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POURQUOI JÉSUS EST-IL APPELÉ « LE PREMIER-NÉ » ?

Luc nous dit dans le second chapitre de son évangile (v.6-7) : Pendant qu'ils étaient là, le temps où Marie devait accoucher arriva, et elle enfanta son fils premier-né. Elle l'emmaillota, et le coucha dans une crèche, parce qu'il n'y avait pas de place pour eux dans l'hôtellerie. Il n’y a apparemment pas de problème dans ce qui est écrit ici : Marie donne naissance à Jésus, lequel est désigné comme étant l’aîné de la famille (Cf. Mt 13.46-49 ; Mt 13.55). Nous sommes tous d’accord pour dire que c’est ce que suppose le terme « premier-né », n’est-ce pas ?

Mais là où cela devient problématique, c’est lorsque le même terme est appliqué à Jésus dans d’autres textes, sans que cela n’ait quoi que ce soit à voir avec sa place au sein de sa fratrie. En effet, il y a au moins trois passages dans le Nouveau Testament où nous retrouvons l’expression « premier-né », et chaque fois elle ne fait aucunement référence à la famille humaine du Christ. Dans ces trois passages, Jésus est désigné de : 1) « premier-né de toute la création », 2) « premier-né d'entre les morts » et 3) « premier-né entre plusieurs frères ». Examinons-les afin de savoir ce que cela signifie.


1.le premier-né de toute la création


Dans le chapitre un de sa lettre aux Colossiens (v.15-16), Paul décrit Jésus d'une manière qui a inutilement troublé de nombreux chrétiens au cours des générations. Voici ce qu’il dit :

15 Il est l'image du Dieu invisible, le premier-né de toute la création.

16 Car en lui ont été créées toutes les choses qui sont dans les cieux et sur la terre, les visibles et les invisibles, trônes, dignités, dominations, autorités. Tout a été créé par lui et pour lui.


La cause d'inquiétude réside dans le fait que Jésus est appelé le premier-né. De nombreux opposants au christianisme historique qui, je vous le rappelle, affirme la Trinité et soutient que Jésus est Dieu, ont prétendu que le terme « premier-né » suggère que Jésus ait eu un commencement. Selon eux, bien avant que Jésus ne naisse de Marie, Dieu avait créé une entité divine qui, plus tard, est apparue sous la forme de Jésus de Nazareth.


Cette entité, affirment-ils, était la première création de Dieu, et fut à son tour l'agent de création de tout ce qui existe. Mais étant donné que cette entité a eu un commencement, elle ne peut pas être éternelle. Donc, par définition, cela signifie qu'elle ne peut pas être Dieu. Même si cette compréhension du terme « premier-né » semble logique, elle présente néanmoins de sérieux défauts qu’il faut mettre en lumière.


Premièrement, cette interprétation selon laquelle Jésus est un être créé, est incompatible avec les autres déclarations de Paul qui affirment que Jésus était véritablement Dieu, donc non créé (« incréé » en langage théologique). Étonnamment, dans sa lettre aux Philippiens (2.6–11 Sg 21) l’apôtre nous informe que :

6 Lui qui est de condition divine, il n'a pas regardé son égalité avec Dieu comme un butin à préserver,

7 mais il s'est dépouillé lui-même en prenant une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains. Reconnu comme un simple homme,

8 il s'est humilié lui-même en faisant preuve d'obéissance jusqu'à la mort, même la mort sur la croix.

9 C'est aussi pourquoi Dieu l'a élevé à la plus haute place et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom

10 afin qu'au nom de Jésus chacun plie le genou dans le ciel, sur la terre et sous la terre

11 et que toute langue reconnaisse que Jésus-Christ est le Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.


Nous apprenons ici que Jésus ne s’est pas accroché à son égalité avec Dieu, tel un butin qu’il fallait préserver et garder à tout prix. Non ! Au contraire, il a volontairement renoncé à sa condition divine pour prendre une condition de serviteur, en devenant semblable aux êtres humains (v.7). Il est bien sûr question de l’incarnation du Fils de Dieu : il quitte le monde invisible pour venir dans le monde visible.


Ce mouvement de Jésus, empreint d’une humilité qui nous dépasse, indique qu’il est de toute éternité Dieu, mais que dans le but de sauver les pécheurs de la perdition éternelle, il est devenu homme et a ainsi fait son entrée dans l’histoire de l’humanité. S’il y a eu un commencement, c’est dans son humanité qu’elle se situe, mais certainement pas dans sa divinité…


Deuxièmement, cette perspective de la création du Fils ignore également d'autres passages du Nouveau Testament où Jésus est décrit comme étant préexistant (qu’il a existé avant de naître). Dans Jn 1.1–3, l’apôtre Jean décrit Jésus comme l'agent de la création d'une manière similaire au passage de Colossiens que nous avons déjà cité :

1 Au commencement était la Parole, et la Parole était avec Dieu, et la Parole était Dieu.

2 Elle était au commencement avec Dieu.

3 Toutes choses ont été faites par elle, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans elle.


Ce texte parle du Fils. Il est désigné comme étant la Parole créatrice (v.3). Notons qu’en tant que Parole, il était Dieu (v.1) et existait dans l’éternité. Puis, un jour, il est devenu homme car le v.14 déclare : Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité. Le Fils existait bien avant sa naissance à Bethleem, il est donc préexistant. Sa naissance ne fut qu’un passage entre l’éternité et l’éphémère.


