaise vie. Les quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de repentance représentent de façon ironique les pharisiens et les scribes qui pensaient qu'ils n'avaient pas besoin de se repentir parce qu'ils n'étaient pas comme les gens du peuple. Mais en réalité, ils étaient dans le désert spirituellement parlant !
Cette partie de la parabole montre le cœur du Berger qui se réjouit après avoir trouvé la brebis perdue qui a répondu à sa voix, qui savait qu'elle était perdue et qu’elle avait besoin d'être sauvée. La leçon qu’enseigne cette première histoire, c’est que Dieu cherche et trouve le pécheur qui s’est égaré.
La femme et la pièce de monnaie
La seconde histoire se trouve dans Luc 15.8-10. La femme qui cherche avec persévérance la pièce perdue démontre la fidélité et la ténacité du berger. Elle n’abandonne pas, mais cherche sa pièce jusqu’à ce qu’elle la trouve.
Cette seconde partie de la parabole s’adresse aux publicains et aux gens de mauvaise vie pour leur rappeler que Dieu ne les a pas rejetés, mais qu’il est à leur recherche pour les sauver. Il n’abandonnera pas facilement, mais il fera preuve de ténacité jusqu’à ce qu’il les trouve et les sauve. La leçon qu’enseigne cette deuxième histoire, c’est la fidélité et la diligence de Dieu pour sauver ceux qui sont perdus.
Le fils prodigue et son frère mécontent
La troisième histoire se trouve dans Luc 15.11-32, et elle s’adresse aux deux groupes d’individus. Les publicains et les gens de mauvaise vie sont représentés par le fils cadet qui s’en va vivre dans la débauche, tandis que les pharisiens et les scribes sont représentés par le frère aîné qui reste à la maison. Les premiers réalisent qu'ils ont besoin du salut, les seconds non.
Dans cette troisième histoire, le père qui accueille le fils prodigue à bras ouverts représente Dieu qui accueille avec compassion les pécheurs qui reviennent à lui le cœur contrit et repentant. Les publicains et les gens de mauvaise vie représentent les sauvés par grâce. Les pharisiens et les scribes représentent les perdus qui croient qu’une pratique religieuse suffit pour obtenir le salut.
La leçon qu’enseigne cette troisième histoire, c’est la différence morale entre les religieux imbus d’eux-mêmes et les humbles pécheurs conscients de leur besoin de grâce divine.
L’intendant infidèle
La quatrième histoire se trouve dans Luc 16.1-13, et s’adresse principalement aux pharisiens qui aimaient l’argent et étaient avares. Ils auraient dû instruire le peuple dans la connaissance de la loi de Moïse, mais au lieu de cela, ils mettaient leurs traditions à la première place. En agissant ainsi, ils démontraient qu’ils étaient des intendants infidèles de la vérité divine contenue dans la loi.
La leçon qu’enseigne cette quatrième histoire, c’est que les vraies richesses spirituelles ne sont pas confiées aux autorités religieuses, et qu’il faut les rechercher avec soin dans les Saintes Écritures. Et enfin, nous arrivons à la dernière partie de la parabole : l’homme riche et Lazare.
L’homme riche et Lazare : une histoire mal comprise
Cette cinquième histoire se trouve dans Luc 16.19-31. C'est l'histoire d'un homme riche qui a amassé des richesses et n'a eu aucune miséricorde pour les pauvres représentés par Lazare.
Cette histoire s’adresse aux deux groupes en leur livrant un message qui contredit ce qu’ils pensaient en raison de leur condition. Les publicains et les gens de mauvaise vie apprennent qu’ils sont acceptés par Dieu, alors que les pharisiens et les scribes découvrent que, contrairement à ce qu’ils croient, ils sont rejetés par Dieu.
Cette histoire n’a rien à voir avec l’au-delà. Jésus se sert d’une légende populaire véhiculée par les pharisiens, qui croyaient que la richesse était un signe de faveur divine, pour leur démontrer qu’ils se trompent. Car malgré leurs richesses et leurs privilèges religieux, ils se trouvent du mauvais côté et n’ont pas la faveur de Dieu.
Bienveillance ou abandon divin ?
Après avoir appris de tout l'Ancien Testament que les défunts ne continuent pas de vivre dans l’au-delà, et qu’ils ne sont conscients de rien car ils n’existent plus, nous persistons à croire que cette histoire est une description de ce qui se passe après la mort.
Cependant, l'intention de Jésus n’était pas de donner un guide topographique des lieux où se rendent ceux qui sont morts. Son but n’était pas de donner un aperçu de la vie après la mort.