Troisièmement, un autre défaut tout aussi sérieux provient de la manière dont les Juifs comprenaient le terme « premier-né » à la lumière de l'Ancien Testament. Dans le Ps 89.28, Dieu dit au sujet de David : Et moi, je ferai de lui le premier-né, Le plus élevé des rois de la terre. Nous savons bien que David n'était pas l’ainé au sein de sa famille, que d’autres frères sont nés avant lui (Cf. 1 S 16.4-13). En réalité, le terme « premier-né » fait référence à un statut ou à un rang spécial, et non à un ordre chronologique.


Étant donné que Jésus faisait partie de la lignée de David, ce qui était une condition préalable à la royauté dans le contexte messianique, il est logique de l'appeler le « premier-né », et ceci en référence au Psaume 89. Ce statut exalté est la raison pour laquelle Dieu a choisi le Fils pour être l'agent de la création. Aucun des autres fils de Dieu, c’est-à-dire aucun des êtres spirituels de haut rang, ne pouvait créer. Ils pouvaient seulement observer pendant que le Fils se mettait à l’œuvre et créait toutes choses. C’est ce dont témoigne Job 38.7 : Alors que les étoiles du matin éclataient en chants d'allégresse, Et que tous les fils de Dieu poussaient des cris de joie…


L'expression « le premier-né de toute la création » dans Col 1.15-16 ne concerne pas la temporalité, mais le statut et la position de Jésus. Elle ne signifie pas que Jésus est le premier être créé, mais qu’il est supérieur et plus élevé que quiconque. Il n'est pas une créature, mais le Créateur éternel. Tout comme Dieu a créé le monde par le Christ, c’est aussi par lui qu’il a racheté le monde.



Notons également que Jésus est appelé le « premier-né », et non le « premier-créé ». Le mot grec indique la priorité et non l’antériorité. Comme je l’ai déjà souligné, le terme « premier-né » ne désigne pas automatiquement l’aîné d’une famille, il ne fait pas référence à l'ordre de naissance, mais au rang, à l’importance au sein de la famille. D’ailleurs, c’est au « premier-né » que revenait le droit d’ainesse, une part plus importante de l'héritage et la direction du clan familial.


La phrase de Paul dans Col 1.15-16 exprime donc la souveraineté et l’autorité du Christ sur la création. Nous savons qu’après avoir ressuscité Jésus d'entre les morts, Dieu lui a donné toute autorité dans le ciel et sur la Terre (Mt 28.18 Bible Darby). Jésus a non seulement sauvé le monde après l’avoir créé, mais il le gouverne aussi. Cela signifie également que Jésus est le premier-né de la nouvelle création, c’est-à-dire de l’ensemble des rachetés qui ont été unis à lui pour hériter des nouveaux cieux et de la nouvelle terre (Cf. 2 P 3.13).


2.le premier-né d’entre les morts


Paul dit dans Col 1.18 : Il est le commencement, le premier-né d'entre les morts, afin d'être en tout le premier. Avez-vous remarqué l’expression « le premier-né d'entre les morts » ? Cela signifie-t-il que Jésus est le premier individu à être ressuscité des morts ? Bien sûr que non, il y en a eu d’autres avant lui, il suffit de penser à Lazare par exemple. Mais alors, qu’est-ce que ça veut dire ? Tout simplement qu’il est d’un rang supérieur dans son statut de ressuscité. C’est ce qu’affirme Paul dans 1 Co 15.22-23 :

22 Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ,

23 mais chacun en son rang. Christ comme prémices, puis ceux qui appartiennent à Christ, lors de son avènement.


Jésus est le premier à être ressuscité avec un corps glorifié, et par notre union avec lui, nous aussi nous recevrons notre corps glorifié à la résurrection. Il en est de même de ceux qui nous ont précédé dans la mort et sont déjà en présence de Jésus dans la gloire. Ils n’ont pas encore reçu leur corps de résurrection, celui-ci leur sera donné lors de l’avènement, c’est-à-dire de la seconde venue de Jésus. En tant que « premier-né d'entre les morts », Jésus est l'initiateur de la nouvelle ère que Dieu apporte par la victoire de Christ sur le péché et la mort.


La résurrection de Jésus d'entre les morts ouvre la voie à tous ceux qui lui font confiance, pour le suivre dans une résurrection semblable à la sienne lors de son retour. C’est important car cela montre que notre espoir ultime n'est pas seulement que nos âmes aillent au ciel, mais que nos corps physiques soient élevés à un nouveau mode d’existence dans la gloire. Nous pourrions dire qu’en tant que « premier-né d'entre les morts », Jésus est le prototype ou le modèle de notre future résurrection. C’est ainsi que nous devons comprendre les passages suivants :


1 Jn 3.2 : Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté ; mais nous savons que, lorsque cela sera manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel qu'il est.


1 Co 15.42 : Ainsi en est-il de la résurrection des morts. Le corps est semé corruptible ; il ressuscite incorruptible.


1 Co 15.49 : Et de même que nous avons porté l'image du terrestre, nous porterons aussi l'image du céleste.


1 Co 15.53 : Car il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité.


Mais je crois que le texte le plus parlant sur ce sujet est sans aucun doute ce que Paul déclare dans Ph 3.20-21 :

20 Mais notre cité à nous est dans les cieux, d'où nous attendons aussi comme Sauveur le Seigneur Jésus Christ,

21 qui transformera le corps de notre humiliation, en le rendant semblable au corps de sa gloire, par le pouvoir qu'il a de s'assujettir toutes choses.


Notons que l’apôtre parle ici de notre corps physique et non de notre âme. Quand Jésus reviendra chercher son Eglise, notre corps sera rendu semblable au corps de sa gloire. Alléluia ! C’est pourquoi veillons à vivre une vie sanctifiée, afin d’être trouvés debout lorsqu’il reviendra, et spirituellement prêts pour aller à sa rencontre dans notre corps glorifié.


3.le premier-né entre plusieurs frères


Nous en arrivons à notre troisième texte, celui de Ro 8.29 : Car ceux qu'il a connus d'avance, il les a aussi prédestinés à être semblables à l'image de son Fils, afin que son Fils fût le premier-né entre plusieurs frères. Il est évident que ce verset ne parle pas des frères naturels de Jésus, comme l’était Jacques (Cf. Ga 1.19), mais de ses frères spirituels, c’est-à-dire de ceux qu’il a rachetés par son sang et qui partagent avec lui le même Père, comme Christ l’indique dans Jn 20.17 : …Va trouver mes frères, et dis-leur que je monte vers mon Père et votre Père, vers mon Dieu et votre Dieu.


Nous devons nous souvenir que lorsque Paul a parlé de la résurrection, il a précisé que Christ est ressuscité « comme prémices » (Cf. 1 Co 15.22-23). Le mot « prémices » fait référence aux premiers produits de la moisson que les Israélites devaient offrir à Dieu. Cela signifie que Jésus, par sa résurrection, constitue le premier fruit du peuple de la nouvelle alliance, et que tous ceux qui viennent après lui en le reconnaissant comme Seigneur, sont quant à eux l’ensemble de la moisson.


Mes amis, êtes-vous conscients que vous êtes les frères (et les sœurs) de Jésus si vous lui obéissez dans la foi ? N’a-t-il pas dit dans Mt 12.50 : Car, quiconque fait la volonté de mon Père qui est dans les cieux, celui-là est mon frère, et ma sœur, et ma mère ? Savez-vous que vous êtes de la même famille que Jésus, car He 2.12 lui attribue ces parole : J'annoncerai ton nom à mes frères, Je te célébrerai au milieu de l'assemblée. C’est donc en toute logique que le v.11 déclare : C'est pourquoi il n'a pas honte de les appeler frères.


Vous rendez-vous compte que Jésus n’a pas honte de nous appeler frères ? Nous sommes les frères de Jésus, que son Nom soit béni ! Dans mes temps de dévotion personnelle, j’aime lui parler ainsi : « Jésus, tu es mon Seigneur, mon Maître, mon Frère, mon Ami, et je t’adore ! » Il est mon Frère parce qu’il est mon Seigneur, et que par lui j’ai été adopté dans la famille du Père céleste. Il est mon Ami parce qu’il est mon Maître, et qu’il m’a introduit dans sa divine communion.


Christ est le Fils et l’image de Dieu (Cf. Col 1.13 ; 15). Et parce que Dieu est son Père, nous pouvons nous aussi appeler Dieu « Père » car nous devenons frères et sœurs de Jésus par adoption (Cf. Ro 8.15). Notre filiation – notre lien de parenté avec Dieu – suit la filiation de Christ. Ethan, l’auteur du Ps 89, a écrit ceci à propos du Christ (v.27-28) :

27 Lui, il m'invoquera : Tu es mon père, Mon Dieu et le rocher de mon salut !

28 Et moi, je ferai de lui le premier-né, Le plus élevé des rois de la terre.


C'est ce que Dieu a fait de Christ : « le premier-né ». Il est celui qui détient la pleine souveraineté sur la création et la nouvelle création. Il est aussi celui qui nous a précédé dans la résurrection et qui nous donnera notre corps glorifié lors de sa seconde venue. Mais ce n’est pas tout, il est également celui qui nous a introduit dans la famille de Dieu en faisant de nous ses frères et ses sœurs ! S’il est le premier-né et que nous sommes ses frères et sœurs d’adoption, le Père céleste ne va-t-il pas prendre soin de nous ? Ne trouvez-vous pas que nous sommes en sécurité entre les mains de notre sauveur ?


A bientôt…

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