Les experts bibliques reconnaissent qu'il existe au moins sept versions de cette histoire dans la littérature juive. L'une des plus célèbres met en scène un pauvre étudiant de la Loi et un riche publicain nommé Bar Ma'jan. Il existe bien sûr des différences entre ces récits et celui de Jésus, mais l'intrigue de base était un folklore bien connu.
Voici de quoi parle cette cinquième histoire. Lazare est un homme misérable, couvert d’ulcères. Il souffre d'une faim inapaisable, même face aux restes de nourriture dont l’homme riche se régale. Il est si affaibli qu'il ne peut même pas chasser les chiens qui viennent lécher ses ulcères. Souvenons-nous qu’autrefois, dans cette partie du monde, les chiens étaient des charognards et non des animaux domestiques.
Selon la conception courante de l'époque, Lazare était en réalité puni par Dieu pour ses péchés, et les pharisiens ne se gênaient pas pour véhiculer cette idée dans leurs enseignements. Ils affirmaient en effet que la richesse et la santé étaient un signe de la bienveillance divine, alors que la pauvreté et la maladie étaient synonymes d'abandon de la part de Dieu.
Cette croyance est complètement fausse, et n’est absolument pas soutenue par l’Ancien Testament. Mais elle était tellement répandue que les passants devaient se demander en voyant Lazare : « Qu'a-t-il bien pu faire pour mériter un tel châtiment ? »
Le sein d’Abraham : une légende, pas un dogme biblique

Il y a un détail de l’histoire sur lequel nous devons nous arrêter : le sein d’Abraham. Comme je l’ai souligné dans les deux premières parties de notre étude, à part les documents des pharisiens de l’époque, ce texte de Luc est le seul endroit où apparaît cette expression.
Pourquoi ne la trouvons-nous nulle part ailleurs dans la Bible ? La réponse est simple : le sein d’Abraham n’existe pas, ce n’est qu’une légende provenant de la tradition religieuse juive.
Pour faire court : les pharisiens croyaient qu'Abraham était monté directement au ciel au moment de sa mort, et qu’à son arrivée, il s'était assis à la droite de Dieu. Dès lors, pour accéder au ciel, toute âme devait obtenir l'approbation d'Abraham. Cela signifiait que seule la recommandation d'Abraham permettait à une âme d'entrer au paradis.
Lorsqu’un défunt, qui avait bien sûr obéi à la loi de Moïse, arrivait aux portes du paradis, Abraham venait à sa rencontre et le serrait fort contre lui. On disait alors que chaque nouvel arrivant était accueilli au sein d'Abraham, c’est-à-dire dans le paradis, le lieu de la récompense ultime pour les justes.
Mais je le répète, et ne l’oubliez pas : le sein d’Abraham n’existe pas, ce n’est qu’une légende provenant de la tradition religieuse juive.
Des destins inversés
La première chose à laquelle Jésus s’applique dans son utilisation de ce récit folklorique, c’est d’inverser le destin des deux hommes. Ce n’est pas l’homme riche qui se retrouve dans le sein d’Abraham, comme le voulait la tradition pharisienne, mais le pauvre Lazare.
Cela démontre qu’aux yeux de Dieu, l’homme riche est en réalité pauvre et que Lazare est en réalité riche. Lazare est honoré d'être dans le sein d'Abraham, la place d'honneur suprême des justes, alors qu’il occupait la position la plus basse dans la société en raison de sa condition de pauvre couvert d'ulcères.
Avant de poursuivre, il est important de comprendre que l'une des clés de la compréhension de l’histoire de l'homme riche et Lazare réside dans son lien avec l’histoire de l'intendant infidèle, située juste avant.
Entre ces deux histoires, qui débutent toutes deux par la mention d’un homme riche (cf. Luc 16.1, 19), nous lisons dans Luc 16.14-15 : « 14 Les pharisiens, qui étaient avares, écoutaient aussi tout cela, et ils se moquaient de lui. 15 Jésus leur dit : Vous, vous cherchez à paraître justes devant les hommes, mais Dieu connaît vos cœurs ; car ce qui est élevé parmi les hommes est une abomination devant Dieu. »

Le chapitre 16 tout entier de Luc traite donc de la question des richesses. L’histoire de l'intendant infidèle s'adresse davantage aux disciples pour leur rappeler qu’ils ne doivent pas rechercher les richesses du monde présent, mais celles du monde à venir. L’histoire de l'homme riche et Lazare s'adresse davantage aux pharisiens pour les avertir que leurs croyances sur la faveur divine sont erronées, et qu’ils seront privés du royaume de Dieu.
Pour conclure notre étude, nous pouvons dire que le cœur de la parabole en cinq histoires dans les chapitres 15 et 16 de l’évangile de Luc, c’est l’acceptation ou le rejet de Dieu de ceux qui veulent entrer dans son royaume.
N’auront accès au royaume que ceux qui accepteront avec humilité qu’ils ont besoin du salut par la grâce, un salut qui résulte de la fidélité et de la diligence de Dieu pour sauver ceux qui sont perdus. Par contre, ceux qui croient mériter l’accès au royaume et qui refusent de considérer leur besoin de salut par la grâce ; ceux-là se verront refuser l’entrée dans le royaume.
À ceci nous pouvons ajouter que le cœur de l’histoire de l'homme riche et Lazare, c’est le destin inversé de ceux qui se pensent indignes et de ceux qui sont persuadés d’être dignes du royaume.
À qui le royaume est-il accessible ?
Je pense que vous l’avez compris : Lazare représente ceux qui se pensent indignes, mais auxquels Dieu donne accès au royaume représenté par le sein d’Abraham. L’homme riche représente ceux qui, à l’exemple des pharisiens, sont persuadés d’être dignes d’accès au royaume car ils croient à tort bénéficier de la faveur divine.
Cette inversion de destin par rapport au royaume de Dieu est clairement exprimée par Jésus dans Matthieu 8.11-12 : « 11 Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l'orient et de l'occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux. 12 Mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. »
Même si nous pouvons retirer des leçons sur la gestion des richesses matérielles, ainsi que sur la grâce de Dieu dans l’administration du salut, ces cinq histoires concernent principalement l’accès au royaume de Dieu à la fin des temps lorsque Jésus reviendra établir son règne de mille ans.
Ne seront admis dans ce royaume que ceux qui remplissent les conditions de justice, d’humilité et de pureté. Par contre, ceux auxquels ce royaume est destiné à l’origine parce qu’ils sont la descendance d’Abraham, ceux que Jésus nomme les fils du royaume, ceux-là se verront interdire d’accès au royaume et seront en dehors, là où il y aura des pleurs et des grincements de dents.
En conclusion, l’histoire de l'homme riche et Lazare ne concerne ni l’enfer ni le paradis où se rendent les défunts. Elle affirme seulement l’inversion des destins par rapport au royaume de Dieu de la fin des temps.
Que le Seigneur vous bénisse et vous fortifie ! À bientôt…
Foire Aux Questions (FAQ)
L'histoire de l'homme riche et Lazare est-elle une parabole ?
Oui, l'homme riche et Lazare est une parabole. Elle fait partie d'un ensemble de cinq histoires dans Luc 15 et 16 qui s'adressent aux pharisiens, aux scribes, aux publicains et aux gens de mauvaise vie. Jésus utilise cette parabole pour enseigner sur l'accès au royaume de Dieu, et non pour décrire littéralement l'au-delà.
Jésus parle-t-il vraiment de l'enfer et du paradis dans cette parabole ?
Non. Jésus ne décrit pas l'enfer ni le paradis où se rendent les défunts. Il utilise une légende populaire de l'époque (le sein d'Abraham) pour inverser les destins et montrer que ceux qui se croient justes (les pharisiens) seront rejetés, tandis que ceux qui se reconnaissent pécheurs (les publicains) seront acceptés dans le royaume de Dieu.
Qu'est-ce que le « sein d'Abraham » ?
Le sein d'Abraham est une expression issue de la tradition religieuse juive, et non de l'Ancien Testament. Les pharisiens croyaient qu'Abraham accueillait les justes au paradis. Jésus utilise cette croyance populaire dans sa parabole pour enseigner une leçon spirituelle, mais cela ne signifie pas que le sein d'Abraham existe réellement.
Pourquoi Jésus inverse-t-il le destin de l'homme riche et de Lazare ?
Jésus inverse les destins pour montrer que la richesse matérielle n'est pas un signe de la faveur de Dieu, contrairement à ce que croyaient les pharisiens. Lazare, pauvre et méprisé, représente ceux qui sont acceptés par Dieu. L'homme riche, malgré ses privilèges, représente ceux qui seront exclus du royaume de Dieu à cause de leur orgueil et de leur refus de la grâce divine.
Quel est le vrai message de la parabole de l'homme riche et Lazare ?
Le vrai message concerne l'accès au royaume de Dieu à la fin des temps. Seuls ceux qui reconnaissent humblement leur besoin de salut par la grâce y entreront. Ceux qui se croient justes par leurs propres efforts religieux en seront exclus. Cette parabole ne parle pas de l'état des morts, mais du jugement final et de l'inversion des destins spirituels.





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